1872

Janvier

Intervention de M. dans les débats du C.G. sur le Conseil fédéral anglais et le Congrès de Bruxelles des sections belges dont les décisions fédéralistes sont en contradiction avec les résolutions de la Conférence de Londres. Informé par Wroblevski, M. parle des progrès de l’A.I.T. en Pologne (2 janv.)

M. informe le C.G. des résultats de l’examen, par le sous-comité, des Statuts du Conseil fédéral anglais, dont il réclame diverses modifications. II déclare que l’appartenance à l’Universal Republican League est incompatible avec la qualité de membre du C.G. M rend compte des Statuts de la nouvelle section polonaise. (9 janv.)

Dans un article écrit pour le Volksstaat (« Le Congrès de Sonvilier et l’Internationale »), E. répond point par point à la circulaire du 12 novembre 1871 de la Fédération Jurassienne, critiquant particulièrement l’idée selon laquelle l’Internationale devrait préfigurer l’idéal de la société future, « l’image fidèle de nos principes de liberté et de fédéralisnxe , » hostile à l’autorité et à la dictature. E. rappelle qu’au Congrès de Bâle, c’est sur l’initiative des délégués belges, fortement appuyés par Bakounine, qu’ont été prises les décisions qui confèrent an C.G. une. autorité accrue. Il insiste sur le fait que ce n’est pas le C.G. qui a cherché à imposer son programme particulier ou une doctrine socialiste quelconque, mais que ce sont ses adversaires qui « tendent depuis près de trois ans à imposer à l’Association leur doctrine sectaire comme pro-gramme général ». « Faire du C.G. un bureau de statistique et de correspondance », c’est faire perdre à l’A.I.T. le terrain qu’elle a conquis. (Publié le 10 janvier.)

Dans une lettre à C. Terzaghi (bakouniniste, rédacteur du journal Il proletario Italiano), E. commente la circulaire des Jurassiens et s’explique sur l’« autorité » du C.G. « J’aimerais bien savoir comment nous aurions pu, sans cette autorité (comme ils l’appellent), demander des comptes à Tolain, à Durand et à Netchaïev (...) Bien sûr, personne ne conteste aux sections leur autonomie, mais aucune fédération ne serait possible sans que certains pouvoirs soient concédés aux conseils fédéraux ex, en dernière instance, au Conseil Général. (...) Il me semble que l’on fait un grand abus des phrases sur l’ " autorité " et la centralisation. Je ne connais pas d’affaire plus autoritaire qu’une révolution, et lorsqu’on impose aux autres sa volonté moyennant des bombes et des balles, comme dans toute révolution, on exerce, me semble-t-il, son autorité. C’est le manque « de centralisation et d’autorité qui a coûté la vie à la Commune de Paris. Faites, après la victoire, ce que vous voulez de l’autorité, etc., mais pour la lutte, nous devons rassembler toutes nos forces en un
seul faisceau et les concentrer sur le même point d’attaque. Et si l’on
vient ma parler de l’autorité et de la centralisation comme de deux
closes condamnables dans toutes les circonstances, il me semble que
ceux qui tiennent ce langage ignorent ce qu’est une révolution ou qu’ils ne sont révolutionnaires qu’en paroles. » (14 janv.)

Sur proposition de M., le C.G. décide de reconnaître le Conseil fédéral anglais à condition d’accepter les modifications apportées aux Statuts. M. informe le C.G. que la nouvelle section polonaise introduira dans ses Statuts les modifications proposées par le C.G. (16 janv.)

M. adresse une lettre au journal Eastern Post invitant Bradlaugl à prouver son affirmation, publiée dans le National Reformer, que « le docteur M. a fourni, autrefois, des informations à son gouvernement ». (16 janv. ; paru le 20 janv.)
E. informe Liebknecht de la situation de l’A.I.T. en Belgique, en Italie et en Pologne. Il ironise sur le rapprochement entre les « Français ultrafédéralistes » avec les « Allemands (lassalliens) ultra-centristes » et signale la nouvelle scission dans la section française de Londres. (18 janv.) Il envoie des informations à Lafargue (Madrid). « Pour les ouvriers, l’Internationale est une grande conquête qu’ils n’entendent nullement lâcher ; pour ces doctrinaires intrigants, elle n’est qu’un champ de petites querelles personnelles et de secte. » (19 janv. )

Jenny Marx informe Kugelmann des affaires des réfugiés, des intrigues menées, dans les sections belges, contre le C.G. et des attaques calomnieuses de Bradlaugh contre M. (22 janv.)

M. parle au C.G. du Congrès régional, tenu à Chemnitz, du Parti social-démocrate qui a approuvé les décisions de la Conférence de Londres. (23 janv.)
Dans une lettre à Th. Cuno (Milan) E. expose ses vues sur l’activité et le rôle des bakouninistes dans les diverses branches de l’A.I.T. et fait la critique des thèses anarchistes sur le rapport du capital et de l’Etat, la lutte politique et la « liquidation sociale o, l’autorité et l’autonomie, les décisions du Congrès de Bâle, etc. (24 janv.)

Nouvelle lettre de M. à Eastern Post, en réplique à l’exhortation formulée par Bradlaugh à se présenter devant un « tribunal d’honneur ». u Croit-il qu’il suffise qu’un Bradlangh ou les rédacteurs de la presse parisienne du demi-monde ou de la presse de Bismarck à Berlin ou de la Tages Presse de Vienne ou la Criminal-Zeitung de New-York ou de la Moscow Gazette me calomnient pour que je me défende et même que j’apparaisse devant un " tribunal d’honneur " dont les membres seront aussi les amis de ces " honorables " Messieurs ? » (27 janv. ; paru la 28 janv.)

Le Volksstaat publie une déclaration énergique du secrétaire de l’Association culturelle des travailleurs allemands de Londres, ripostant à une correspondance publiée (le 7 janv.) par le Neuer Sozial-Demokrat, organe lassallien paraissant à Berlin, dans laquelle M. était accusé d’avoir détourné des sommes collectées par l’Association pour les tailleurs de Pest en grève. (27 janv.)

Février

Répliquant à Bradlaugh, Hales écrit dans Eastern Post : « Il n’y a pas, dans notre Conseil, des subordonnés officiels commandés par le docteur Marx. II est secrétaire pour l’Allemagne et i1 ne lui viendrait pas plus à l’esprit de se mêler des affaires anglaises qu’à moi de m’occuper des affaires allemandes. La seule position qu’il occupe au Conseil est égale à celle des autres membres et il serait le premier à s’indigner, si on supposait qu’il occupe un rang supérieur. » (3 févr.)

M. informe le C.G. que Albert Richard et Gaspard Blanc, anciens membres (bakouniinistes) de l’A.I.T., se sont démasqués comme agents bonapartistes. (6 févr. )

Dans une lettre ouverte à Luigi Stefanoni, directeur du Libero Pensiero (Florence), E. dément des allusions calomnieuses sur le rôle de M. dans la Ligue des Communistes et au procès de Cologne de 1851. (7 févr. ; paru le 22 févr.)

W.H. Riley, journalistes anglais, invite M. et E. à collaborer à l’International Herald, qui sera, à partir du hr mars, organe du Conseil fédéral anglais de l’A.I.T. (9 févr.)

M. informe le C.G. que les autorités suisses ont ordonné une perquisition chez Outine. Il parle de l’activité de la section berlinoise et propose plusieurs résolutions tendant à éclaircir l’attitude du Conseil fédéral belge. Vu le différend qui oppose Hales à Eccarius et Mottershead, M. recommande la nomination d’un Comité spécial pour arbitrer tous les litiges personnels. (13 févr., Werke 17, p. 790 et CHR., p. 324).

E. incite Liebknecht à rompre avec L. Stefanoni en raison des attaques de ce journal contre le C.G. et contre M.« Derrière Stefanoni se trouve Balcounine (qui lui a fourni tous ces matériaux) et il s’est servi de toi simplement comme un instrument (...). » (15 févr.)

Le C.G. aprouve une déclaration, préparée par M. et E., dans laquelle ils accusent le gouvernement russe d’avoir obligé les autorités suisses à ordonner une perquisition chez N. Outine. « Le C.G. pense qu’il suffit de clouer au pilori, devant les travailleurs de tous les pays, les plans du gouvernement russe et 1e concours que lui prêtent ses vassaux en Europe occidentale. » (20 févr.)

D’une lettre de M. à Laura : « Neuer Sozial-Demokrat (... ) n’est plus à présent qu’un journal policier, le journal de Bismarck pour les lassalliens, de même qu’il a son journal féodal, son journal libéral et ses journaux de toutes les couleurs. » (28 févr.)

M., E. et Jung préparent le compte rendu financier du Comité des réfugiés, en vue de sa réorganisation. (29 févr.)

Mars

M. soumet au C.G. la « Circulaire privée », rédigée par lui et E., sur les luttes intestines dans l’A.I.T. (Les Prétendues scissions dans l’Internationale) ; l’impression en est décidée à l’unanimité. Il donne lecture de son rapport sur la scission intervenue dans la Fédération américaine.

La circulaire, divisée en sis paragraphes, traite les thèmes suivants :
- La Crise de l’A.I.T. après la chute de la Commune ;
- l’organisation, par le C.G., des secours pour les communards réfugiés ;
- la Conférence de Londres et l’effet de la résolution sur la politique de la classe ouvrière :
- mise hors la loi de l’A.I.T. par les gouvernements réactionnaires ;
- l’Alliance de la démocratie socialiste et ses intrigues contre le C.G. et l’A.I.T. ; Bakounine et le Congrès de la Paix et de la Liberté ;
- la communication confidentielle du 22 déc. 1858 et la circulaire du 9 mars 1869 ;
- Bakounine et Netchaïev ; campagne de l’Alliance contre le C.G. ;
- le Congrès de la Fédération romande à La Chaux-de-Fonds (4 avril 1870) et la sécession des partisans de l’Alliance ;
- arbitrage du C.G. (28 juin 1870) ; campagne du C.G. contre le militarisme prussien ;
- l’Alliance se déclare dissoute (6 août 1870) ;
- Bakounine et l’insurrection de Lyon (4 sept. 1870) ;
- fondation de la Section de propagande et d’action révolutionnaire et socialiste (6 sept. 1871) qui poursuit par son organe, la Révolution Sociale, l’oeuvre de l’Alliance dissoute, en accusant le C.G. d’« autoritarisme » ;
- arbitrage du C.G. tendant à empêcher la formation, au sein de l’A.LT., de groupements sectaires ;
- la « Section française de Londres 1871 » ;
- le Congrès des sections jurassiennes à Sonviliers et la « Circulaire des Seize » (12 nov. 1871) ; les résolutions de la Conférence de 1871 sur l’action politique et l’activité sectaire ;
- les fonctions du C.G., organe exécutif de l’A.I.T. :
- l’affaire de Albert Richard et de Gaspar Blanc, alliancistes devenue agents bonapartistes.

La « circulaire n se termine par ces phrases : « L’anarchie, voilà le grand cheval de bataille de leur maître Bakounine, qui des systèmes socialistes n’a pris que les étiquettes. Tous les socialistes entendent par Anarchie ceci : le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteinte, le pouvoir de l’Etat qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît, et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives.

L’Alliance prend la chose à rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie. La police internationale ne demande pas davantage pour éterniser la République de Thiers en la couvrant d’un manteau impérial. »

M. informe Sorge de son intervention au C.G. sur la scission internationale dans la Fédération américaine ; il critique certaines maladresses du Conseil fédéral qui donne l’impression aux membres français du C.G. « que la section 1 veut s’arroger une dictature sur les autres sections. » (8 mars.)

Dans une lettre à Laura Lafargue, E. fait l’éloge des articles c< scientifiques n publiés par Paul L. dans l’Émancipation de Madrid. (11 mars.) Dans une lettre ouverte à la Liberté, organe de la section belge, M. exprime son étonnement de ce que Gustave Lefrançais, dans son Etude sur le mouvement communaliste à Paris, en ..., prenne à son compte telle information mensongère, blessante pour M., répandue (en mars 1871) par Paris-journal. (12 mars ; paru le 17 mars.)

Le C.G. adopte les résolutions rédigées par M. sur les querelles dans la Fédération américaine : les conseils fédéraux sont invités à s’unir et la section 12 est suspendue jusqu’au prochain Congrès ; le C.G. recommande qu’à l’avenir aucune nouvelle section américaine ne soit admise qui ne se compose d’au moins deux tiers de travailleurs salariés. M. donne lecture d’une lettre de Nouvelle-Zélande qui annonce la création d’une section à Canterbury. Il est désigné pour parler dans une manifestation prévue pour le 18 mars en l’honneur de la Commune. (,12 mars.)

Il rédige les résolutions qui seront adoptées unanimement à cette manifestation (« L’Assemblée considère le mouvement glorieux du 18 mars comme l’aurore de la grande révolution sociale qui affranchira pour toujours les hommes du régime des classes... »). (13-18 mars).

M. envoie à 5orge les résolutions du C.G. et l’informe de l’attitude hostile prise par Eccarius à l’égard du Conseil fédéral de New-York. (15 mars.)

M. transmet au C.G. des informations reçues de Breslau sur les persécutions policières contre les membres de l’A.I.T. dans cette ville. (19 mars.)

E. communique au C.G. le rapport du Conseil fédéral espagnol sur son activité depuis 1870. (26 mars.)

Avril

M. informe le C.G. des résultats du procès de Leipzig contre Liebknecht, Bebel et Hepner, accusés de haute trahison. Il participe à la discussion du rapport de MacDonnel sur les sections irlandaises et critique l’attitude de Hales vis-à-vis des persécutions auxquelles ces sections sont exposées. (2 avril.)

E. adresse, au nom du C.G., une lettre de félicitation aux délégués du Congrès de la Fédération espagnole. (« Pour détruire l’Internationale, il faudrait détruire le terrain qui l’a produite spontanément, c’est-a-dire la société moderne »). (3 avril.)

En l’absence de M., malade, le C.G. adopte la déclaration rédigée par Mac Donne], Milner et Marx contre la Terreur policière en Irlande. (9 avril.)
Le C.G. adopte une déclaration, rédigée par M., visant les attaques, aux Communes, des députés Cochrane et Fawcett contre l’A.I.T. et la Commune. M. souligne que, contrairement à ce que prétend Cochrane, le ; tendances politiques de l’A.I.T. ont été dès le début proclamées par l’Adresse Inaugurale et les Statuts. (16 avril.)

iVI. informe le C.G. du refus du Conseil fédéral dissident de New York (Princes-Street Council) d’appliquer les décisions du C.G. et accuse Eccarius de soutenir ce Conseil. E. parle de l’arrestation illégale du socialiste allemand Théodor Cuno par la police milanaise. (23 avril ; CHR., p. 227, Werke 78, p. 783.)

Mai

Charles Rochat, secrétaire correspondant pour la Hollande, envoie (de Bruxelles) à M. un rapport sur l’A.I.T. en Belgique et juge sévèrement le Conseil fédéral belge. (le1 mai ; Prolet. Partei, p. 179.)

Jenny M. à Kugelmann : « Mr. Gladstone livre à M. Thiers la correspondance du C.G. avec le continent. La dernière semaine par exemple, Outine nous a écrit de Genève qu’une lettre de papa sur les affaires de l’Internationale a été, visiblement, ouverte... » (3 mai.)

Malade, M. n’assiste pas au C.G. E. rend compte des résultats du Congrès de Saragosse de la Fédération espagnole, qui s’est terminé « par la défaite complète de cette fraction, petite mais active, qui, sous 1a direction de Bakounine, n’a pas cessé pendant ces dernières années, de provoquer la discorde dans les rangs de notre Association. o (7 mai ; Werke 18, p. 681.)

A la section de l’A.I.T. à Manchester, Eugène Dupont donne lecture d’un rapport sur la nationalisation de la terre dont les grandes lignes lui avaient été fournies par M. Conclusion : « La centralisation nationale des moyens de production deviendra la base naturelle d’une société formée par des associations de producteurs libres et égaux, agissant consciemment selon un plan commun et rationnel. Tel est le but vers lequel tend le grand mouvement économique du xtxe siècle. » (8 mai ; publié le 15 juin.)

E. informe Theodor Cuno (Dusseldorf ) des affaires espagnoles et lui fait le portrait de J. Ph. Becker, tout en critiquant l’attitude de la direction du parti ouvrier allemand envers l’A.I.T. (7-8 mai.)

Heurt violent au C.G., entre M. et Eccarius, à qui M. reproche de saboter les décisions du C.G. concernant la querelle des fractions en Amérique. (M. tenait alors sans doute les lettres détaillées que Sorge lui avait fait parvenir les 9 avril et 2 mai.) (11 mai.)

Au C.G., E. critique, lors d’un débat sur les rapports entre l’Angleterre et l’Irlande, les conceptions chauvines de Hales et d’autres membres du C.G. et du Conseil fédéral britannique. « Dans un cas comme celui des Irlandais, le vrai internationalisme doit nécessairement être fondé sur une organisation nationale indépendane ; les Irlandais tout comme d’autres nationalités opprimées ne peuvent entrer dans l’Association qu’en ayant les mêmes droits que les représentants de la nation conquérante et en protestant contre la conquête. » (4 mai ; Werke 18, p. 80.)

Le C.G. adopte une déclaration de M. contre le Conseil fédéraliste universel de l’A.LT. et des sociétés républicaines socialistes adhérentes, récemment fondé, qui se fait passer pour le C.G. régulier. Dans la même séance, M. parle de la situation en Amérique. (21 mai.)

En réponse à un article calomnieux de L. Stefanoni (Marx-VogtHerzen, dans Libero Pensiero, 18 avril 1872), M. adresse une lettre ouverte au Gazzetino Rosa où il commente ses conflits avec Vogt et Herzen. (28 mai ; publié le 28 mai.)

Dans une lettre au Volksstaat, M. réfute l’allégation de l’éditorialiste (Lujo Brentano) de l’organe patronal Concordia, accusant M. d’avoir falsifié, dans l’Adresse inaugurale, une citation de Gladstone concernant la paupérisation du prolétariat anglais. (23 mai ; publié le ler juin.)

D’une lettre de M. à Sorge : « Entre nous : Eccarius est tombé bien bas, depuis un certain temps, et il n’est plus maintenant qu’un gredin - et même une canaille. » (23 mai.)

E. fait à Liebknecht le récit de la rupture entre M. et Eccarius. A propos du projet de Hins tendant à la suppression du C.G. : « Personnellement, cela me conviendrait parfaitement ; M. et moi, nous n’y retournerons pas ; l’état de choses actuel ne nous laisse point de temps pour travailler, et cela doit cesser.« n » (27 mai.)

M. envoie à Sorge la « circulaire privée » et l’informe de la démission d’Eccarius et de la désignation de Le Moussu « pour toute l’Amérique ». « Une enquête est en cours concernant Hales et Eccarius à propos de l’affaire américaine. » (27 mai.)

Sur proposition de M., le C.G. décide de reconnaître l’ancien Conseil fédéral provisoire dirigé par Sorge (U.S.), en dépit de l’opposition d’Eccarius et de Hales. (28 mai.)

M. demande à Danielson (traducteur du Capital en russe) de le renseigner sur les relations Bakounine-Netcbaïev. Il exprime son intention de se retirer du C.G. pour se consacrer à l’achèvement du Capital. (28 mai.)

M. à De Paepe : « (..) il ne paraît pas que l’Internationale ait fait beaucoup de chemin en Belgique depuis les événements de la Commune. (...) J’attends avec impatience le prochain Congrès. Ce sera le terme de mon esclavage. Après cela, je redeviendrai homme libre ; je n’accepterai plus de fonction administrative, soit pour le C.G., soit pour le Conseil fédéral anglais. » (28 mai.)

Au C.G., M. critique la décision du Conseil fédéral belge, qui contrairement aux résolutions de la Conférence de Londres, se prononce contre l’action politique de la classe ouvrière. (4 juin ; CHR., p. 329.)

E. à Cuno : « Le véritable auteur du projet de statuts belge c’est encore, naturellement Bakounine. Le projet est de Hins, et celui-ci est par affinité d’âme et par sa femme russe un instrument de Bakounine. o (10 juin.)

Sur proposition de M., le C.G. décide de fixer le lieu du prochain Congrès de l’A.I.T. en Hollande. M. insiste sur la nécessité d’y discuter les questions de l’organisation de l’Internationale et des pouvoirs du C.G. Il. déclare qu’il serait prêt à accepter l’abolition du C.G. en faveur des seuls conseils fédéraux, car ce serait là « une alternative aussi bien qu’une expérience. Bien qu’il soit certain que cela ne ferait que démontrer l’absolue nécessité du rétablissement du C.G. ; si la politique i (c renforcement des pouvoirs du C.G. était rejetée, M. s’y conformerait, mais il n’accepterait jamais la proposition de Bakounine de conserver le C.G, et d’en faire un fantôme. p (11 juin ; WerkQ 18, p. 681 sq.)

En réponse à une lettre de E. (29 févr. - 9 mars 1872, non conservée), Carlo Cafiero (Milan) prononce une profession de foi anarchiste en rejetant la résolution politique de la Conférence de Londres qu’il rapproche du programme politique du Manifeste Communiste.« Votre programme communiste est, à mes yeux, dans sa partie positive, une grande absurdité réactionnaire. J’ai en horreur l’Etat autant que I’Eglise, comme institutions inventées pour le privilège, créées par ceux qui veulent s’assurer la jouissance exclusive du capital. » Prenant la défense de Bakounine et des dissidents du Jura, Cafiero déclare qu’« ils n’ont jamais eu l’intention de substituer leurs idées au programme de l’Internationale. (...) La Conférence de Londres a vraiment introduit des doctrines spéciales, en imposant une tactique uniforme à toute l’Internationale, celle qui est exposée dans le Manifeste communiste allemand. » Quant aux attaques de M. contres les anarchistes, elles tendent à « transformer tout socialisme révolutionnaire d’Europe en une pépinière de traîtres. » Rejetant les idées d’E. sur l’ « Etat fort » dont l’Italie aurait besoin, il déclare qu’elles sont en train d’être réalisées en Italie par les gouvernements qui semblent s’inspirer du « programme communiste allemand ». (12 juin.) Quelques jours plus tard, après avoir lu les Prétendues scissions..., Cafiero déclare, dans un post-scriptum (19 juin), qu’il se range aux côtés des Belges, des Espagnols et des Jurassiens pour réclamer l’abolition du C.G.

En réponse aux Prétendues scissions..., des membres de la Fédération Jurassienne (Teulière, Malon, Bakounine, Claris, Guillaume) publient une brochure (« Réponse de quelques internationaux, membres de la Fédération jurassienne, à la Circulaire privée du Conseil général de Londres ») attaquant violemment le C.G. et tout particulièrement Lafargue et M. ; ils accusent ce dernier d’agir « dans l’intérêt de ses rancunes personnelles » et de recourir aux « inventions ridicules, falsifications de principes et de faits, insinuations odieuses, mensonges cyniques, calomnies infâmes » ; ils dénoncent la « dynastie des Marxistes », la « conspiration marxiste » et la « loi marxiste ».

(Réponse datée des 10, 12 et 13 juin ; FR. I1, p. 297 et suiv.)

Au C.G., M. et E. critiquent le Conseil fédéral anglais et Hales. Sur leur proposition, il est décidé de confier la préparation du prochain Congrès au Comité permanent, et d’adopter comme principal point de l’ordre du jour de ce congrès la révision des statuts et règlements administratifs. (18 juin ; Werke 18, pp. 93-91.)

M. écrit à 5orge qu’il s’agit, au prochain Congrès « de la vie on de la mort de l’Internationale. Il faut venir, vous et au moins un ou (feux autres. » Parlant du projet belge, qui réclame la suppression du C.G. : « Son auteur est Hins, un ambitieux impuissant [en français], qui, avec son épouse russe, se tient aux ordres de Balcounine. » (21 juin.)

M. et E. rédigent une préface pour une nouvelle édition du Manifeste communiste (imprimée à Leipzig). Faisant allusion au programme des étatisations exposé dans le Manifeste, ils déclarent que l’expérience bis-torique et parti cnlièrement 1a Commune de Paris rendent ces revendications partiellement caduques, surtout en ce qui concerne la conquête du pouvoir : elle ne saurait être une prise de possession pure et simple de la machine d’Etat bourgeoise. (24 juin.)

Intervenant au C.G., dans la discussion sur la révision des Statuts, M. appuie la proposition de Frankel qui fait obligation au C.G. de veiller au respect des principes de l’A.I.T. M. se prononce en faveur du droit, pour le G.G., de suspendre en cas de nécessité des sections jusqu’au Congrès suivant. (25 juin.)

Le Volksstaat commence la publication d’une série d’articles d’E. sur la Question du Logement. L’auteur y oppose les idées économiques de M. (et du « socialisme allemand ») à celles de Proudhon. (Du 26 juin 1872 au 22 févr. 1873.)

Jenny M. à Kugelmann : c (M.) est convaincu qu’aussi longtemps il restera au C.G., il ne pourra écrire le deuxième livre du Capital (...) C’est pourquoi il s’est décidé à abondonner son poste de secrétaire après le prochain Congrès. Mais, jusque là, il devra encore travailler terriblement dans le conseil et en dehors, pour se préparer au grand combat qui se livrera au prochain congrès en Hollande. » (27 juin.)

Juillet

Au C.G., M. et E. parviennent à faire adopter, en vue du Congrès, le projet élargissant le droit de suspension du C.G. (2 juil.)

Le Volksstaat publie la résolution, signée par M., secrétaire pour l’Allemagne, sur la convocation et l’ordre du jour du Congrès de La Haye. (3 juil.)
Au Comité exécutif, M. et E. sont chargés d’élaborer un projet de résolution portant exclusion de l’Alliance de la démocratie socialiste au Congrès de La Haye. (5 juil. ; CHR., p. 330.)

E. à Cuno : « Bakounine et Cie feront tout leur possible pour nous battre au Congrès, et comme ces Messieurs ne reculent devant aucun moyen, nous devons prendre nos précautions. Ils enverront les délégués de cent sociétés différentes, qui n’appartiennent nullement à l’Internationale, et ils essayeront de procurer à ces gens des sièges et des voix comme délégués et de mettre le C.G. en minorité à l’aide d’une coalition des éléments les plus variés. » (5 juil.)

E. écrit pour le Volkstaat un article intitulé « l’Internationale en Amérique » ; il y fait l’historique de la scission et des décisions prises par le C.G. pour empêcher ia main-mise d’éléments douteux sur le Conseil fédéral des Etats-Unis. (9 juil. ; publié, le 17 juil.)

Au C.G., intervention de M. dans la discussion sur la révision des Statuts. (16 juil. ; CHR., p. 331.)

Au sous-comité, M. est chargé, de présenter le rapport du C.G. au Congrès de La Haye. E. est chargé de rédiger le rapport financier. (19 juil.)

Au C.G., M. et E. appuient la proposition de Vaillant tendant à introduire dans le texte des Statuts la résolution de la Conférence de Londres sur la nécessité de l’organisation des partis ouvriers autonomes. Sur proposition de M., le C.G. adopte une résolution qui complète l’article 9 des Statuts, en vue d’empêcher la pénétration d’éléments bourgeois dans l’Internationale : chaque section devra se composer d’au moins deux tiers d’ouvriers salariés. (23 juil.)

Le comité exécutif approuve une lettre au conseil fédéral espagnol, rédigée par E., demandant à fournir au C.G., des renseignements sur l’activité de l’Alliance secrète de Bakounine en Espagne. (24 juil.)

M. rédige un appel aux mineurs de la Rubr en grève les exhortant à ni, pas céder au chantage des propriétaires qui menacent d’importer du charbon d’Angleterre. (21 juif. ; Volksstaat, 27 juil.)

Au Comité exécutif, M. parle des Statuts de la section française de Ferré (Paris) et de la section allemande en Suisse. (27 juil.)

M. à Kugelmann : « Au Congrès international (...), il y va de la vie ou de la mort de l’Internationale, et avant de la quitter, je voudrais au moins la préserver des éléments dissolvants. L’Allemagne doit donc avoir autant de représentants que possible. Puisque tu t’es décidé à venir, je te prie d’écrire à Hepner de ma part, pour qu’il te procure ur_ mandat de délégué. » (29 juil.)

Au C.G., M. critique Hales, qui avait fait passer, au premier Congrès de la fédération anglaise, une résolution autorisant le Conseil fédéral anglais à communiquer directement avec d’autres conseils fédéraux, sans en informer le C.G. (30 juil.)

Août

Au Comité exécutif, M. parle de la situation de l’Internationale en Hollande, Italie et Amérique ; E. parle de la lutte contre les bakouninistes en Belgique, en Espagne, en Suisse et au Portugal. (4 août ; Werke 18, p. 788.)

E. soumet au C.G. le projet d’un appel aux membres de l’Internationale rédigé au nom du Comité exécutif. Le teste est adopté à une majorité de 4 voix, contre une forte opposition conduite par Hales. Il dénonce l’activité de l’Alliance bakouniniste transformée en société secrète (cc Les mêmes hommes qui accusent le C.G. d’autoritarisme, sans avoir jamais été en mesure de révéler ne fût-ce qu’un seul acte auto-ritaire de sa part, qui parlent à toute occasion de l’autorité des sections, de la libre fédération des groupes, qui reprochent au C.G. de vouloir imposer à l’Internationale sa doctrine officielle et orthodoxe et transformer notre Association en une organisation hiérarchiquement constituée - ces mêmes hommes se constituent en fait en une société secrète ayant une organisation hiérarchique, ils piétinent toute trace d’autonomie des sections et des fédérations, ils tendent à imposer à l’Internationale, au moyen de cette organisation secrète, des doctrines personnelles et orthodoxes de M. Bakounine. » (6 août ; Werke 18, p. 116 sq.)

Le Comité exécutif adopte le projet d’un appel, rédigé par M. et E., aux sections espagnoles de l’A.I.T. contre le travail de sape de l’Alliance secrète en Espagne. L’appel contient la lettre d’E. adoptée le 24 juillet. (8 août.)

Vive controverse au C.G. entre Hales d’une part, et Engels, Mars et Mottershead d’autre part. (13 août ; CHR., p. 332.)

M. demande à Danielson de lui procurer la lettre de menace que Bakounine a écrite (« ou fait écrire ») à son éditeur au sujet de l’avance qu’il avait reçue contre l’engagement de traduire le Capital en russe. (15 août.)

M. et E. informent Sorge, venu pour assister au Congrès, de la situation au C.G. et dans les organisations de l’A.I.T. dans les divers pays. (20 août.)
E. adresse aux sections italiennes une circulaire qualifiant d’arbitraire et d’usurpation la résolution prise à la Conférence anarchiste (Sur l’initiative de Gafiero et de Bakounine) à Rimini (4-6 août) de rompre au nom de l’A.I.T. toute solidarité avec le C.G. et de convoquer un congrès anti-autoritaire à Neuchâtel (23 août.)

Au C.G., Hales est sommé de remettre à M. les documents de l’A.I.T. (23 août.)
Au C.G., M. critique les trade unions et souligne qu’elles doivent agir comme centres d’offensive dans la lutte du travail contre le capital. (27 août.)

Au comité exécutif, M. fait adopter une motion interdisant aux membres du C.G. de s’attaquer mutuellement au Congrès. (28 août.)

M. est désigné comme un des six délégués du C.G. au Congrès de La Haye. Il rédige le rapport du C.G. destiné au Congrès et le fait adopter à l’unanimité des membres. M. reçoit un rapport rédigé par N. Outine sur le procès Netchaïev ; en outre, il reçoit de Lioubavine la lettre de menace adressée à l’éditeur du Capital probablement écrite par Netchaïev (mais sans que la complicité de Bakounine soit prouvée, aux yeux de Lioubavine). Sur la base de ces documents, E. rédige un rapport sur l’Alliance de la D.S. destiné an Congrès. (fin août.)

Septembre

E. et M (accompagné de sa femme et de sa fille Eleanor) arrivent à La Haye pour participer au 5e Congrès de l’A.I.T. Lors d’une « assemblée préparatoire », M. fait adopter une proposition tendant à réserver la première séance, non ouverte au public, à l’élection du comité de vérification des pouvoirs. (l1T sept.)
A la séance du matin, M. est élu (41 voix sur 58 exprimées et 3 abstentions) au comité de vérification des pouvoirs composé de 7 membres. A la séance du soir, M. s’explique sur la tâche du comité. (2 sept. ; FR. TI, p. 328 sq. )

Lors du débat sur la vérification des mandats, M. s’oppose à l’admission de Sauva, délégué des sections américaines 29 et 42 ; Sauva est admis par 30 voix contre 20. Au cours de la discussion sur le mandat de Lafargue contesté par la Fédération espagnole, M. demande l’expulsion de l’Alliance de l’A.I.T. et réclame la constitution d’une commission chargée d’examiner l’affaire de l’Alliance. Intervenant en faveur de la validation du mandat de Maltmann Barry, contesté par Hales et Sauva, M. déclare qu’ « il est tout à l’honneur de Barry de ne pas être un des prétendus chefs des travailleurs anglais, car tons sont plus ou moins vendus à la bourgeoisie et au gouvernement ». Dans la poursuite du débat, M. reprend ses attaques contre l’Alliance et déclare ne pas s’opposer aux sociétés secrètes en tant que telles, lui-même ayant appartenu à des sociétés de ce genre, « il en a après les sociétés secrètes qui sont hostiles et nuisibles à l’A.I.T. » (3 sept. ; FR., 11, p. 334 sq.)

M. s’oppose à l’admission de William West, délégué de la section 12 de New York, qui refuse de reconnaître le caractère prolétarien de l’A.I.T. Le mandat de West est invalidé par 49 voix et 9 abstentions. (1 sept.)

M. donne lecture du rapport du C.G. (en allemand). « Le rapport décrit notamment les persécutions dont l’A.I.T. est partout victime, en Autriche, en France, en Espagne, on Allemagne, au Danemark et ailleurs, comment dans tous les pays, l’existence (le l’A.I.T. est considérée comme incompatible avec les institutions actuelles de la société et, par conséquent, regardée comme relevant de la haute trahison, comment cette nouvelle conception de la justice s’est répandue depuis Vienne sur tout le continent, comment l’A.I.T., qui représente le travail, n’en est devenue que plus forte et vient encore de gagner du terrain, spécialement en Irlande, au Danemark, en Hollande, au Portugal, en Australie, en Nouvelle-Zélande, ci à Buenos-Aires. Les immenses progrès accomplis par le mouvement prolétaire sont clairement démontrés par le fait qu’il a fallu de longues années avant que les travailleurs des différents pays eussent compris la lutte de Juin (1848), tandis qu’à présent, ils ont immédiatement acclamé la Commune, dans tous les pays. » (FR. II, pp. 349-350). Le rapport est adopté à l’unanimité, les délégués espagnols persévérant dans l’abstention. (5 sept.)

Au cours du débat sur les pouvoirs du C.G., M. déclare ; « Nous ne demandons pas ces pouvoirs pour nous, mais pour le nouveau C.G. ; nous préférons abolir le C.G., plutôt que de le voir réduire au rôle de boîte à lettres (...) Même si nous reconnaissons et accordons au G.G. les droits d’un roi nègre ou du Tsar de Russie, sa puissance devient nulle dès qu’il cesse de représenter la majorité de l’A.I.T. Le Conseil général n’a ni armée, ni budget, il ne dispose que d’une autorité morale, et il sera toujours impuissant s’il ne s’appuie sur l’adhésion de toute l’Association. » (6 sept., FR. II, pp. 35I-355.)

L’article 6 autorisant le C.G. à suspendre des branches, etc., jusqu’au Congrès suivant est adopté par 36 voix contre 6 et 15 abstentions.

E. explique les raisons pour lesquelles lui, M. et neuf autres membres du C.G. proposent de transférer le siège du C.G. pour l’année 1872-1873 à New York. Après un long débat, une faible majorité se prononce pour cette proposition (26 voix contre 23). Parlant devant la Commission d’enquête sur l’Alliance, M. s’efforce de prouver (à l’aide de documents russes) que cette organisation n’a pas cessé son activité contrairement à la déclaration des responsables. Lors de la reprise du débat sur l’action politique de la classe ouvrière, Vaillant se prononce en faveur de l’introduction des résolutions respectives dans les statuts (u entre les paragraphes 7 et 8 »). II déclare que « la lutte économique et la lutte politique doivent être unies et, par la dictature du prolétariat, réaliser, dans la Révolution, l’abolition des classes (... ) Déjà, dans l’Adresse espagnole, l’action politique de la classe ouvrière a été préconisée ; et le C.G. n’a jamais manqué à ce devoir ». J. Guillaume se
déclare partisan « d’une certaine politique, de la révolution sociale, de la destruction de la politique bourgeoise et de l’Etat » ; quant aux manifestes du C.G., ils c représentent les points de vue particuliers du parti social-démocrate allemand, mais non pas ceux d’autres pays. » Guillaume cite le programme politique du Manifeste communiste qui réapparaît dans les résolutions proposées. Ceux qui veulent la conquête du pouvoir politique, la mainmise sur l’Etat, veulent « devenir des bourgeois à leur tour. Nous refusons la prise du pouvoir politique de l’Etat, mais nous exigeons, au contraire, la destruction totale de l’Etat en tant qu’expression du pouvoir politique p. Longuet : « Par la lutte économique, les travailleurs doivent s’organiser en un parti politique, sinon il ne restera plus rien de l’Internationale, et Guillaume, dont le maître est Bakounine, ne peut appartenir à l’A.I.T., s’il a de telles conceptions. » (6 sept.)

A la séance suivante, M. attaque Sauva qui se prononce contre la proposition de choisir huit membres du Conseil fédéral d’Amérique pour le C.G. M. regrette que Dereure se prête au jeu de Sauva. M. et E. sont nommés à la commission Î5 membres) chargée de la rédaction des procès verbaux du Congrès et d’assurer le transfert des documents au nouveau C.G. A la séance fermée, lecture est donnée du rapport de la Commis-sion d’enquête sur l’Alliance. II y est déclaré que « l’Alliance, secrète, constituée selon des statuts absolument opposés à ceux de l’A.I.T., a existé, mais que les preuves de son existence actuelle sont insuffisantes » ; que Bakounine a commis une escroquerie et que « ses agents ont usé de menaces ». La Commission propose l’expulsion de Bakounine, Guillaume, Schwitzguébel, Malon et Bousquet. A une question de R. Splingard, membre de la Commission d’enquête, concernant la provenance des documents russes fournis par M. pour inculper Bakounine, M. déclare qu’il ne peut révéler le nom de l’expéditeur. « Les documents n’ont pas été obtenus par des moyens malhonnêtes, ils ont été envoyés spontanément. » Guillaume est d’accord avec Splingard et ne voit dans toute l’affaire qu’un procès politique visant à réduire au silence la minorité, « c’est-à-dire, en fait, la majorité ». Le Congrès décide l’expulsion de Bakounine et de Guillaume et refuse celle de Schwitzguébel. (7 sept.)

A un meeting ouvrier, organisé par la section d’Amsterdam, M. prononce un discours où il souligne les résultats du Congrès : Nécessité de combattre la vieille société sur le plan politique et social (« Le travailleur devra un jour saisir le pouvoir politique pour édifier la nouvelle organisation du travail ») ; mais les méthodes de lutte varient selon les institutions et les traditions des pays (« il y a des pays qui, tels l’Amérique, l’Angleterre et (...) peut-être la Hollande, où les travailleurs pourront atteindre leur but par des moyens pacifiques ; si cela est vrai, nous devons aussi reconnaître que dans la plupart des pays du continent c’est la violence qui sera le levier de notre révolution ; c’est à la violence qu’il faudra un jour faire appel pour établir le règne du
travail ».) M. insiste sur l’utilité des pouvoirs accrus concédés au C.G. Seuls les ennemis de l’A.I.T. peuvent s’en scandaliser. Le G.G. ne dispose ni d’une bureaucratie ni d’une police armée pour imposer la loi. Son autorité est purement morale, et il soumet ses décisions au jugement des fédérations chargées de leur exécution. « Dans de telles conditions, sans armée, sans police, sans tribunaux, les rois ne formeront que de faibles obstacles au progrès de la révolution, le jour où ils seront forcés de maintenir leur puissance à l’aide de la seule influence morale et de la seule autorité morale. o M. parle ensuite des persécutions de l’Internationale aux U.S.A. et rappelle le principe fondamental de l’A.I.T., la solidarité : « C’est seulement si nous maintenons ce principe vivifiant sur une base solide parmi tous les travailleurs de tous les pays, que nous atteindrons le grand but que nous nous sommes proposés. » En terminant, M. s’engage à poursuivre la lutte pour renforcer cette solidarité internationale. « Non, je ne me retire pas de l’Internationale, et ainsi que tous mes efforts dans le passé, tous le reste de ma vie sera consacré au triomphe des idées sociales qui entraîneront - soyez-en persuadés - le règne universel du prolétariat. » (8 sept. ; publié dans la Liberté, 15 sept. et incomplètement dans Volksstaat, 2 oct.)

Dans une lettre au rédacteur du Corsaire, M. dément les déclarations qui lui sont prêtées par 1e Soir et le Figaro, et annonce son intention de rester dans l’Internationale. (12 sept. ; publié le 15 sept.)

M. dément l’information du Daily IVews selon laquelle lui et E. auraient l’intention de s’installer à New York. « (...), je suis fermement décidé à ne pas rester membre du C.G. ou de quelque organe administratif, car mes travaux scientifiques ne me le permettent plus. » (17 sept., publié le 18 sept.)
E. à Sorge : « Hales a fait ici grand scandale au Conseil fédéral, en proposant un vote de blâme à M. pour avoir dit que les chefs ouvriers anglais étaient vendus, mais une section anglaise et une section irlandaise ont (... ) donné raison à M. » (21 sept.)

Giuseppe Luciani (Rome) écrit à M. sur les perspectives du mouvement en Italie. (27 sept.)

Un groupe de « blanquistes » ayant participé au Congrès de La Haye publie une brochure, rédigée par Ed. Vaillant, dans laquelle il accuse le C.G. d’avoir trahi sa vocation révolutionnaire. « En désertant le lieu du combat, l’Association Internationale s’est évanouie, détruisant sa puissance aux yeux de ceux qui voyaient en elle une des forces vives de la Révolution. » (Internationale et Révolution, Londres, sept. 1872.)

Octobre

E. à Sorge : « Ici, Hales a ouvert contre M. et moi une gigantesque campagne de calomnie, mais qui se retourne déjà contre lui-même (...) Le prétexte en était une remarque de M. sur la corruption des chefs des ouvriers anglais ». (5 oct.)

E. adresse au nouveau C.G. un rapport sur l’A.I.T. en Espagne, Por¬tugal et Italie. (31 oct.)

Novembre

N. Outine envoie à M. divers documents relatifs à l’activité de Ba¬kounine en Russie. Parmi ces documents figurent : la vie de B. eu Sibérie et sa fuite ; son mémoire apologétique adressé au tsar Alexandre 1°r ; son manifeste panslaviste de février 1862. Il renseigne M. sur les rapports entre Bakounine et Natchaïev ; ce dernier n’aurait été qu’un instrument du premier. (ler nov.)
E. à Serge : c M. me prie de te dire que les procès-verbaux (du C.G.) sont encore pour le moment absolument nécessaires ici. Vu les mensonges propagés par Hales, Moitershead et Eccarius, ainsi que sur le con¬tinent par les Jurassiens, etc., nous pouvons nous trouver chaque jour devant la nécessité de répondre par des extraits de ces procès-verbaux. » (2 nov. )

E. écrit pour La Plebe un article sur la manifestation des membres irlandais de l’A.I.T. à Hyde Park, en faveur des fenians incarcérés. » (14 nov. ; publié le 17 nov.)

E. envoie des informations et des directives à Serge. Sur la brochure blanquiste Internationale et Révolution : « Tu t’amuseras en lisant la petite brochure où Vaillant proclame toutes nos thèses économiques et politiques comme découvertes blanquistes. » (16 nov. )

M. à Danielson : « Par suite de l’extradition de N(etchaïev) et des
intrigues de son maître (Bakounine), j’ai eu des appréhensions pour
votre sécurité et celle de quelques autres amis. Les gredins sont capables de toutes les vilenies. » (25 nov.)

Décembre

M. reçoit un rapport détaillé sur 1a position des sections hollandaises à l’égard des résolutions de La Haye (5 déc. ; CHR., p. 339.)

E. informe Serge de la situation de l’A.I.T. en Angleterre, Hollande, Espagne et France. « Nous n’avons pas encore les procès-verbaux au complet. Il serait donc fort bon que vous envoyiez à M. un plein pouvoir pour recouvrer tous les papiers relatifs à l’Internationale... » (7 déc. )

E. envoie à La Plebe un article sur l’A.I.T. en Espagne (11 déc. ; publié le 14 déc.)

M. informe Danielson des résultats du Congrès de La Haye et des indiscrétions commises par 5plingard et les bakouninistes devant la Commission d’enquête sur l’Alliance. « Par suite de l’expulsion de B. et de Guillaume, l’Alliance (...) a lancé contre nous une guerre de calomnie, et en s’associant à tous ces éléments pourris, elle cherche à provoquer une scission en deux camps. Mais sa défaite finale est certaine ; elle ne fait que nous aider à nettoyer l’Association des éléments impurs ou imbéciles qui s’y sont infiltrés. » (12 déc.)
E. envoie à Sorge l’International Hernld (devenu un organe indépendant du Conseil fédéral anglais) contenant les résolutions du Congrès de La Haye (14 déc.)

M. rencontre de,, membres du Conseil fédéral britannique et rédige, à leur demande, une circulaire qui dénonce la complicité des « sécessionnistes » anglais, ayant à leur tête John Hales, avec les membres de l’Alliance. (20 déc. ; publié comme tract le 23 déc.) M. et E. adressent une lettre à l’International Herald pour riposter contre les affirmations calomnieuses publiées par John Hales dans le Bulletin jurassien. (20 déc. ; publié le 21 déc.). A la demande de la Manchester Foreign Section, E. rédige une réponse à la circulaire des sécessionnistes Hales, Jung, Mottershead, etc. (20 déc. ; publié comme tract le 21 déc.)

M. informe Sorge des discussions au Conseil fédéral britannique et des tracts rédigés par lui et E., à la demande de ce Conseil, contre les sécessionnistes. (21 déc.) M. est chargé de réunir les archives de l’ancien C.G. et de les tenir à la disposition du nouveau C.G. (Plein pouvoir signé par Sorge, 30 déc.)