1875
Ecrivant à Bebel au sujet du programme d’unification des partis social. démocrates, (lassalliens et eisenachiens), E. y dénonce l’abandon du principe de l’internationalisme du mouvement ouvrier : « Si les ouvriers allemands sont aujourd’hui à la tête du mouvement européen, c’est essentiellement grâce à leur attitude véritablement internationale pendant la guerre ; nul autre prolétariat ne se serait conduit aussi bien. (...). » Il reproche au programme de parler de l’« Etat libre » et suggère de renoncer à parier de l’Etat, « surtout après la Commune qui n’était plus un Etat au sens propre ». Alors que M. avait, dans son Anti-Proudhon et dans le Manifeste communiste, proclamé l’incompatibilité de l’Etat et du socialisme, les anarchistes le tiennent pour responsable du programme allemand qui prône l’« Etat populaire » et Balcounine (dans Etat et Anarchie) « nous rend responsables de chaque parole inconsidérée prononcée ou écrite par Liebknecht. » (28 mars.)
M. adresse à Bruxelles des Gloses critiques sur le programme du Parti ouvrier allemand et reproche à ses rédacteurs d’avoir réduit l’internationalisme ouvrier à une phraséologie bourgeoise. « L’action internationale des classes ouvrières ne dépend en aucune façon de l’existence de l’Association Internationale des Travailleurs. Celle-ci n’a été qu’une première tentative pour doter cette action d’un organe central ; cette impulsion a eu des effets durables, mais elle ne pouvait se poursuivre longtemps, dans sa première forme historique, après la chute de la Commune de Paris. » (5 mai.)
E. reçoit du C.G. une vingtaine d’exemplaires d’une circulaire confidentielle qui prévoit la convocation d’une conférence de l’A.I.T. à Philadelphie. Il rend compte de sa distribution parmi les quelques fidèles de l’ancienne Internationale (Lessner, Frankel, Mesa). « La circulaire a été fort bien accueillie par tous ceux qui l’ont lue, et l’on regarde généralement le projet d’une conférence comme le seul pratique. Mais il
nous paraît impossible d’organiser ici un vote sur ce projet (...) Dans ces circonstances, les voix américaines pourraient suffire à couvrir le C.G., s’il transforme le projet en résolution d’autant plus que nous savons de bonne source que les Alliancistes ne tiendront pas non plus de Congrès cette année (ni sans doute jamais). » (13 août.)
1876
M. à 5orge : « E. et moi, nous ne pourrons pas aller à Philadelphie, car nous sommes surchargés de besogne ; moi, particulièrement j’ai d’autant moins de temps à perdre que mon état de santé m’oblige à prendre près de deux mois pour la cure de Karlsbad. » (4 avr.)
La Conférence de l’A.I.T. se réunit à Philadelphie et adopte à l’unanimité la résolution suivante : « Attendu que la situation politique de l’Europe met provisoirement obstacle à la reconstitution extérieure de l’Association, nous déclarons que le Conseil général de l’A.LT. est dissout. » (15 juil. )