Consacrer un article aux Roms nécessite au préalable
une mise en garde contre deux écueils. Il serait tentant, d’une
part, et encore plus dans le numéro d’une revue anarchiste consacré
au fédéralisme, de présenter la ou les sociétés
romanis comme des modèles de fonctionnement non étatique au
sein desquels les individus jouiraient d’une totale liberté.
C’est là une vision romantique aussi erronée que celle
présentant les Roms comme des « voleurs de poules ». Comme
dans de nombreuses autres sociétés, l’exploitation, le
patriarcat, le contrôle pesant du groupe sur l’individu existent
et ne peuvent être ignorés. D’autre part, le danger, qui
n’est pas propre aux anarchistes celui-là, serait de considérer
les populations romanis comme plus marginales, plus inorganisées que
les autres populations, leur niant ainsi toute culture et toute organisation
sociale propre.
Pour éviter toute vision romantique comme toute « diabolisation
» (et les secondes sont nettement plus nombreuses que les premières),
et afin de définir clairement ce dont nous parlons, il est nécessaire
avant toute chose de s’arrêter un instant sur la signification
du terme « Rom », sur ce qui constitue l’identité
collective de la « nation romani » avant de se pencher sur l’originalité
de son organisation sociale et sur son histoire.
Pourquoi le terme
de « Rom » ?
La désignation des populations romanis sous le terme de « Tsigane
» vient d’un amalgame entre ces populations et les membres d’une
secte venus d’Asie mineure au xiie siècle : les Atsinganos, dont
les dérivés donnèrent les mots Tsigane en français,
Zigeuner en allemand ou Zingari en italien. Le terme de Gitan provient, lui,
d’une croyance du xve siècle selon laquelle les Roms étaient
originaires de « petite Égypte » (l’Épire).
En réalité, nous savons, depuis le milieu du xixe siècle,
grâce aux travaux en linguistique du professeur August Friedrich Pott,
que les Roms sont originaires du Nord de l’Inde. Par l’étude
comparée de la langue des Roms, le romani, et de plusieurs dialectes
indiens, Pott parvint à démontrer les similitudes entre le romani
et le sanskrit.
Les Roms ont leurs propres dénominations pour se définir et
se différencier ; les plus utilisées sont Sinti, Kalé,
Rom ou encore Manus (qui donna manouche en français). Claire Auzias,
qui a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire des Roms,
a déjà fait remarquer que le mot « rom » (ou Rrom),
qui signifie homme dans toutes les variantes du romani, désigne à
la fois une branche spécifique originaire d’Europe orientale
et balkanique, et l’ensemble des Gitans, Tsiganes, Manouches. Ce terme
s’est imposé comme dénominatif commun grâce aux
efforts des militants des mouvements d’émancipation des Roms
qui refusèrent les appellations, chargées de sens péjoratifs,
données par les non-Roms.1 C’est évidemment celui que
nous choisirons d’employer.
Quels sont les ciments
de l’identité collective
de ce peuple ?
Nos représentations associent fréquemment les Roms et le nomadisme.
Pourtant, le voyage n’est pas une caractéristique constitutive
de l’identité romani. Il y a plus de sédentaires 2 que
de nomades parmi les Roms : 90 % d’entre eux, en Europe, sont sédentaires.
En France, 1/3 le sont, 1/3 sont nomades et 1/3 sont semi-nomades. Comme l’a
souligné l’ethnologue A. Reyniers, nomadisme ou sédentarité
sont des modes vie conjoncturels correspondant à des nécessités
économiques. Ce qui semble être commun aux Roms, ce n’est
pas le voyage mais la capacité au voyage liée à leur
conception du territoire, c’est un point sur lequel nous reviendrons.
La langue est-elle un ciment de cette identité collective ? La question
reste débattue et les spécialistes ne sont pas tous d’accord.
Du kalo au sinti, en passant par les multiples variations balkaniques, le
tronc commun, le « romani », s’est dilué au point
que l’intercompréhension est aujourd’hui difficile entre
certains groupes éloignés géographiquement. Marcel Courthiade,
linguiste et professeur de romani à l’INALCO, dont les travaux
sont aujourd’hui les plus avancés sur la question, assure que
l’intercompréhension redevient possible entre deux groupes de
locuteurs apparemment éloignés après un temps d’adaptation.
Afin de renforcer ce rôle unificateur de la langue, il travaille actuellement
avec d’autres linguistes roms à une standardisation du romani.
Alors, qu’est-ce qui fait que les Roms s’affirment Roms, qu’ils
existent en tant que nation à part entière, avec une culture
propre et une identité commune, si ce n’est le voyage ou, dans
une moindre mesure, la langue ? La première réponse qui vient
à l’esprit est : la conscience d’être Rom. La réponse
peut paraître une lapalissade éhontée mais le ciment de
cette identité collective c’est, justement, la conscience qu’a
chaque Rom d’être partie intégrante d’une nation
ayant son histoire, ses formes d’organisations sociales, sa culture,
en bref son identité propre. Les Roms peuvent faire valoir une multitude
de différences d’un groupe ou d’une région à
l’autre mais ces différences seront toujours considérées
comme moindres qu’avec des non-Roms. L’organisation sociale reposant
sur un certain nombre de valeurs communes est l’une des caractéristiques
essentielles de cette différenciation avec les « gadjo ».3
Les Roms sont-ils une nation sans territoire ?
La question du territoire est une problématique essentielle car elle
permet d’introduire l’originalité du fonctionnement des
sociétés romanis. Beaucoup dénient, aujourd’hui
encore, la qualité de nation (dans le sens de communauté humaine
qui possède une unité historique, linguistique et économique
plus ou moins forte) aux Roms du fait de l’inexistence d’un «
pays » rom.
Qu’ils forment une nation, cela ne fait aucun doute pour tous les militants
de la cause romani qui l’affirment haut et fort depuis des décennies
notamment au sein de l’Union romani internationale 4, mais une nation
sans appareil d’État, qui n’a pas fixé de limites
rigides à l’espace où s’exercerait sa souveraineté.
Les Roms n’ont pas de pays propre et reconnu, qu’ils administreraient
à la manière d’un État moderne. Cela ne signifie
pas qu’ils soient une nation sans territoire. En réalité,
on pourrait dire qu’ils forment une nation aux territoires multiples
et variants que chacune des composantes délimite et structure. Comme
le souligne l’ethnologue Alain Reyniers, ces territoires sont définis
et utilisés en fonction des besoins économiques ou des relations
familiales.
Prenons un exemple : un groupe de Gitans perpignanais peut se déplacer
pour assister à des réunions familiales en Catalogne, puis partir
faire les vendanges en Suisse ou en Allemagne, avant de revenir en Roussillon
pour une foire. Le territoire de ce groupe, comme celui des autres d’ailleurs,
est avant tout un « espace vécu » de relations commerciales,
professionnelles ou familiales. Les cadres étatiques avec leurs lots
de législations, de contrôles douaniers ou de fiscalité,
ne représentent aucune nécessité et aucun intérêt
pour ces personnes et constituent au contraire une entrave à leur mode
de vie.
Cette conception du territoire comme espace vécu fait que c’est
l’homme qui construit le territoire à sa mesure et non le territoire
qui cloisonne l’activité humaine sur un espace préalablement
délimité. Cette notion d’espace vécu est utilisée
en géographie pour exprimer l’addition de plusieurs espaces qui
se complètent. D’après le géographe A. Frémont,
qui a défini le concept d’espace vécu 5, celui-ci serait
la réunion de l’« espace de vie » comme ensemble
des lieux fréquentés par une personne ou un groupe social et
de l’« espace social » comme ensemble des lieux fréquentés
par une personne ou un groupe social en y ajoutant les « interrelations
unissant ceux-ci »6. Cette notion est très utile pour comprendre
la territorialité romani qui s’attache à des lieux de
vie, à des itinéraires ou à des lieux d’activités
professionnelles. Le territoire n’est ni plus ni moins que la somme
des endroits où l’on a quelque chose à faire.
Aucun besoin de barrière, de frontière car les limites sont
fluctuantes au gré des nécessités économiques
ou des relations de tous types. Ce territoire n’est ni à défendre
ni à conquérir et, au contraire, la liberté de circulation
devient un des gages du fonctionnement social. Cela n’exclut pas les
conflits entre groupes sur des questions spatiales comme dans le cas de zones
d’exercice de métiers. L’ethnologue J.-P. Liégeois,
directeur du Centre de recherche tsigane à l’université
Paris VIII, rappelle que l’absence de pouvoir central ne signifie nullement
qu’il n’existe pas d’interdits ou de règles.7 Ainsi
des antagonismes trop prononcés entre groupes impliquent des prises
de décisions communautaires, notamment dans le domaine de la répartition
des zones d’activités professionnelles. L’absence d’autorité
supérieure qui pourrait imposer à chaque groupe une ligne de
conduite, une zone géographique pour l’exercice de tel ou tel
métier, est remplacée par une recherche du consensus entre groupes
ou familles. Il est évident que cela ne supprime pas tous les conflits
mais tend nettement à les réduire.
L’originalité de l’organisation sociale des Roms ?
La diversité des situations géographiques, économiques
ou religieuses entraîne de nombreuses difficultés pour la définition
d’un fonctionnement social « type » des sociétés
romanis. Cela d’autant plus qu’existent, entre différents
groupes ou au sein d’un même groupe, des différences de
richesse, de niveau de vie, d’attachement aux valeurs traditionnelles
ou d’imprégnation de celles des sociétés environnantes.
Pour simplifier, nous ne nous attarderons que sur les types de fonctionnement
« traditionnels ».
Que ce soit dans des campements, des quartiers quasi « ghettoïsés
» ou des résidences, la structure de base des sociétés
romani est la cellule familiale élémentaire et la réunion
de ces cellules élémentaires. La famille est la « mesure
de toute chose ». La solidarité familiale est totale, tous y
participent et tous en bénéficient, vieux et enfants compris.
Le pendant de cette omniprésence familiale est la subordination des
désirs ou de la volonté de l’individu à celle de
la famille puis du clan. Chaque cellule familiale est indépendante
et leur réunion correspond à la nécessité de se
regrouper pour assurer la réalisation des tâches, professionnelles
par exemple, indispensable à la survie de chacun. Aucune obligation
de rester avec le groupe n’existe, pas plus qu’il n’existe
de moyens qui permettraient de faire respecter une telle obligation. Ces groupes
librement constitués, souvent sur une base familiale plus ou moins
éloignée, se doivent de maintenir leur cohésion et leurs
relations avec d’autres groupes. Ce maintien ne peut être possible
qu’en trouvant des solutions aux conflits qui peuvent surgir. Tout fonctionnement
social, pour se pérenniser, doit trouver des modes de résolution
des conflits.
Les travaux de J.-P. Liégeois ont permis de mieux connaître les
critères et le fonctionnement du contrôle social dans les sociétés
romanis. Le besoin de maintenir la cohésion sociale s’est traduit
par la volonté de réparer ou sanctionner tout acte contraire
aux règles communautaires. Nous l’avons dit, la recherche du
consensus est donc une nécessité pour les Roms, induite par
l’absence d’une autorité supérieure commune. La
résolution des différents entre groupes ou familles passe par
une concertation communautaire, une assemblée, voire dans certains
cas, une cour de justice. Ces assemblées ou ces cours de justice (les
kris), qui n’existent pas pour tous les groupes, sont composées
des hommes « chef de famille » choisis en fonction des gages qu’ils
ont donnés au sein de la communauté. Le pouvoir de la kris ou
de l’assemblée ne dépasse jamais le cadre pour lequel
elle a été réunie. Des sanctions peuvent être prises,
allant de la réparation du dommage au bannissement de la communauté.
La réprobation générale ou la mise à l’écart
tiennent lieu de moyen d’assurer le respect des décisions de
l’assemblée. Pour être respectées, ces décisions
ou sanctions doivent donc, avant tout, être acceptées par l’ensemble
de la communauté, d’où la recherche du consensus. Il n’y
a ni police ni mandaté particulier pour faire respecter ces décisions.
Bien que non étatique, ce contrôle social à l’intérieur
des sociétés romanis traditionnelles amène certaines
interrogations qui relativisent l’image « romantique » que
nous pourrions en avoir. Certaines des valeurs qui les sous-tendent (comme
les notions de pureté et d’impureté, le sens de l’honneur
viril, le patriarcat) et des conséquences qu’elles impliquent
(la nécessaire virginité des filles, la domination masculine,
l’intrusion du groupe et encore plus de la famille dans la vie de l’individu)
ne laissent que peu de place aux désirs de l’individu. Encore
une fois, il s’agit d’être clair, ces valeurs ne sont pas
partagées par tous les Roms, pas plus que les soi-disant valeurs nationales
sont partagées par tous les Français. Ce sont simplement des
valeurs traditionnelles dans lesquelles bon nombre de Roms, notamment parmi
les plus jeunes et les plus militants, ne se retrouvent pas.
Il apparaît clairement qu’un mode de fonctionnement social sans
appareil
d’État ne garantit pas à lui seul une liberté sans
entraves. Pas plus que la démocratie directe n’assure à
elle seule un fonctionnement libertaire, le fédéralisme n’est
la seule condition de l’émancipation de l’individu dans
leur société. L’une et l’autre ne deviennent pertinents,
pour nous anarchistes, qu’en reposant sur des valeurs de liberté,
d’égalité et de solidarité. Il n’en reste
pas moins que cette organisation sociale nous donne des pistes de réflexion
intéressantes aussi bien dans le domaine de la résolution des
conflits que dans celle de la territorialité. Avoir su la préserver
n’est pas le moindre mérite des Roms.
L’historienne Henriette Asséo a qualifié les Roms de «
peuple-résistance »8 qui est, selon elle, celui « dont
la conscience historique de soi réside dans la capacité à
reformuler en permanence tout élément de contact entre [lui]
et autrui pour une politique de survie ». Cette capacité d’adaptation,
tout en conservant ses traits propres a été mise
à rude épreuve à chaque étape du renforcement
de la volonté assimilatrice, centralisatrice et répressive de
l’État moderne.
Le fait d’avoir une organisation sociale originale signifie-t-il que
les Roms échappent aux règles des sociétés environnantes
et au contrôle de l’État ?
Sûrement pas, pas plus que les banlieues pauvres, et contrairement à
ce qu’une partie de la presse tente de nous faire croire, les quartiers
ou les campements romanis ne sont pas des « zones de non- droit »
dans lesquels la police n’oserait pas intervenir.
On peut distinguer dans l’Histoire comme dans l’actualité
trois types d’attitude des États et de leurs agents envers les
populations romanis : la criminalisation, l’exclusion ou l’assimilation.
S’il est un peuple pour qui la phrase de Proudhon concernant le rôle
répressif
de l’État aurait pu être écrite, c’est bien
les Roms. Les exemples de politiques d’assimilation forcée, de
bannissement ou de criminalisation sont légion, et le lecteur pourra
trouver de nombreuses informations à ce sujet dans l’ouvrage
de J.-P. Liégeois déjà cité.
Des historiens (et surtout des historiennes) tentent depuis quelques années
de retracer et d’analyser les relations des Roms avec les sociétés
environnantes. Donald Kenrick, Grattan Puxon 9 et, plus récemment,
Claire Auzias 10 ou Henriette Asséo nous ont permis de mieux connaître
leur histoire récente et les épreuves qu’ils eurent à
affronter. Nous ne pouvons les retracer dans un article. Arrêtons-nous
plutôt sur quelques cas significatifs avant d’essayer de faire
un point de leur situation aujourd’hui, notamment en France.
La période la plus funeste de l’histoire des Roms fut sans conteste
celle de la terreur imposée par les nazis et leurs sbires en Europe.
L’ouvrage de Claire Auzias sur le « samudaripen » –
le génocide des Roms 11 – est une véritable mine d’informations
qui offre un tour d’horizon complet et concis tant sur la volonté
exterminatrice des nazis à l’encontre des populations romanis
que sur la politique anti-Rom du régime de Vichy. L’horreur portée
à son comble pour un peuple qui, pourtant, ne subissait pas, là,
ses premières persécutions.
Les Roms avaient réussi à survivre et à conserver leur
identité malgré les multiples arsenaux répressifs des
États européens de l’époque moderne. En 1682, dans
la France de Louis XVI, le seul fait d’être « bohémien
» était passible des galères à perpétuité
pour les hommes et du bannissement pour les femmes. Les législations
anti-Roms se perpétuent en Europe entretenant le mythe de la culpabilité
intrinsèque des Roms. Leurs modes de vie, leur discrétion, la
représentation parfaite qu’ils offraient de l’« étranger
», de l’Autre, laissaient la porte ouverte à tous les fantasmes.
La sorcellerie, le cannibalisme ou le vol d’enfants furent des accusations
largement répandues.
En Allemagne, les nazis n’eurent souvent qu’à réutiliser
le travail de recensement et de classification des Roms entrepris par les
services de police bien avant leur arrivée au pouvoir. Les Roms furent
très tôt présentés comme un danger pour la société
qu’il convenait d’encadrer et de surveiller. Dès 1899,
fut créée à Munich une « centrale des affaires
tsiganes » qui publia un rapport en 1905, le Zigeunerbuch, véritable
base théorique des politiques anti-Roms. Un recensement général
fut demandé en 1908 par les autorités bavaroises. Une loi pour
lutter contre les « Tsiganes, les nomades et les fainéants »
fut même votée en 1925 dans ce même État.
« Si l’Allemagne n’a pas inventé de toutes pièces
l’idéologie raciste antitsigane, elle l’a théorisée
avec soin avant de l’appliquer », explique Claire Auzias. Sous
le couvert de la science, les anthropologues nazis firent subir des tests
« biologiques, raciaux » aux Roms afin de justifier leur extermination.12
La politique nazie de destruction collective des Roms se fit en deux étapes.
Ce fut, d’abord, l’enfermement dans les camps d’internement
des régions allemandes puis, à partir de 1938, sous l’impulsion
de Himmler, la déportation dans les camps d’extermination. Les
Roms d’Autriche, de Pologne, de Norvège, des Pays-Bas, des Pays
baltes, d’Ukraine et de Bohême-Moravie furent soumis à
ce macabre sort. À cette déportation vers les camps de la mort
s’ajoutèrent les massacres commis, notamment en Russie, en Ukraine
et dans les pays baltes, par des unités spéciales des SS, les
Einsatzgruppen chargés de l’extermination des juifs et des Roms
à partir de l’été 1941.
Des régimes pro-nazis en Europe
se distinguèrent par la sauvagerie avec laquelle ils s’employèrent
à exterminer
les populations romanis. Ce fut le cas
de « l’État indépendant de Croatie » dirigé
par les oustachis d’Ante Pavelic (40 000 Roms trouvèrent la mort
dans le camp de Jasenovac entre 1941 et 1945) et de la dictature dirigée
par Antonescu en Roumanie. Entendant lutter contre les « risques de
dégénérescence de la “race” roumaine du fait
de l’assimilation des Tsiganes », des campagnes de stérilisation
furent entreprises dès 1941. En 1942, le recensement des Roms fut le
préalable à leur déportation dans la province roumaine
de Transnistrie d’où beaucoup ne revinrent pas, victimes de la
faim, du froid, du typhus. On estime entre 30 000 et 50 000 le nombre de Roms
qui périrent sous le régime d’Antonescu.
Le chiffre de 500 000 victimes romanis des politiques d’extermination
est le plus souvent avancé et accepté. Mais le travail des historiens
ne fait que commencer et les recherches à venir devraient permettre
de mieux connaître ces heures sombres et leurs conséquences.
Nous aurions pu croire, après une telle barbarie, à une prise
de conscience des malheurs de ce peuple, à un moment de répit
et à la volonté des sociétés européennes
de combattre les « petits » préjugés qui mènent
aux grands crimes. Hélas, les préjugés et les stéréotypes
avaient encore de « beaux jours » devant eux. C’est sans
surprise, mais avec tristesse, que nous découvrîmes la situation
des Roms en Europe de l’Est après la chute des régimes
« communistes », dans ces sociétés qui s’étaient
délivrées du totalitarisme mais n’avaient pas su prendre
garde aux haines ancestrales, un temps étouffées, qui remontaient
à la surface entraînant en ex- Yougoslavie des faits que l’on
aurait pu croire d’une autre époque.
Pour se maintenir au pouvoir, les anciens dirigeants communistes des républiques
yougoslaves, et Milosevic en tête, jouèrent la carte de l’ultra-nationalisme,
rallumant et exploitant des rivalités anciennes entre Serbes, Croates,
Musulmans de Bosnie et Albanais. Les Roms des ex-républiques yougoslaves,
qui n’avaient rien à gagner à la création d’États
ethniquement homogènes, se retrouvèrent pris entre plusieurs
feux. Nombreux furent les Roms de Serbie contraints de rejoindre l’armée
fédérale (dominée par les nationalistes serbes) pour
y effectuer les tâches les plus dangereuses, comme le déminage,
ou pour servir de chair à canon.13 Les Roms de Croatie, eux, furent
soumis à un chantage consistant à conditionner l’attribution
de papiers d’identité croates à leur engagement dans l’armée.
En décembre 1992, Rajko Djuric, président de l’URI déclarait
:
« Cette guerre déjà absurde pour les Slaves, l’est
encore plus pour les Roms, dont les familles sont réparties dans toutes
les républiques et qui, n’étant au pouvoir nulle part,
sont sûrs de ne tirer aucun bénéfice de la guerre. »
L’absurdité et l’horreur prirent toute leur dimension durant
le conflit bosniaque où les Roms de cette province, majoritairement
musulmans, eurent à subir les exactions des milices nationalistes croates
et surtout serbes. Dans les régions sous contrôle des milices
des nationalistes serbes de Bosnie, les massacres, les viols, les déplacements
de population se multiplièrent. À Srebrenica, Zvornik, Karakaj
ou Bijeljina, on assista à de véritables massacres de Roms.
Nombre d’entre eux furent enfermés dans les camps, et nous ne
savons pas encore combien y laissèrent leur vie. En 1993, Amnesty International
fit état de plusieurs milliers de Roms massacrés dans les régions
dominées par les milices serbes de Bosnie. Malgré les campagnes
menées par l’URI, leur sort resta ignoré ou nié
par les pays occidentaux qui s’évertuèrent à renvoyer
les demandeurs d’asile. Les Roms des anciennes républiques yougoslaves
furent considérés comme des usurpateurs tentant de profiter
des désordres de leurs régions pour se faire passer pour des
réfugiés politiques. Les préjugés et la défiance
prouvèrent leur ténacité.
Ailleurs en Europe de l’Est, les vieux stéréotypes remis
au goût du jour se déversèrent dans la presse. Les prétendues
violences et délinquances intrinsèques des Roms furent stigmatisées.
Marcel Courthiade fournit des explications très claires sur ce point
:
« Il semble impossible de nier que la délinquance est plus élevée
chez les Roms que dans l’ensemble de la population : l’impartialité
du raciste consiste à livrer des chiffres sans commentaire. Or dans
certains pays des recherches plus honnêtes ont été effectuées
et il est apparu que le degré de délinquance est exactement
le même chez les Roms que chez les non-Roms si l’on considère
les deux populations par classe sociale équivalente. [...] Le double
malheur des Roms est de se trouver presque en totalité dans les classes
les plus défavorisées et les plus violentes. »14
Il y eut alors une recrudescence des actes de racisme anti-Roms, notamment
en Roumanie, augmentant le nombre de ceux qui tentèrent de trouver
refuge en Europe de l’Ouest.
La « patrie des droits
de l’homme » a-t-elle été celle des droits des Roms
?
Le 20 août 1995, un enfant rom de 8 ans est abattu par un policier français
au poste frontière de Sospel. Cet enfant appartenait à un groupe
originaire du Sandjak (région de Serbie frontalière de la Bosnie)
qui avait tenté de passer le poste frontière sans s’arrêter.
Ces Roms, demandant, après le drame, l’asile politique furent
déboutés par l’OFPRA qui considéra que ces «
Tsiganes ne provenaient pas d’une région en guerre ou d’une
zone troublée ». Trente-huit d’entre eux furent reconduits
à la frontière italienne. Les protestations des associations
d’aide aux demandeurs d’asile, s’appuyant sur des rapports
internationaux prouvant les dangers encourus par les Roms et relatant les
exactions commises à l’encontre des minorités dans cette
région, n’y firent rien. Ces rapports pourtant explicites, ne
suffirent pas à convaincre (mais cela eût-il été
possible ?) les autorités françaises retranchées dans
leurs fantasmes de déferlantes de Roms en provenance des pays de l’Est.
Ce cas est significatif de l’attitude de défiance manifestée
par les autorités françaises depuis le xixe siècle envers
les populations romanis.
En 1895, un recensement, entrepris par le ministère de l’Intérieur,
dénombra sur le territoire français 15 « quatre cent mille
vagabonds et vingt-cinq mille nomades en bande voyageant en roulotte ».
Les parlementaires décidèrent de soumettre cette population
« potentiellement dangereuse » à un contrôle policier
serré. Une loi du 16 juillet 1912 instaura un carnet anthropométrique
pour les nomades, véritable titre de circulation sur lequel figuraient
photos d’identité et empreintes digitales. Ce carnet devait obligatoirement
être présenté dans chaque commune qui, conformément
à cette même loi, pouvait refuser le stationnement. À
la situation difficile des temps de paix succéda celle, intenable,
des temps de guerre.
En octobre 1939, les Roms furent assignés à résidence
par les autorités républicaines soupçonnant en eux une
possible « cinquième colonne ». La circulation des nomades
fut interdite le 6 avril 1940 et le ministère de l’Intérieur
demanda aux préfets de les assigner à résidence en des
termes ne comportant aucune ambiguïté sur la considération
qu’il portait à ces populations :
« Leurs incessants déplacements, au cours desquels les nomades
peuvent recueillir de nombreux et importants renseignements, peuvent constituer
pour la Défense nationale un danger très sérieux, il
est donc nécessaire de les soumettre à une étroite surveillance
de la police et de la gendarmerie, et ce résultat ne peut être
obtenu que si les nomades sont astreints à séjourner dans un
lieu déterminé. »
Et de conclure :
« Ce ne serait pas le moindre bénéfice du décret
qui vient de paraître, s’il permettait de stabiliser des bandes
d’errants qui constituent du point de vue social un danger certain et
de donner à quelques-uns uns d’entre eux, sinon le goût,
du moins les habitudes du travail régulier. »16
Ces mesures, et la loi de 1912, permirent un fichage minutieux des Roms qui
fut, là aussi, utilisé par le régime de Vichy lorsque
celui-ci entreprit de traquer
et d’interner les Roms. Dès l’été 1940,
les arrestations et les internements se multiplièrent aussi bien dans
la zone occupée que dans la zone « libre ». Claire Auzias,
qui rejoint en cela le spécialiste du régime de Vichy, l’historien
Robert Paxton, démontre que la politique anti-Rom de Vichy, comme sa
politique antisémite, est intrinsèque à son idéologie
et qu’elle n’est pas une politique imposée par les nazis.
L’internement fut d’abord confié aux préfets entre
octobre 1940 et novembre 1941. Le regroupement dans quelques grands camps
en 1942, dont celui de Montreuil-Bellay 17, fut le prélude à
la déportation vers l’Est. L’ampleur de cette politique
est aujourd’hui encore difficilement chiffrable. L’historienne
Marie-Christine Hubert établit à 4 657 le nombre de Roms français
internés dans la zone occupée et à 1 004 dans la zone
« libre » 18. Il est par contre impossible de déterminer
combien de Roms non français eurent à subir ces politiques.
Le plus déconcertant, peut-être, réside dans le fait que
ces prisonniers ne furent pas libérés en 1944 comme les autres
internés, restant enfermés pour certains jusqu’en mai
1946. Les « retrouvailles » avec la République étaient
ratées. Leurs relations ne s’annonçaient pas sous les
meilleurs auspices, d’autant que la loi de 1912 et le carnet anthropométrique
qu’elle imposait aux populations nomades, restaient en vigueur.
Soyons clair, jamais sous la République, il n’y eut de législation
spécifique envers les populations romanis ni aucune forme de reconnaissance
officielle (pas plus que de reconnaissance d’autres minorités).
Pourtant les législations concernant les gens du voyage (terme aujourd’hui
préféré à celui de nomades), sans référence
à une appartenance ethnique particulière, sont largement responsables,
depuis 1912, de la situation actuelle des Roms, quel que soit leur mode de
vie. Car si le nomadisme n’est pas constitutif de l’identité
romani, ce fut un mode de vie d’abord majoritaire avant d’être
entravé, combattu et réprimé par l’État
français.
Les législations successives réglementant le nomadisme ont toujours
constitué des entraves à la liberté de mouvement et,
de ce fait, imposé une sédentarisation forcée mais déguisée.
Au titre de circulation imposé en 1912, succéda la loi du 3
janvier 1969 instaurant la notion de « commune de rattachement »
repris par les lois de 1985 et de 1990 (loi Besson). Justifiée par
l’octroi de droits s’attachant à la commune de rattachement,
cette mesure n’en constitua pas moins une entrave à la liberté
de circulation et surtout d’installation, en imposant pour tout changement
de commune de rattachement, l’existence de liens réels avec la
nouvelle commune. A-t-on déjà vu des personnes sédentaires
devoir prouver des liens réels avec une commune pour pouvoir s’y
installer ?
Le volet de la loi Besson prévoyant la mise en place d’aires
de stationnement dans les communes de plus de 5 000 habitants par des mesures
incitatives n’a pas été appliqué. En 1999, d’après
le GISTI, seules 358 communes de plus de 5 000 habitants sur 1 739, disposaient
d’une aire de stationnement, souvent près des autoroutes, des
décharges ou des zones industrielles. On peut se demander si cette
législation ne fut pas, en réalité, destinée à
satisfaire les municipalités en empêchant l’installation
« illicite » à l’intérieur des communes. Parallèlement,
le pouvoir des maires fut augmenté en leur permettant de prononcer
une expulsion sans décision d’un juge. D’un seul coup,
il suffisait à une municipalité d’installer une aire de
stationnement dans un endroit insalubre et/ou excentré pour interdire
aux « gens du voyage » de s’installer ailleurs.
Ces entraves successives à la libre circulation ont conduit à
l’abandon progressif des activités économiques liées
au mode de vie nomade et donc à la sédentarisation progressive
des « gens du voyage » et, parmi eux, des Roms nomades. Là
se situe le nœud du problème car, comme le soulignent Violaine
Carrère et Christophe Daadouch,
« Entre le désir de l’État de les voir s’installer
et celui des élus locaux et d’une grande partie de la population
de les voir circuler, les gens du voyage sont dans une situation paradoxale
: il leur est imposé de se sédentariser sans que personne ne
souhaite qu’ils puissent le faire. »
Cette situation paradoxale n’est pas nouvelle et s’est traduite,
de tout temps, par une sédentarisation progressive et ségréguée.
Les populations « autochtones », dans leur grande majorité,
ne voulant pas de familles romanis dans leurs quartiers ou déménageant
quand celles-ci venaient à s’installer. Le fantasme du «
voleur de poules » est aujourd’hui encore très tenace.
Cette sédentarisation s’est faite, la plupart du temps, dans
les quartiers les plus délabrés ou en voie de « taudification
» des centres villes ou plus récemment dans les barres des banlieues
des grandes villes. Abandonnés à leur triste sort, ces quartiers
accumulent, aujourd’hui, les problèmes sociaux de tout type.
L’association Médecins du monde, dans un rapport publié
en 2001, dresse un sombre tableau de la situation de nombreux groupes de Roms
en France, Allemagne, Italie, Grèce, Espagne et Portugal :
« Selon les estimations recueillies en 1999 en Espagne, France et Grèce
auprès de Roms/Tsiganes confrontés à des situations d’exclusion,
l’indice de mortalité néonatale précoce relevé
dans ces populations s’élève à environ 19 ‰
(contre 2,2 ‰ en France en 1996), tandis que la mortalité infantile
atteint environ 23,5 ‰ (contre 4,8 ‰ en France en 1996) [...]
L’origine des graves difficultés sanitaires auxquelles se heurtent
les populations roms/tsiganes est bien identifiée :
– Conditions de vie déplorables en termes d’adduction d’eau,
d’alimentation électrique, d’équipement sanitaire,
d’enclavement, etc. ;
– Les lieux de vie se situent toujours à l’écart
des autres populations et les expulsions, récurrentes, ne sont jamais
suivies de propositions adéquates ;
– Situations de pauvreté et accès limité au marché
du travail ;
– Faibles niveaux de scolarisation et d’accès à
la formation professionnelle. »
À n’en pas douter, les difficultés que rencontrent les
Roms aujourd’hui sont le résultat de siècles de préjugés
et de répression entretenus et encouragés par les autorités
centrales et locales à l’écoute des fantasmes des populations
qu’elles ont, elles-mêmes, contribués à façonner
et à répandre, jouant habilement des stéréotypes
pour imposer des modes de vie plus conformes à l’ordre social
qu’elles voulaient imposer.
Une origine méconnue et un mode de vie original couplés à
une organisation sociale différente sont des éléments
à charge apparemment suffisants pour être d’abord pourchassés,
bannis puis fichés, enfermés, surveillés, sédentarisés,
« ghettoïsés », pour enfin être laissés
à l’abandon dans des quartiers sordides. L’État
français, comme les collectivités locales, refusent d’admettre
leur responsabilité historique dans cette situation et persistent au
contraire dans la même démarche ségrégative.
Quelles perspectives ?
À la faveur de la chute des régimes « communistes »,
une nouvelle conscience romani s’est développée, d’abord
en Europe de l’Est puis en Europe de l’Ouest. En 1995, l’hebdomadaire
Courrier international titrait à sa une : « Les Roms : naissance
d’une nation ». Deux axes de revendications, pas forcément
contradictoires, virent alors le jour au sein d’associations romanis
et chez les intellectuels roms :
– Soit en faveur de la reconnaissance collective des Roms comme minorité
nationale dans chaque État impliquant un certain nombre de droits dans
le domaine politique, culturel ou relatifs à l’éducation.
– Soit pour la défense des droits individuels des Roms, dans
l’optique d’une égalité des droits de tous les citoyens.
Autant dire tout de suite que cette volonté légitime des Roms
d’être considérés comme des citoyens à part
entière (reposant sur le postulat tronqué de l’égalité
des droits dans les démocraties libérales) fut très rapidement
déçue. Les nouvelles autorités « démocratiques
»
des pays de l’Est remirent rapidement
les Roms à leur place de « citoyens de seconde zone » (en
supposant que tous les autres soient dans la première).
La revendication du statut de minorité nationale fut parfois satisfaite,
notamment en Roumanie et en Macédoine. Cette reconnaissance fut en
réalité le prétexte à une instrumentalisation
des Roms et de leur image au niveau national et international. En Macédoine,
par exemple, où les Albanais revendiquent le statut de nation constitutive
au même titre que les Slaves macédoniens, la reconnaissance des
Roms offre le triple avantage pour le gouvernement, de légitimer le
refus des revendications albanaises au nom du principe de l’égalité
entre minorités, de rapprocher les Roms des Slaves macédoniens
contre les Albanais et enfin d’offrir un visage de démocratie
soucieuse de ses minorités aux organismes internationaux. Ce faisant,
ce même gouvernement joue avec le feu, lorsque l’on connaît
les résultats de cette instrumentalisation de la part des autorités
serbes au Kosovo, et cela n’apporte aucune amélioration aux conditions
de vie des Roms vivant sur son sol.19
Suite aux illusions perdues, les revendications et les axes de luttes prennent
depuis peu une nouvelle tournure. Face au désintérêt ou
à l’hostilité des autorités publiques, de plus
en plus de militants semblent s’orienter vers la promotion de l’auto-organisation
au sein des communautés. Dans le Sud de la France, cela est sensible
dans les quartiers où les associations animées par des Roms
et des Romis se multiplient et où des contacts avec d’autres
associations sont noués. À nous aussi de répondre aux
timides et encore peu nombreux appels de ces militants qui ont décidé
de prendre leur destin en main et qui, pour la plupart, remettent en cause
les valeurs traditionnelles les plus pesantes pour l’individu. Rappelons-nous
que le désintérêt des militants antiracistes, antifascistes
ou libertaires (qui ne sont pas non plus exempts de tout préjugé)
a contribué à jeter bon nombre de Roms dans les bras des pentecôtistes
et autres évangélistes auprès desquels ils trouvèrent
une écoute. À bon entendeur...
Xavier Rothéa
1. En Europe orientale et balkanique, le terme « Tsigane
» est considéré comme très péjoratif par
les Roms. À l’inverse, les populations romanis d’Espagne
ou du Sud de la France arborent fièrement leur identité «
gitane ».
2. Marcel Courthiade, préface de l’ouvrage de Claire Auzias,
les Tsiganes ou le destin sauvage des Roms de l’Est, 1995, Ed Michalon,
préface, p. 18.
3. « Non-Rom » en romani.
4. L’Union romani internationale possède un rôle consultatif
comme représentante des Roms auprès de l’ONU et du Conseil
de l’Europe. Créée au début des années 1970
par des Roms pour la plupart issus des pays de l’Est, notamment de Yougoslavie,
cette organisation en phase avec le régime titiste, joua un rôle
très important pour la reconnaissance de l’identité romani
(et plus anecdotiquement dans la mise en scène du rapprochement entre
l’Inde et la Yougoslavie au sein du mouvement des non-alignés).
Depuis les années 1980, cette organisation a été le fer
de lance du mouvement d’émancipation des Roms et regroupa la
plupart des intellectuels roms.
5. A. Frémont, la Région, espace vécu, 1976.
6. J.-P. Paulet, Géographie urbaine, A. Colin, 1999.
7. J.-P. Liégeois, Tsiganes et Voyageurs, Conseil de l’Europe,
1985.
8. H. Asséo, « Pour une histoire des peuples-résistances
» in Tsiganes : identité, évolution, Syros alternative,
1989.
9. Kenrick et Puxon, Destins gitans, 1972, Gallimard.
10. Claire Auzias, les Tsiganes ou le destin sauvage des Roms de l’Est,
1995, Michalon.
11. Claire Auzias, Samudaripen : le génocide des Tsiganes, 1999, L’
Esprit frappeur.
12. Voir également à ce sujet Henriette Asséo, «
La politique nazie de liquidation des Tsiganes », dans Ethnie n°
15, 1993.
13. Résolution de l’Union romani internationale adressée
au conseil de l’Europe.
14. Marcel Courthiade, préface du livre de Claire Auzias, les Tsiganes
ou le destin sauvage des Roms de l’Est, Michalon, 1995.
15. Henriette Asséo, les Tsiganes, une destinée européenne,
Découvertes Gallimard, 1994.
16. Claire Auzias, Samudaripen, le génocide des Tsiganes, l’Esprit
frappeur, 1999, annexe II, p. 184.
17. Lire à ce propos l’ouvrage de J. Sigot, Ces barbelés
oubliés par l’histoire, un camp pour les Tsiganes... et les autres,
Wallada, 1994
18. M.-C. Hubert, les Tsiganes en France, 1939- 1946, assignation à
résidence, internement, déportation, université de Paris
X Nanterre, 4 tomes, 1997.
19. Lire à ce propos : European Roma Rights Center, A Pleasant Fiction,
the Human Rights Situation of Roma in Macedonia, Budapest, ERRC, 1998. Également
disponible sur le site Internet de l’ERRC.
Les Roms, une nation sans territoire ?
Xavier Rothéa