Les anarchistes et Internet
printemps 2003
une aurore se lève
La deuxième guerre d’Irak a révélé un phénomène qui déjà commençait à poindre : l’éveil d’une conscience mondiale. Les manifestations qui l’ont précédée ont démontré par leur généralité, plus même que par leur ampleur, la naissance d’une opinion publique qui dépasse le cadre multinational – de nation à nation – pour être vraiment planétaire. Sans aller jusqu’à adopter la position du New York Times, qui a écrit qu’il y avait désormais deux superpuissances, les États-Unis et l’opinion mondiale, il est clair que, plus même que la pseudo-mondialisation capitaliste, la dégradation écologique de la planète, mais aussi la possibilité de communication qu’offre l’Internet, sont deux des phénomènes structurels qui conditionneront les représentations collectives et le processus d’évolution de la voix du monde. Apparaît déjà un premier phénomène : à l’instar du monde fermé de l’ancien empire soviétique, l’opinion publique américaine a vécu jusqu’ici dans l’univers clos de son propre continent. Soumis à des médias prétendument pluriels et qui créaient le mirage d’un pays démocratique, leur bulle protectrice est en train de crever. Les États-Unis ne découvrent pas un nouveau Vietnam, comme ils avaient ensuite aperçu l’existence de l’Afghanistan, mais aussi la France et quelques autres points du globe. On peut penser que la radicalité d’une certaine partie de la pensée contestataire aux États-Unis, le caractère exemplaire et libertaire de certaines démonstrations, imprimeront à leur tour une certaine orientation. suite
PRESENTATION
APRÈS « Au-delà de l’économie : quelles alternatives ? » (n° 9), nous abordons un nouveau dossier d’actualité, et cette fois-ci encore dans un secteur de la connaissance qui a été peu exploré dans son ensemble par l’anarchisme contemporain : la sociologie de l’information et de la communication.
Ce qui est d’autant plus étonnant que les libertaires portent en général un œil critique sur la presse et les médias, et que l’activité de publication a toujours occupé beaucoup d’entre nous. L’expansion de l’Internet a suscité rapidement le même attrait, et dans une proportion encore accrue, puisque le développement de la microinformatique et des réseaux permettait à des coûts plus réduits, et même sur des initiatives solitaires, de diffuser idées et informations.
La mouvance libertaire s’est donc précipitée dans la « toile » avec enthousiasme, convaincue d’y trouver un espace de liberté d’expression et de circulation difficile à placer sous contrôle. Avec la satisfaction aussi de constater l’efficacité du courrier électronique dans l’organisation et la coordination d’interventions publiques et de manifestations.suite
Quelques-unes de ces lettrines ont déjà paru dans la revue X-Alta, n° 6 ; « Police et corps du texte », en octobre 2002.
Elise Fugler, La liste
Archives et textes fondateurs
P. Sommermeyer, Bref historique de l’Internet
P. Sommermeyer, Les archives du Web
Critical Art Ensemble, Mythologie du terrorisme sur le Net
Les feux de la critique
J.-Manuel Traimond, Le comptable et le corporel
De la création collective
J.-Manuel Traimond, Le potlatch par octets
René Bastian, Internet et le logiciel libre
Christine Tréguier, La guerre des brevets
J.-Manuel Traimond, Wikipedia
Crocquant, Anarchistes sur le Web
Communiquer
par le Net ?
J.-Manuel Traimond,Communication totale, harmonie totale
Philippe Garnier, Réflexions incongrues
Pratiques du Web
Ronald Creagh, Ma vie dans le cyberespace
Ronald Creagh, Gilles Pérez-Lambert, Faut-il libérer l’Internet ?
P. Sommermeyer, Voyage dans un monde déconcertant
P. Sommermeyer, Un nouveau média ou un nouveau monde ?
Eric Turbine, Le débat politique sur Internet
Victor Mfika, Le Web africain est-il mal parti ?
Laurent Chemla, Le nouveau vaudeville
Transversale
Valérie M. Marin, Charlie Hebdo, « une liberté paradoxale »