Qu’un camarade de la revue Réfractions me
demande de présenter, et à titre personnel, la Fédération anarchiste et
que j’y réponde aussitôt positivement sans en référer à une quelconque
instance, met en relief un aspect essentiel de cette fédération :
l’autonomie des groupes et des personnes. Cette autonomie permet donc la
mise en œuvre d’un projet, d’une mobilisation, par un ou plusieurs groupes
et avec le soutien des outils dont dispose la FA (le Monde libertaire,
Radio libertaire). Que d’autres groupes soient réservés et même critiques
sur l’opportunité de l’initiative prise ne peut être un obstacle à la
réalisation de celle-ci. Il ne saurait donc y avoir un barrage, une
opposition, au motif, par exemple, d’une majorité non requise. Cette
conception ne s’oppose évidemment pas à la mise en chantier de projets ou
de campagnes dites fédérales, c’est-à-dire reposant sur l’acceptation
unanime des membres de la FA. Il n’existe pas à la Fédération de ligne
politique, mais seulement la reconnaissance et l’expression de diverses
tendances de l’anarchisme. Cette conception de l’organisation appellera
des critiques : manque de cohésion, inefficacité... Mais que dire d’une
cohésion qui se fait dans la soumission à une majorité ? Que dire de
l’efficacité, cette valeur libérale bien de notre époque ? Mon adhésion à
la FA repose sur la nécessité de l’association certes, mais aussi sur le
désir de conjuguer liberté individuelle et force collective. Pragmatiquement, la FA est le lieu où je pense le mieux pouvoir mettre en œuvre ce désir. L’organisation ainsi définie n’échappe pas à certaines réalités : possibles dérives bureaucratiques, attitudes autoritaires, tentation de pouvoir... Mais c’est dans cette conception de l’organisation, à travers un conflit naturel et permanent, que l’on peut affronter réellement ce qui définit une organisation anarchiste (et aussi une société libre à laquelle nous aspirons) : la dynamique de l’association et la liberté de l’individu, avec les contradictions que cela suppose parfois. L’adhésion à la Fédération anarchiste se fait autour de l’acceptation de principes (voir ci-contre) librement acceptés et pouvant être remis en cause, modifiés, complétés, lors des congrès et à l’unanimité. Dans le cadre du respect de ce pacte associatif, la volonté individuelle, la libre entente, le fédéralisme permettent aux groupes, aux individus d’impulser les actions et les réalisations de leur choix. « Nous, anarchistes, réunis à la Fédération anarchiste, sommes conscients de la nécessité de l’organisation spécifique. Nous propageons nos idées et voulons réaliser une révolution radicale et globale, à la fois économique et sociale, afin que soient détruites les sociétés fondées sur la propriété privée ou étatique des moyens de production et de distribution, toutes les exploitations, l’ignorance et la misère ainsi que les rapports d’autorité... » Ainsi sont introduits les principes de base de la FA. J’en ai fait la lecture à l’âge de 17 ans, il y a bien longtemps. Et, de bonheurs en déceptions, rien, à ce jour, ne m’a fait renoncer à la nécessité de l’organisation et à son objectif : la transformation radicale de ce monde, l’avènement d’une société libre. Laurent Fouillard Principes de base de
la Fédération anarchiste L’action de la FA est basée avant tout sur la défense des
exploités et sur leurs revendications révolutionnaires ; mais sans que
soit perdu de vue le fait que ce sont à la fois les classes et les
positions d’esprit qui s’opposent à l’anarchie. |