F
L’Organisation communiste libertaire

Jean-Pierre Duteuil

Long Term Loans Short Term Loads Big Lines of Credit best business loansbusiness loans SBA Loans Working Capital Merchant Cash Advances Equipment Financing Small Business Loans

Issue de l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) qui s’est séparée de la FA en 1970 sur la base de la plate-forme dite d’Archinov, du refus de la « synthèse anarchiste » et de l’affirmation de la lutte des classes, l’OCL existe sous ce nom depuis 1976. Elle rejette alors la plate-forme, mais sans revenir à la synthèse, considérant que ces deux projets organisationnels ne correspondent plus à la période. L’OCL sera toujours à la lisière entre l’existence en tant qu’organisation politique spécifique et la dilution de ses membres dans les mouvements. Ces va-et-vient entre deux attitudes qui peuvent paraître contradictoires ont souvent été appréciés comme une faiblesse de l’OCL, mais c’est aussi ce qui fait son originalité, sinon sa force : une capacité d’analyse et d’intervention dans les mouvements, une relative homogénéité de ses membres sur le fond (comparativement à d’autres organisations anarchistes, du moins).
L’OCL s’articule autour du triptyque révolutionnaire, communiste et libertaire :
– Communistes selon le principe « De chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins », dans une société sans propriété privée et gérée collectivement par des assemblées de base, où le travail serait une activité humaine partagée en fonction de besoins librement décidés, et non un esclavage salarié destiné à produire n’importe quoi du moment que cela permet de réaliser des profits et de maintenir la domination capitaliste.
– Libertaires car l’oppression ne se cantonne pas à une sphère strictement économique. Nous voulons une société sans domination d’aucune sorte. C’est dans ce cadre que nous attachons une importance particulière à la lutte contre le patriarcat. Nous pensons que c’est dès à présent qu’il faut commencer à modifier les rapports entre les êtres en écartant les aspects autoritaires au profit des aspects libertaires. Pourtant, ces modifications, aussi importantes soient-elles, ne peuvent s’établir pleinement au sein de la société actuelle, c’est pourquoi nous sommes révolutionnaires.
– Révolutionnaires : l’OCL se rattache à tout le courant du mouvement ouvrier qui, depuis cent cinquante ans et sur la base de la lutte de classes, considère que l’on ne peut détruire les fondements de la société par des réformes successives. Nous privilégions donc les moments de rupture au détriment de l’intégration. Nous sommes opposés au parlementarisme ainsi qu’à la participation à toute forme pérenne de délégation de pouvoir (il ne saurait, par exemple, y avoir de permanents syndicaux à l’OCL) et à toute forme étatique même transitoire. Ces moments de rupture, ils se construisent au cœur et au fil des mouvements sociaux. Nous considérons que notre rôle est, dans ces mouvements, de lutter pour leur autonomie en dénonçant toutes les formes d’institutionnalisation et les tendances à aller dans cette direction, en introduisant des passerelles entre ces mouvements, en luttant contre certains de leurs aspects qui tendent à reproduire l’ordre dominant.
C’est en ce sens que nous ne saurions borner l’anarchisme à un quelconque mouvement culturel plongeant dans le réformisme. Remettre la révolution au goût du jour est, pour nous, d’une première importance, face aux recompositions actuelles de nouvelles social-démocraties à la gauche de la gauche.
Cette reconnaissance dans la filiation du vieux mouvement révolutionnaire n’est pourtant pas sans ruptures. En particulier avec l’attachement quasi religieux à la notion de progrès technique et, par là même, aux sciences. Cette vision « progressiste » de l’Histoire a fait long feu et doit être combattue. De la même manière, tout le fatras idéologique issu de la Révolution française, à base de citoyenneté et de démocratie, qui tient lieu, à l’heure actuelle, de prêt-à-penser du politiquement correct.
Privilégiant la rupture au consensus, il nous paraît pourtant fondamental que ces éléments de rupture ne restent pas de grandes déclarations théoriques, mais soient introduits au sein des mouvements dans lesquels nous sommes ou que nous soutenons. C’est là l’enjeu, selon nous, des années à venir pour les anarchistes révolutionnaires.

Jean-Pierre Duteuil

Correspondance : OCL/égrégore, BP 1213, 51058 Reims cedex.