1871

Janvier

Sur l’intervention de M., le C.G. décide d’organiser des collectes pour les familles des sociaux-démocrates (Liebknecht, Bebel, etc.) emprisonnés. Dans la même séance, M. attaque les positivistes anglais (Beesly, etc.) qui font campagne pour une guerre contre la Prusse. (3 janv. )

La section russe de Genève envoie à M. des matériaux sur la politique agraire du gouvernement tsariste. (7 janv.)

M. informe Natalie Liebknecht de l’action de secours entrepris par le C.G. en faveur des internationaux allemands poursuivis par le gouvernement prussien. 71 se montre mécontent du Volksstaat qui prend la défense de Netchaïev (dont le procès venait de commencer à St. Péters¬bourg). (13 janv.)

Dans une lettre adressée au Daily News, M. démasque le régime policier de Bismarck et dénonce les persécutions dont sont victimes les sociaux-démocrates. La lettre, publiée sous le titre The Freedom of the Press and of Debate in Germany, se termine par cette phrase : « La France - dont la cause est heureusement loin d’être désespérée - lutte en ce moment non seulement pour sa propre indépendance nationale. mais pour la liberté de l’Allemagne et de l’Europe. » (16 janv.)

Sur la proposition de ’U, le G.G. décide d’adresser un avertissement à la rédaction du journal Felleisen, organe des associations ouvrières allemandes, paraissant à Zurich, favorable à l’annexion de l’Alsace-Lorraine. 11 attaque ensuite George Odger pour avoir tenté, dans un meeting ouvrier, de disculper le gouvernement provisoire de la France, dont certains membres portent depuis 1848 le stigmate de l’infamie, tel Jules Favre. (17 janv.)

M. parle au C.G. de la situation de l’A.I.T. aux Etats-Unis. Il déclare que ses informations sur Favre n’étaient pas destinées à la publication. (20 janv.)
M. instruit S. Meyer, co-fondateur de la section new yorkaise de l’A.I.T., de la situation (le l’Internationale en Europe. Il loue l’attitude, de Gladstone, favorable à la République française. « S’il l’emporte, l’héroïque philistin allemand recevra ce qu’il mérite. Le malheur est que l’actuel gouvernement français pense qu’il peut mener une guerre révolutionnaire sans faire une révolution. » La Prusse est complètement asservie au cabinet russe. « Le mouvement intellectuel qui se poursuit actuellement en Russie montre que les couches populaires sont en effervescence. » (21 janv.)

Au C.G., M. et E. interviennent dans la discussion sur l’attitude d’Odger. A la demande d’E., le C.G. décide de tenir un débat sur la position de la classe ouvrière anglaise vis-à-vis de la guerre franco-allemande. (25 janv.)

M. intervient dans la discussion du C.G. sur les sections espagnoles. Le C.G. charge E. d’assurer temporairement la charge de secrétaire correspondant pour l’Espagne. M. est chargé de communiquer à la section de Palma, sous influence bakouniste, les résolutions du C.G. sur l’Alliance. E. ouvre le débat sur l’attitude des travailleurs anglais dans l’actuelle phase de la guerre et critique l’esprit aventurier des radicaux positivistes qui réclament une intervention militaire de l’Angleterre en faveur de la France. I1 souligne la nécessité de forcer le gouvernement anglais, par des mesures diplomatiques, à empêcher une intervention militaire de la Russie. (31 janv.)

Février

Dans une lettre à Kugelmann, M. critique sévèrement les méthodes de défense employées par Jules Favre et le général J.-L. Trochu, gouverneur de Paris. « Troehu a jugé plus important (...) de tenir en échec les rouges que de battre les Prussiens. C’est là le vrai secret des défaites non seulement à Paris, mais partout en France, où la bourgeoisie a agi selon le même principe, en accord avec la plupart des autorités locales. » M. dit son dédain pour Louis Bonaparte et Bismarck, l’un et l’autre étant, à ses yeux, de « médiocres canailles ». Il discute la politique russe et anglaise. « Si la France résiste , si elle utilise l’armistice pour réorganiser ses armées et donner enfin à la guerre un vrai caractère révolutionnaire (...) l’impérialisme néo-germanique et borussien pourrait encore subir un baptême (le coups auquel il ne s’attendait pas du tout. » (4 févr.). Le même jour, il écrit aa Paul Lafargue sur « Messieurs les capitulards et les prisonniers du roi de Prusse » qui concèdent à Bismarck la suprême autorité en France. Mais « si la France résiste, si elle met à profit l’armistice pour réparer ses forces, si elle comprend enfin que pour mener une guerre révolutionnaire, il faut employer des mesures révolutionnaires et avoir une énergie révolutionnaire, alors elle pourrait encore être sauvée. » (4 février)

Présence de M. au C.G., qui poursuit la discussion sur la politique extérieure de l’Angleterre. (7 févr.)

De Bordeaux, Paul Lafargue informe M. des élections à l’Assemblée Nationale : « (...) nous aurons une chambre des plus réactionnaires. » (9 févr.)

E. informe le Conseil fédérai espagnol des progrès de l’A.I.T. en Europe et en Amérique. Il souligne la nécessité, pour les travailleurs, de créer dans tous les pays des Partis prolétariens indépendants ; d’utiliser le suffrage universel comme moyen d’action et le parlement comme moyen de propagande. (13 févr.)

M. parle au C.G. (les poursuites policières engagées en Autriche et en Allemagne contre des représentants du mouvement ouvrier ; de l’activité de Serraillier à Paris. Il intervient dans le débat sur la position de la classe ouvrière anglaise à l’égard de la guerre et de la reconnaissance de la République française par le gouvernement anglais, et souligne l’intérêt pour le prolétariat de voir le gouvernement monarchique faire place à la république. (11 févr.)

M. rencontre Serraillier qui l’informe de la situation en France. (19 févr.)

Au C.G., M. signale les inexactitudes du compte rendu de son intervention du 14 février, publié par Eccarius dans Eastern Post. (21 févr.) Au C.G., Serraillier fait un rapport sur la situation en France. Au cours de la discussion, M. critique Odger pour avoir défendu publiquement Favre. Il parle du procès intenté aux dirigeants de la socialdémocratie allemande. (24 févr.)

Lettre de M. à Serraillier : « (...) Si c’est pour nous un succès de voir arriver nos frères à représenter la classe ouvrière au Parlement français, il est pénible d’avouer que bien peu d’entre les associés de la branche française prennent au sérieux le rôle si beau, si digne, si plein d’avenir de la Société Internationale. (...) » (28 fév. (cf. Sempronius, Histoire de la Commune de Paris en 1871, Paris (1871), p. 102 ; cité par Ch. Rihs, La Commune de Paris..., 1955, p. 71.)

Mars

A propos des poursuites engagées contre le comité social-démocrate da Brunswick, M. informe Natalie Liebknecbt que sa lettre (voir plus haut, ler sept. 1870) ne fut pas écrite « au nom ou sur ordre du C.G. o. « J’y parle toujours en mon nom personnel. C’était en fait une réponse (...) à une lettre où on me demandait de formuler mon opinion personnelle. C’était tout à fait légitime. Tout au moins je ne connais pas d’article du Code pénal qui interdise pareille chose (... ) L’empire allemand continue la campagne de l’empire français contre l’Internationale. Rien ne caractérise mieux les derniers jours de celui-ci que les poursuites judiciaires contre les Internationaux, parce qu’ils ont mené la guerre contre la guerre projetée. » (2 mars.)

M. informe le C.G. de l’activité des membres de l’A.I.T. en France et aux Etats-Unis. Le C.G. le charge de renseigner le Comité central des sections américaines sur les pouvoirs qui lui sont dévolus. 11 reprend son argument sur la ligne à suivre par le prolétariat anglais en matière de politique étrangère. (7 mars.)

Au C.G., M. parle de l’élection de Bebel au Reichstag allemand, et de la création à New-York d’une section irlandaise de l’A.I.T. Il intervient dans une discussion sur la convocation d’une conférence de l’A.I.T. qu’il trouve inopportune, vu l’extrême instabilité de la situation politique en France. Reprise de la discussion sur la position de la classe ouvrière anglaise pendant la guerre. Le C.G. adopte une résolution proposée par E, sur la lutte contre la politique de conquête des puissances réactionnaires. A propos de 1a clôture de la Conférence londonienne de la Mer Noire (13 mars), M. critique la politique extérieure de l’Angleterre. (14 mars)

Dans un article de la Pall Mall Gazette, E. évoque l’alliance secrète entre la Russie et la Prusse, la grave crise financière et la politique de conquête de la Russie. (16 mars.)

Au C.G., E. évoque l’insurrection parisienne et la proclamation de la Commune. Sur proposition de M., il est décidé de faire campagne parmi les ouvriers anglais pour organiser des manifestations de solidarité avec le prolétariat parisien. Le G.G. approuve une déclaration de M. réfutant les informations de la presse anglaise sur la prétendue attitude anti-allemande du Conseil fédéral parisien. (21 mars ; la déclaration paraît dans le Times du 23 mars.)

Dans les déclarations envoyées au Times (23 mars), au Volksstaat (29 mars) et à la Zukunft (26 mars), M. flétrit la campagne de calomnies lancées par Paris-Journal contre l’ A.LT. et contre lui-même. (21-23 mars.) « 11 est tout naturel que les grands dignitaires et les classes dominantes de la vieille société qui ne sauraient perpétuer le pouvoir et J ’exploitation des masses productives que par le moyen des luttes et des antagonismes nationaux, traitent l’Internationale comme leur ennemi commun. Pour l’anéantir, tous les moyens sont bons » (23 mars.) M. informe Paul Lafargue (à Bordeaux depuis septembre 1870) de ses démêlés avec Paris-Journal. (23 mars.)

M. s’entretient avec Serraillier qui se rend à Paris comme délégué du C.G. E. et M. parlent au C.G. du mouvement républicain en Angleterre. E. : « Avant que nos idées deviennent une réalité, il faudra bâtir la république. Nous devons être attentifs au développement du mouvement républicain, et il est juste que les membres de l’Internationale y participent et lui donnent la direction nécessaire. » M. : « Aucun mouvement républicain ne saurait devenir une force réelle sans se transformer en un mouvement social. » (28 mars.)

Par l’intermédiaire de Jenny Serraillier, M. apprend les nouvelles d’Auguste Serraillier sur la situation à Paris. D’une lettre envoyée par A. S. : « Le mot d’ordre des réactionnaires, c’est que Marx fait marcher les internationaux français, leur fait faire des grèves pour augmenter les salaires et faciliter la concurrence allemande. C’est idiot, pourtant le Conseil doit répondre à cela. » Le même jour, Léo Frankel annonce à M. son élection à la commission du travail et de l’échange de la Commune, et déclare : « Si nous pouvions amener un changement radical des rapports sociaux, la révolution du 18 mars serait la plus féconde des révolutions que l’histoire ait enregistrées jusqu’à ce jour. Elle ôterait aussi tout terrain à toute révolution future, puisqu’il ne serait plus rien resté à conquérir dans le domaine social. (...) Votre avis sur les réformes sociales à appliquer sera extrêmement précieux pour notre commission. » (30 mars.)

Dans une lettre au journal anversois De Werker, M. stigmatise la cc bonne presse » d’Europe qui ne recule devant aucun faux dans sa lutte contre l’Internationale. (31 mars, publié le 8 avril.)

Avril

Hermann Jung (Manchester) déplore, dans une lettre à M., la « folie » des internationaux français qui désertent les villes (le province (Lyon, Marseille, etc.) et « se précipitent à Paris pour y récolter les profits d’une révolution avant d’en avoir assuré le succès. » (2 avril).

Dans une lettre au Times, M. réfute la rumeur répandue par des feuilles anglaises (d’après la presse française) selon laquelle l’insurrection de Paris serait « organisée depuis Londres », l’instigateur étant Marx, c chef suprême de l’Internationale ». (3 avril, publié le 4 avril.)

M. informe Liebknecht que la police prussienne pour discréditer l’Internationale, fait répandre en France le bruit que M. est un « agent (le NI. Bismarck ». (4 avril.)

M. explique à Liebknecht les deux principales raisons de l’échec probable de la Commune :
- 1° refus d’ouvrir la guerre civile, alors que Thiers l’avait pratiquement provoquée ;
- 2° perte d’un temps précieux cc pour ne pas donner l’impression d’avoir usurpé le pouvoir ». (6 avril.)

Paul Lafargue (Paris) à M. : « J’ai vu les hommes de la Commune qui sont pleins d’enthousiasme, ainsi que la population ; ils ont toujours l’espoir de prendre Versailles et ils travaillent pour cela. Les hommes ne manquent pas, ce sont les chefs qui font défaut. C’est ce que me disait Vaillant. Engels ne pourrait-il pas venir mettre ses talents au service de la révolution ? » (8 avril.)

Au C.G., E. commente la situation à Paris et déplore que le comité central (le la Garde nationale ait cédé ses pouvoirs après les élections ; la Commune a manqué une occasion favorable pour une offensive sur Versailles. (11 avril.)

Dans une lettre à Kugelmann, M. exprime son admiration enthousiaste pour l’héroïsme des communards parisiens, tout en nommant les erreurs commises : refus de commencer la guerre civile et de marcher sur Versailles ; abandon prématuré par le comité central de la Garde nationale de ses pouvoirs pour faire place à la Commune. o Quoi qu’il en soit, l’actuelle insurrection de Paris (...) est le fait le plus glorieux de notre parti depuis l’insurrection de Juin. » La tentative de la Commune a prouvé que toute révolution populaire devra désormais viser la destruction de la machine d’Etat, bureaucratique et militaire, et non, comme dans le passé, le transfert de cette machine d’une main à l’autre. (12 avril.)

Par l’intermédiaire d’un marchand allemand, M. transmet des conseils militaires à la Commune et envoie les instructions demandées concernant les possibilités de vendre des valeurs à 1a Bourse de Londres. (Mi avril, CHR., p. 301.)

De Paris, Serraillier envoie des informations à Londres pour démentir les faux bruits répandus par la presse. « Jamais Paris n’a été aussi tranquille et unanime pour conquérir ses droits. Chose étrange : le plus ferme appui de la Commune, c’est la bourgeoisie ! ( ...) Ce qui me donne confiance et me fait dire que nous vaincrons, c’est que Paris combat sans espoir de secours de la province (...) Que n’est-il donné au monde de jeter les yeux sur Paris en ce moment ! Ce serait la condamnation de tous ces systèmes policiers. » (12 avril.) « La Commune a fait tout ce qu’il était possible de faire (...) Ce qui est le plus étonnant, c’est que la bourgeoisie soutient la Commune d’une manière qui ne peut laisser aucun doute. Je crois même qu’elle y tient plus que la classe ouvrière (...) Pour les hypothèques, j’ai proposé à divers membres de la Commune de faire un projet, mais sans résultat. (...) Cependant, je prierai Mr. Marx de faire quelque chose là-dessus que je proposerai à Frankel et il est probable que, venant de lui, il le propose et le fasse accepter (...1. » (15 avril.)

Nicolas Outine écrit à M. (de Genève) pour lui demander son avis sur l’utilité d’aller combattre à Paris. « (...) Voilà les question, qui m’agitent (...) vous voudrez bien considérer que cette franchise n’est que l’expression de la confiance illimitée que m’inspirent votre esprit, votre tact politique et votre sincère dévouement de toute 1a vie à la Cause que nous servons tous (... ). (17 avril. )

D’une lettre de M. à Kugelmann : c (...) les canailles bourgeoises de Versailles ont mis les Parisiens devant l’alternative : accepter le combat ou succomber sans combat. Dans ce dernier cas, la démoralisation de la classe ouvrière aurait été un malheur beaucoup plus grand que la perte d’un nombre quelconque ale " chefs ". La lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste et son Etat, est entrée, grâce à la lutte parisienne, dans une nouvelle phase. Quelle qu’en soit l’issue, un nouveau point de départ d’une immense portée historique a été gagné. » (I7 avril.)

M. informe le C.G. de l’élection de 8erraillier à la Commune. Il approuve l’exclusion de Tolain par le Conseil fédéral (le Paris et se prononce pour la publication d’une Adresse sur la signification historique (le la Commune. (18 avril, CI3R, p. 301.)

D’une lettre de Jenny Marx à Kugelmann : « (...) Il m’est impossible de rester tranquille, alors que les plus braves et les meilleurs des hommes sont massacrés Fur l’ordre de ce clown de Thiers (...) Même la presse de Londres (...) est obligée d’avouer aujourd’hui que jamais un principe ne fut défendu avec autant de courage et d’audace. » (18 avril.)

Au C.G., M. parle de la Commune et dénonce la campagne calomnieuse montée par Félix Pyat et Vésinier contre Serraillier et Dupont ; il communique les nouvelles transmises par Lafargue et d’autres : a L’enthousiasme du peuple et de la Garde nationale est inimaginable, et les Versaillais sont des imbéciles s’ils espèrent pouvoir pénétrer dans Paris. Paris ne croit pas en un soulèvement des provinces et sait que des forces supérieures sont mobilisées contre la capitale ; mais celle-ci n’a pas peur ; elle craint seulement une intervention prussienne et le manque de vivres. » (25 avril.)

D’une lettre de Léon Frankel à M. : « Depuis quelques jours, je suis membre de la Commission exécutive, en qualité de délégué du département des travaux publics. (...) 1e serais bien heureux, si vous vouliez d’une façon ou d’une autre m’assister de vos conseils (...) Les quelques lignes de votre dernière lettre prouvent que vous ferez tout votre possible pour faire comprendre à tous les peuples, à tous les ouvriers, et particulièrement aux ouvriers allemands, que la Commune de Paris n’a rien de commun avec la fameuse commune rurale allemande. En tout cas, vous aurez rendu un grand service à notre cause. » (25 avril.)

V.Schily à qui M. avait demandé de lui procurer des rapports du ministre de l’Agriculture sur la situation de la paysannerie en France. lui conseille de venir étudier à Paris : « Mais il faudrait te dépêcher, car je crains fort que la Commune ne tienne pas longtemps. » (29 avril.)

Mai

Des nouvelles parviennent à M. de Paris : malgré la passivité de la province, Paris tient bon (« Paris est vraiment révolutionnaire »), la Commune, après avoir commis des fautes, « marche bien » (Elisabeth Dmitrieva-Tomanovsky à H. 7ung, 24 avril.) Malheureusement (...), nous devons (...) patienter, les révolutions décisives plus ou moins imminentes d’autres grandes villes se faisant pour le moment attendre. » (...) « Faut-il vous attendre en personne, comme Schily nous le fait espérer ? Ce serait le plus beau tour que vous puissiez nous jouer. » (R. Reinhardt à M., 1°r mai.)

Malade, M. ne peut assister aux réunions du C.G. E. commente la situation militaire à Paris et les grèves en Espagne et en Belgique. A l’occasion du centenaire de la naissance de Robert Owen, il souligne les mérites de celui-ci pour le développement de la pensée socialiste. (9 mai.)

D’une lettre de Jenny Marx à Kugelmann : « Vous ne pouvez pas vous imaginer combien les événements de France ont fait souffrir mon mari, mes filles et nous tous. (...) Le défaut de direction, la méfiance, toute naturelle, envers tout ce qui est « militaire » (...) tous ces maux, inévitables, dans un mouvement si hardi et si jeune, eussent été certainement surmontés par le noyau de ces braves ouvriers, conscients et pleins d’abnégation. Mais il semble qu’à présent tout espoir est perdu. (...) Dès que (Marx) aura mis au point son Adresse pour l’Internationale, il vous écrira. » (12 mai.)

M. remontre un émissaire de la Commune et transmet, par son intermédiaire, des renseignements à Frankel et Varlin sur l’entente secrète entre Bismarck et Favre pour écraser la Commune. Du message de M. à Frankel et Varlin : « J’ai écrit plusieurs centaines de lettres dans votre cause à tous les coins du monde où nous avons des branches. La classe ouvrière était du reste pour la Commune dès son origine (..) La Commune semble perdre trop de temps avec des bagatelles et des querelles personnelles. On voit qu’il y a d’autres influences que celles des ouvriers. » (13 mai.)

Sur proposition d’E., M. est nommé secrétaire correspondant provisoire pour la Hollande. (16 mai.)

M. réapparait au C.G. et déclare qu’il présentera à la prochaine séance l’Adresse promise. Parlant de la Commune,, il dit que sa défaite ne fera que différer la lutte. « Les principes de la Commune sont éternels et tic peuvent être détruits, ils seront affirmés sans cesse 3 nouveau, jusqu’à ce que la classe ouvrière soit émancipée. (...) Bismarck, Thiers et I’avre ont conspiré pour anéantir la Commune. » Il parle de la peur que l’Internationale inspire aux classes dominantes. (23 mai.)

Eugène Oswald écrit à M. et lui dit son indignation devant les « horreurs des Versaillais » que rien ne justifie ; il offre son concours pour venir en aide aux communards qui viendront chercher refuge en Angleterre. (’24 niai.)
Au C.G., M. donne lecture de l’Adresse sur la Commune (ha Guerre civile en France)- Elle reçoit l’approbation unanime et sera publiée comme brochure et réimprimée par plusieurs organes de l’A.I.T. (30 mai.)

Juin

Au C.G., M. dénonce les calomnies que répand la presse anglaise sur l’Internationale et la Commune. M critique les attaques de Mazzini (dans Cantenporary Review) contre la Commune. « C’est un fait que Mazzini, avec son républïcanisme vieillot, n’a rien compris et rien atteint. Par ses appels à la nationalité, il a suscité en Italie un despotisme militaire. Pour lui, l’Etat, œuvre de son imagination, est tout, alors que la société, qui est une réalité, n’est rien à ses yeux. Plus tôt le peuple se séparera de lui, mieux ce sera. » (6 juin.)

Dans une lettre à la Pall Mall Gazette, M. dément la nouvelle, publiée la veille, suivant laquelle il aurait été arrêté en Hollande. « (... ) ce n’est là qu’une des histoires sensationnelles sur l’Internationale que la police franco-prussienne a fabriquées infatigablement ces deux derniers mois, que la presse versaillaise a publiées et que la presse européenne a reproduites. » (8 juin.)

M. renseigne E.S. Beesly sur ses relations avec la Commune et sur les conseils qu’il avait prodigués à ses membres en vue de tenir en échec l’assemblée versaillaise. (12 juin.)

Le C.G. adopte une déclaration publique écrite par M. et E. contre une circulaire adressée par Favre aux gouvernements européens pour les exhorter à pourchasser les membres de l’A.I.T. « D’un bout à l’autre de sa circulaire (...) Favre ne fait que répéter sur l’Internationale les inventions policières des accusateurs publics de l’Empire, et qui se sont écroulées misérablement, devant les cours de justice mêmes de cet Empire. » (12 juin.)
M. écrit à ses filles Jenny et L.aura (qui se trouvent chez Lafargue en France, dans les Pyrénées) pour leur dire les inquiétudes qu’il ressent pour leur sécurité et celle de son gendre, et pour leur conseiller de passer en Espagne. (13 juin.)

A la suite de la publication de l’Adresse sur la guerre civile en France (sortie des presses vers le 13 juin), la presse anglaise se déclare contre l’Internationale et contre Marx. « L’Adresse fait un bruit du diable, et j’ai l’honneur d’être, en ce moment, l’homme le plus calomnié et le plus menacé de Londres. » (A Kugelmann, 18 juin.)

Par suite des attaques lancées par Odger et Lucraft contre le C.G. et AI. à cause de l’Adresse sur la Commune, le C.G. décide de rayer leurs signatures dans l’Adresse. Sur proposition d’E., il est décidé d’envoyer une déclaration au Daily News pour répondre aux attaques de G. Holyoake contre le C.G. et pour faire connaître l’auteur de l’Adresse. Sur proposition de M., le C.G. décide d’adresser des démentis à la presse de Londres en faveur de la Commune. (20 juin.)

E. envoie à Liebknecht l’Adresse sur la Commune, traduite par lui en allemand. (22 juin.) Elle sera publiée dans Volksstaat en juin-juillet 1871.
Le Daily News publie la lettre du C.G. (rédigée par E.) déclarant que « l’Adresse, comme nombre d’autres publications du Conseil ont été rédigées par Karl Marx, secrétaire-correspondant pour l’Allemagne ; elle a été adoptée à l’unanimité et n’a été reniée par personne. » (23 juin.)

Dans une lettre au Daily News, M. déclare être l’auteur de l’Adresse sur la Commune et prendre la responsabilité personnelle pour les accusations qu’il p a formulées contre « Jules Favre et Cie ». Il dénonce la presse anglaise qui se fait l’écho de la « petite presse » française dont elle reproduit les calomnies les plus infâmes contre les communards. (26 juin.)

M. adresse une lettre au rédacteur de la Pali Mall Gazette (Fr. Greenwood), le traitant de « calomniateur » pour avoir qualifié les accusations de M. contre Favre de calomnies. « Si nous vivions sur le continent, j’aurais choisi une autre manière pour vous demander raison. » (30 juin ; paru dans Eastern Post, 8 juillet.)

Juillet

Robert Reid, correspondant parisien du Daily Telegraph, rend visite à M. et lui offre son concours pour combattre les calomnies visant la Commune. Il informe M. de l’attitude hostile que E.B. Washburne, ambassadeur américain à Paris, avait prise contre la Commune. (Début juillet.)

Dans une lettre à Carlo Cafiero (Naples), E. souligne le caractère non. doctrinaire de l’A.I.T. et critique sévèrement le sectarisme de Bakounine. « (...) Marx et moi, nous sommes d’aussi bons et anciens athées et matérialistes que Bakounine, comme le sont aussi presque tous nos membres. (...) L’ " abolition de l’Etat " est une vieille phrase allemande, dont nous faisions déjà beaucoup usage quand nous n’étions que des enfants. Mais inscrire toutes ces choses dans notre programme serait éloigner un nombre immense de nos membres, et diviserait au lieu d’unir le prolétariat européen. » (1er juillet).

M. accorde une interview au correspondant londonien du journal new-yorkais The World. Il y fait l’apologie de l’Internationale et de la Commune : l’A.I.T. est une organisation publique et le C.G. n’étant pas un gouvernement ni un « centre pontifical de domination et d’intrigue, n’a provoqué ni commandé l’insurrection parisienne, bien que les plus capables parmi les responsables de la Commune aient été membres de l’A.I.T. » (3 juillet ; publié le 18 juillet.)

Sur la proposition de M., le C.G. décide de remettre à Robert ReiJ 590 exemplaires de l’Adresse aux fins de propagande. M. recommande la nomination de J.-P. Mac Donnel qui exerce un rôle dirigeant dans le mouvement ouvrier et national de l’Irlande. Il informe le C.G. de la situation des sections de l’A.I.T. aux Etats-Unis. M. et E. déclarent avoir rompu avec la Pall Mall Gazette qui a participé à la campagne contre l’A.I.T. A la même séance, le communard Tibaldi, garibaldien, apporte la preuve que Luigi Wolff, ancien secrétaire de Mazzini, fut un agent bonapartiste. (4 juillet.)

Le sous-comité charge M. de dénoncer, dans une Adresse aux ouvriers américains, l’attitude de l’ambassadeur américain Washburne pendant la Commune. (7 juillet.)

M. assiste à une réunion du Club international socialiste, convoquée pour protester contre les condamnations de communards (dont Louise Michel) dans plusieurs villes de France. (8 juillet.)

F.A. Sorge (Hoboken, U.S.A.) écrit à M. qu’il a reçu les onze exemplaires de l’Adresse sur la Commune et lui demande de lui envoyer d’urgence au moins vingt nouveaux exemplaires (8 juillet.)

Le C.G. adopte l’Adresse, « Mr. Washburne, ambassadeur américain », rédigée par M. et décide de la publier sous forme de tract. M. dénonce les procédés policiers - fabrication de faux documents - au procès contre Adolphe. Alphonse Assi, membre de la Commune. Sur sa proposition, Rochat et Lochner sont élus membres du C.G. (11 juillet.)

Dans une lettre au Morning Advertiser, M. dément les déclarations qui lui sont attribuées dans un éditorial de ce journal : “ Vous avez sans doute été trompé par les faux publiés presque journellement par la police française sous mon nom pour obtenir les preuves contre les internationaux emprisonnés à Versailles. » (11 juillet ; paru le 13 juillet.)

A la demande de F.S. Beesly, M. envoie les publications du C.G. à Futson, secrétaire privé du ministre de l’Intérieur britannique. (12 juillet ; CHR., p. 309.)

Lettre de M. au Standard pour désavouer un faux reproduit par ce journal d’après Paris-Journal et autres feuilles policières françaises. (13 juillet ; paru le 17 juillet.)

Dans un article publié dans La Roma del popolo, Mazzini attaque l’Internationale, le C.G. et tout particulièrement 1VI. (13 juillet.)

E. informe Cafiero des persécutions gouvernementales dont l’A.I.T. est l’objet dans divers pays. Il parle (le la future exclusion des bakounistes qui « ont encore l’intention de former une Internationale à eux à côté de la grande Internationale. » (16 juillet. )

M. reçoit à son domicile Piotr Lavrov et un groupe de communards. (16 juillet.)
Le C.G. discute des mesures d’aide aux réfugiés de la Commune. A la demande de Théophile Dombrovsky, frère de Jaroslav D., tombé aux barricades, M. dénonce les agissements tapageurs de Le Lubez. (18 juillet.)

Dans un entretien avec le correspondant du New York Herald, M. trace les portraits des principaux chefs de la Commune et résume les thèses essentielles de sa critique sociale. (20 juillet).

M. assiste à une réunion du C.G. chez le communard Paolo Tibaldi. (24 juillet.)
Sur proposition d’E., le C.G. décide de convoquer en septembre une Conférence fermée, au cours de laquelle sera examinée la question de l’Alliance bakounienne. M. et E. considèrent que, par ses agissements au sein des sections suisses, l’Alliance s’est exclue elle-même de l’A.I.T. M. parle des attaques du Pape contre les communards, et E. des rapports de Mazzini et de l’A.LT. (25 juil.)

M. informe Ch. Caron, secrétaire provisoire du Club international et républicain de New-Orleans, que le C.G. a admis le Club comme section de l’A.I.T. (26 juil. ; Werke, 17, p. 779.)

M. informe la section russe de l’A.I.T. (en Suisse) de la décision du C.G. de convoquer pour le 17 septembre une Conférence fermée de l’Internationale à Londres, et lui communique les résultats de la discussion concernant l’appartenance de l’Alliance à l’Internationale. (M. à Outine. (27 juil.)

M. à Kugelmann : « Le travail pour l’Internationale est immense » en outre, Londres est envahi par des réfugiés dont nous avons à prendre soin. Puis, je suis assailli par toutes sortes de gens, hommes de presse, etc. qui désirent voir le "monstre" de leurs propres yeux. » (...) « La presse quotidienne et le télégraphe (...) fabriquent en une journée plus de mythes (...) qu’il n’en a été inventé autrefois en un siècle. » (27 juil.)

E. fait part à Cafiero de la difficulté de maintenir, au C.G. et au sein de l’A.I.T., l’unité et la stabilité de l’Association, surtout à cause de la « furie sectaire » des bakouninistes. Il lui communique les décisions du C.G. du 22 déc. 1868 et du 9 mars 1869 concernant l’Alliance de la Démocratie Socialiste. Sur M. et Mazzini : « Si Mazzini dit de notre ami M. que c’est un " homme d’un esprit ... dissolvant, d’un tempérament dominateur, etc. ", je peux seulement vous dire que la " domination dissolvante " et intransigeante de M. ont su maintenir notre association pendant sept ans et, qu’iL a fait plus que quiconque pour la porter à sa glorieuse position actuelle. » (27 juil.)

Réunion (Lepelletier, Hubert, Glaser de Willeford ,etc.) chez M. en vue de la publication des actes du tribunal militaire contre les communards. (30 juil. : CHR., p. 311.)

Aout

M. informe le C.G. de la fondation d’une Internationale ouvrière catholique par l’archevêque de Mecheln. II critique le comportement d’Odger qui intrigue contre l’Internationale. Sur sa proposition, Hermann est nommé secrétaire pour la Belgique, Engels pour l’Italie et Mc Donnell pour l’Irlande. (1°r août.)
Paul Lafargue écrit à M. (de Luchon) au sujet du Manifeste sur la Commune qu’il s’offre à traduire en français : « ( ...) je dois vous dire (lue de tout ce que j’ai lu de vous, c’est le plus fort. Vous êtes parvenu à faire vibrer toutes les fibres populaires. » (1er août.)

M. envoie au Times une lettre (FE. (signée « Justitia ») au sujet du traitement inhumain infligé au communards incarcérés à Versailles. (7 août ; non publiée.)
M. participe à une discussion au C.G. concernant l’aide à apporter aux ouvriers métallurgistes en grève à Newcastle. Il souligne l’importance de l’affiliation des syndicats à l’A.I.T. Sur sa proposition, Longuet, Vaillant et Theiss sont nommés membres du C.G. (8 août.)

M. communique à A. Hubert, communard réfugié à Londres, pour les transmettre au défenseur des accusés de Versailles, des documents et des informations pouvant être utilisés dans l’intérêt de la défense : les deux manifestes du C.G. sur la guerre franco-prussienne (23 juil. et 9 sept. 1870) prouvant que « Bismarck était aussi coupable que Bonaparte » et dénonçant les « plans de conquête du gouvernement prussien ». M. insiste sur la campagne du C.G. en faveur de la République française et sur l’appui donné par l’A.I.T. à la France pendant la guerre. « Au même moment où des journaux infâmes me dénoncèrent à Thiers comme l’agent de Bismarck, Bismarck emprisonna mes amis [Liebknecht et Bebel] comme coupables de haute trahison contre l’Allemagne et donna l’ordre de m’arrêter si je venais visiter l’Allemagne. p (...) « Tout cela prouve que le gouvernement français lui-même considère l’Internationale comme un allié de la République française contre le conquérant prussien - et elle était en effet le seul allié de la France pendant la guerre. p (10 août.)

M. informe le C.G. de la situation de l’A.I.T. aux Etats-Unis. Sur sa proposition, le sous-comité est chargé d’élaborer le programme de la prochaine Conférence qui aura à s’occuper uniquement de questions d’organisation et de politique. (15 août.)

M. proteste, dans une lettre au New York Herald contre la manière dont le correspondant londonien a rendu les déclarations qu’il lui avait faites le 20 juillet. (17 août.) Il enverra (le 27 août) cette protestation au Gaulois (Paris) qui avait publié des extraits de cette interview.

Dans une lettre au journal Public Opinion (Londres) qui avait reproduit. une information de la Nationalzeitung berlinoise (organe de Bismarck) suivant laquelle lui et les « agitateurs socialistes » voleraient l’argent des ouvriers, M. déclare qu’il n’a jamais demandé ni reçu un liard des ouvriers, anglais ou autres. « A l’exception du secrétaire général qui reçoit un salaire hebdomadaire de 10 sh., tous les membres du C.G. de l’Internationale remplissent leur charge gratuitement. » (19 août ; paru le 26 août.)

E. informe le C.G. des progrès de l’A.I.T. en Espagne et aux EtatsUnis. Le C.G. charge M. de rédiger l’appel aux travailleurs américains pour apporter leur aide aux communards réfugiés. (22 août.)

M. renseigne Friedrich Bolte, membre de la section allemande de l’A.I.T. à New York, sur la situation difficile des communards réfugiés à Londres et sur l’insuffisance des moyens dont disposent le C.G. et les sections continentales. « J’espère que vous pourrez faire votre possible à New-York. » (25 août.)

Dans une lettre à Charles Dana, rédacteur du journal new-yorkais The Sun, M. fait 1e récit de l’arrestation de ses filles à Luchon. « Toute cette histoire à Luchon et la façon dont elle a été racontée par la presse n’étaient que des tentatives infâmes de M. Thiers et Cie pour se venger de moi, auteur de l’Adresse du C.G. de l’Internationale sur la Guerre civile. » (25 août ; publié le 9 sept.)

M. demande à l’auteur américain M.D. Conway vivant à Londres d’organiser une collecte en faveur des communards réfugiés. (29 août.) Dans une lettre adressée au journal La Vérité (Paris), M. déclare que tous les manifestes publiés à Paris sous le nom de l’Internationale depuis l’entrée à Paris des troupes gouvernementales sont des faux. (30 août ; publié dans Le Soir, le 3 sept.)

Septembre

Le Evening Standard ayant repris l’article de la Nationalzeitung reproduit par Public Opinion, M. envoie à ce journal une lettre de protestation et une copie de sa réponse (voir plus haut, 19 août). « Le gouvernement prussien sait pourquoi il cherche par tous les moyens â répandre ces calomnies infâmes par la presse anglaise. Ces articles ne font que présager les persécutions imminentes de l’Internationale par le gouvernement. » (4 sept., publié le 6 sept.)

Le sous-comité approuve le projet de l’ordre du jour de la Conférence, préparé par M. : cotisations, organisation de l’A.I.T. dans les pays où elle est illégale, manifeste contre les persécutions gouvernementales, pouvoirs des délégués du C.G., nouvelles traductions de, Statuts. M. est chargé de rédiger le rapport du C.G. (9 sept., CHR., p. 313 sq.)

Le sous-comité transmet au C.G. la proposition de Hales et de Longuet de soumettre à la Conférence le projet tendant à la création d’un Conseil fédéral anglais. Sur proposition de M., il est décidé d’inscrire à l’ordre du jour de la Conférence la question de la création de sections féminines. (11 sept. ; CHR., p. 314.)

Au nom du sous-comité, E, soumet au C.G. - qui l’adopte - le programme de la Conférence. (12 sept. ; Werke, 17, p. 782.)

Au C.G., M. et E. interviennent dans la discussion portant sur la représentation des pays qui n’auront pas envoyé de délégués à la Conférence. Sur proposition de M., il est décidé d’inscrire au programme de la Conférence la question du Conseil fédéral anglais. (16 sept. ; CHR., p. 314.)

Dans son intervention à la première séance de la Conférence de Londres, M. définit le triple but de cette réunion :
- 1° réorganisation de l’Association en vue de parer aux dangers dont elle est menacée dans plusieurs pays ;
- 2° riposte aux gouvernements qui menacent de détruire l’Association ;
- 3° règlement définitif du conflit suisse. M. propose qu’on nomme une commission de 5 membres pour établir une enquête sur la dernière question, mais refuse d’en faire partie. (17 sept.)

Intervention de M. à la deuxième séance : les événements ne lui ont pas laissé le temps de préparer le rapport dont il avait été chargé par le C.G. Il fera verbalement ce rapport à la fin de la Conférence. M insiste sur le caractère privé de la réunion. Il donne lecture de la proposition du C.G. portant sur la désignation des conseils (fédéraux) et des sections (locales) de l’A.I.T. dans les divers pays. Intervenant ensuite sur la 2° proposition du Conseil, M. signale l’urgence de publier de nouvelles traductions des statuts, étant donné que le texte publié en France contenait de nombreuses inexactitudes. (18 sept.)

A la troisième séance, les propositions n° 3 (création de sections de femmes) et n° 4 (ordonnant une statistique générale de la classe ou
vrière), lues par M. au nom du C.G., sont adoptées à l’unanimité. (19 sept.) De même, les propositions n° 5 (les délégués nommés par le C.G. à des missions spéciales pourront assister et intervenir aux réunions des conseils fédéraux, sans avoir le droit de voter) et les propositions n° 6 (obligation pour toutes les branches de l’A.I.T. de payer leurs cotisations sous peine d’exclusion). (19 sept., séance du soir.)

A la cinquième séance, M. intervient dans la discussion provoquée par la proposition de P.-L. Delahaye tendant à la création d’une fédération internationale des métiers qui seront la « commune de l’avenir » : il est persuadé que les trade-unions n’accepteront pas cette fédération, car elles sont une « minorité aristocratique » dont les ouvriers pauvres ne peuvent faire partie.« Les trade-unions ne peuvent rien par elles mêmes ; elles restent une minorité, elles n’auront aucune puissance sur sur la masse des prolétaires, tandis que l’Internationale agit directement sur ces hommes. » La langue et la division du travail sont également des obstacles à cette union internationale. M. « nie que ce soit là la commune de l’avenir, car ce projet repose sur la division du travail, principale cause de l’esclavage des ouvriers. » Dans la suite de la discussion (au cours de laquelle E. abonde dans le sens de M.), M. insiste sur le lien étroit qui rattache les trade-unions à l’A.LT. : « si elles veulent user de leurs forces, avec notre aide, elles peuvent tout faire. Elles avaient un paragraphe de leurs statuts qui leur défendait de se mêler de politique ; elles n’ont fait des mouvements politiques que sous l’influence de l’Internationale. o (20 sept.)

Après Serraillier, Perret et De Paepe, M. intervient dans la discussion sur la proposition de Vaillant, Longuet et Martin relative à l’action politique de la classe ouvrière comme moyen d’abolir les classes. Selon Vaillant, l’abstention en politique est contraire à l’esprit et à la lettre des statuts de l’A.I.T. M. déclare que « cette abstention coupable » avait contribué à la défaite de la Commune, car elle avait permis le 18 mars la constitution d’un « comité dictatorial composé en majeure partie de bonapartistes et d’intrigants qui ont perdu sciemment, dans l’inaction, les premiers jours de la révolution, qu’ils auraient dû consacrer à son affermissement ». Il ne faut pas sous-estimer la représentation ouvrière dans les parlements, car la tribune parlementaire est un moyen de propagande efficace pour les principes de l’Internationale. « Les gouvernements nous sont hostiles, ils faut leur répondre par tous les moyens possibles (...) Mettre des ouvriers dans les parlements, c’est autant de gagné pour eus, mais il faut choisir des hommes et ne pas prendre des Tolain. » (20 sept. ; séance du soir.)

Après l’intervention d’E. à la septième séance en faveur de la proposition Vaillant, M. revient, dans la huitième séance, sur la question de l’action politique et donne lecture de l’Adresse inaugurale et des statuts. Il fait l’historique de l’abstention, prônée par des utopistes de bonne foi, mais dans un esprit sectaire. Comme Vaillant, M. pense qu’il faut jeter un défi à tous les gouvernements, en réponse à leurs mesures contre l’Internationale. « Nous devons leur dire : Nous savons que vous êtes la force armée contre les prolétaires. Nous agirons contre vous pacifiquement là où cela nous sera possible, et par les armes quand cela sera nécessaire. » Dans la même séance, M. présente le rapport de la commission sur le conflit suisse et montre que les statuts de l’Alliance sont contraires à ceux de l’A.I.T. Lorsque, au Congrès de 1870, les sections genevoises ont fait scission- on a demandé au C.G. de suspendre l’Alliance. Le Conseil n’avait pas ce droit :« Le Conseil évite toujours toute mesure autoritaire quand elle peut être évitée et il résolut, afin d’éviter tout conflit, que la Fédération garderait son titre et d’inviter l’Alliance à prendre un titre local, ce qu’elle n’a pas fait. » Les diverses parties du rapport lues par M. sont adoptées à l’unanimité. (21 sept.)

A la neuvième séance, M. et E. interviennent dans la discussion sur le rapport de la commission financière, qui est approuvé par la Conférence. La Conférence adopte les résolutions proposées par M., sur la propagande, parmi les producteurs agricoles, en faveur de l’A.I.T. et sur la création d’un Conseil fédéral en Angleterre. M. « s’est opposé jusqu’ici à cette formation, parce qu’il fallait obliger les Anglais à venir s’inspirer de l’esprit socialiste international. Au C.G., actuellement, leur éducation est faite ». Secrétaire-correspondant pour l’Italie, E. fait l’histoire du développement de l’A.I.T. dans ce pays. Sur la proposition de M., la Conférence décide de lancer un Manifeste aux ouvriers italiens pour les encourage : dans leur opposition à Mazzini. Le rapport de M. sur l’Internationale en Amérique est adopté.

M. appuie Outine qui condamne les sociétés secrètes et l’action de Bakounine en Russie. M. a a une grande espérance dans le mouvement social russe (...) Les sociétés secrètes sont inutiles en Russie ; l’Internationale y est parfaitement accessible. Il y a beaucoup d’esprit d’association et de solidarité, on y jouit d’une grande liberté individuelle. »

A la dixième séance, M. présente son rapport sur l’A.LT. en Allemagne et rend hommage aux ouvriers allemands pour leur attitude pendant la guerre et la Commune. Il revient sur l’Angleterre et signale les progrès de l’A.I.T., parmi les masses ouvrières de l’Irlande. A propos de l’organisation dans les pays où l’A.I.T. est illégale, M. recommande le recours à des dénominations diverses, mais se déclare hostile à la formation de sociétés secrètes, « mystiques et autoritaires », qui font obstacle au développement du mouvement prolétarien. « Elles sont un danger pour l’esprit de l’Association. »

M. intervient dans la discussion sur le rapport d’Outine concernant l’activité conspiratrice de Bakounine en Russie et ses relations avec Netchaïev. Au procès de Saint Pétershourg, l’Internationale a été mêlée à une affaire d’assassinat politique. M. déclare : « nous ne pouvons pas juger ni prendre aucune mesure de rigueur envers Bakounine sans entendre sa défense et sans un débat contradictoire. » La Conférence doit donner mission à Outine de publier les actes du procès Netchaïev. (22 sept.)

Discours de M. à l’occasion d’un banquet organisé par le C.G. pour commémorer le septième anniversaire de l’A.I.T. M. déclare que l’Internationale n’a pas été l’aeuvre d’une clique politique. « Tous les politiciens du monde réunis n’auraient pu créer la situation et les circonstances qui étaient nécessaires pour assurer le succès de l’Internationale. (...) L’Internationale n’a propagé aucun credo particulier. (...) Les persécutions organisées par les gouvernements contre l’Internationale sont comparables aux persécutions dont les premiers chrétiens furent les victimes dans l’ancienne Rome. (...) L’Internationale a été fondée par les travailleurs eux-mêmes et pour eux-mêmes, et c’est ce qui fait sa nouveauté. (...) La Commune a été la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière. » Avant que soit détruite la base de toute domination de classe, « une dictature prolétarienne sera nécessaire, et la première condition en est une armée prolétarienne. Les classes ouvrières devront conquérir sur le champ de bataille le droit de leur propre émancipation. La tâche de l’Internationale est d’organiser et de coordonner les forces des ouvriers pour le futur combat. » (25 sept.)

Au C.G., M. défend Outine contre les accusations de Robin. Il parle de l’activité de l’A.I.T. au Danemark et en Allemagne. Il propose que Hales soit nommé secrétaire du C.G., Theiss trésorier, Frankel secrétaire pour l’Autriche et la Hongrie. Il est réélu secrétaire correspondant pour l’Allemagne, Engels secrétaire pour l’Italie et membre de la commission financière du C.G. (26 sept.)

Paul Robin envoie à M. une lettre de rupture : c (...) Je suis convaincu que, cédant à des haines personnelles, vous avez porté ou appuyé des accusations injustes contre des membres de l’Internationale, objets de ces haines, et dont le seul crime est de ne pas les partager. » (28 sept.)

Paul Lafargue (Saint-Sébastien) informe E. de la situation de l’A.I.T. en Espagne et souligne l’influence de Bakounine dans ce pays. (2 oct.) Au C.G., M. propose McDonnel comme secrétaire pour l’Irlande, Jung pour la Suisse. E. est réélu secrétaire pour l’Espagne, M. pour la Russie. (3 oct.)

Jenny (fille de M.) informe Kugelmann du déroulement de la Conférence de l’A.I.T. et lui communique la résolution sur l’Alliance de )a Démocratie Socialiste. (3 oct.)

Sur proposition d’E., le C.G. adopte une résolution visant à l’exclusion de Gustave Durand, démasqué comme mouchard. Egalement sur sa proposition, M. est chargé de rédiger une déclaration niant tout lien entre l’Internationale et Netchaïev. M. est nommé au sous-comité
chargé de préparer la nouvelle édition des Statuts. (7 oct.)

Discussion au C.G. sur les modalités de publication des résolutions
de la Conférence de Londres. M. est chargé de préparer les textes pour l’impression.

Charles Kaul (Paris) fait part à M. de ses impressions sur la Commune en s’efforçant d’en détruire l’auréole construite par M. Il dénonce le chauvinisme des Français, ouvriers et bourgeois. L’Internationale et M. ont acquis en France une réputation énorme. « Tu as le mérite d’avoir donné le premier une base scientifique à la question ouvrière. Tu es le Kepler de l’économie politique. » (14 oct.)

Dans une lettre à M., un groupe d’étudiants en droit de Saint-Pétersbourg exprime son désir d’entrer en contact avec l’A.I.T. pour en obtenir « des conseils et des mots d’ordre dans sa lutte pour la liberté. » (14 oct.)

Au C.G., M. critique les statuts de la nouvelle section française formée à Londres par des réfugiés. Il propose des modifications tendant à mettre ces statuts en harmonie avec l’esprit et la lettre des Statuts de l’A.I.T. Ses propositions sont adoptées sans débat. (17 oct.)

M. demande à H. Jung d’écrire à Outine pour en obtenir des renseignements sur 1a nouvelle branche slave fondée à Zurich. (19 oct.)

Le C.G. adopte le rapport de M. sur la préparation de l’édition nou• velle des Statuts de l’A.I.T. qui sera imprimée en anglais, en français, en allemand et en italien. (24 oct.)

M., malade par suite de surmenage, n’assistera pas à quatre séances du C.G.
M. rédige la déclaration du C.G. désavouant l’appartenance de Netchaïev à l’A.I.T. (25 oct. ; publié dans le Volksstaat, 1er nov.)

Outine renseigne M. sur la « section slave à fondée à Zurich. Il pense qu’il s’agit d’une groupe de jeunes Russes, fortunés, capables d’intriguer contre le C.G. et de « réhabiliter Bakounine et Netchaïev ». (28 oct. )

Novembre

Le C.G. adopte une résolution de M. et du sous-comité, confirmant les pleins pouvoirs du comité central new-yorkais et repoussant les prétentions de la section n° 12 de New-York. (5 nov. ; Werke 17, p. 785.)

M. informe Sorge des décisions du C.G. concernant la section n° 12 de New-York et lui annonce l’envoi de l’édition révisée des Statuts. Il lui écrit en outre qu’Eccarius est désormais chargé de la correspondance avec la section allemande et le comité de New-York. (7 nov.)

Serraillier soumet au C.G. un projet de résolution rédigé par M. en réponse à la protestation de la « Section française de 1871 » contre la décision du 17 octobre. Cette section réclame une modification radicale des articles des Statuts relatifs à la composition du C.G. (7 nov.)

M. annonce à Sorge l’envoi des résolutions de la Conférence et des Statuts révisés de l’A.I.T. et l’informe du conflit de la « section française de 1871 n avec le C.G. « L’objectif de leur attaque n’est pas les gouvernements et les classes dirigeantes de l’Europe alliés contre nous, mais le C.G. de Londres et particulièrement ma modeste personne. Ils me remercient ainsi d’avoir perdu prés de cinq mois en travaillant pour les réfugiés et avoir, par l’Adresse sur la Guerre Civile, agi pour sauver leur honneur (...) Aux yeux de ces " internationaux " c’est déjà un péché que l’influence " allemande " au C.G. soit prépondérante (lire : science allemande). » Sorge ayant exprimé le désir de se retirer du comité new-yorkais, M. lui en dit les regrets de tous. « Je pense moi-même souvent à en faire autant, car les affaires internationales pèsent trop sur mon temps et troublent mes travaux théoriques. » (9 nov.)

M. envoie à K. Speyer (secrétaire général de l’A.LT. à New-York) une mise au point au sujet de certaines correspondances envoyées à titre privé à des membres du C.G., comme telles lettres d’Eccarius à Jessup ou ses propres lettres à S. Meyer, A. Vogt et E.A. Sorge. « Quant aux Trade Unions, vous devez chercher à les gagner à tout prix. n (10 nov.)

L’Illustration publie un portrait de M., « chef de l’Internationale » ; et un article biographique. (11 nov.)

La Fédération Jurassienne lance une circulaire dans laquelle elle réclame la convocation urgente d’un Congrès et accuse le C.G. de vouloir imposer à l’A.I.T. une « doctrine personnelle » ; elle répudie les résolutions de la Conférence de Londres qui tendent à transformer l’Internationale en une organisation « hiérarchique » ; elle déclare s’opposer à toute autorité directrice, « cette autorité fût-elle élue et consentie par les travailleurs. » (12 nov.)

M. écrit à Jung au sujet de contacts entre ouvriers joailliers français et anglais pour entrer en lutte commune pour une journée de travail plus courte. (16 nov.)

M. envoie à Bracke une déclaration faite sous serment (affidavit) attestant que le Pari social-démocrate allemand n’a jamais été une section de l’A.I.T., mais que de nombreux membres de ce parti y étaient affiliés à titre individuel. (17 nov.)

Dans une lettre à Liebknecht, M. exprime son mécontentement des faibles efforts faits en Allemagne en faveur de l’Internationale. (17 nov.) M. précise dans une lettre à Bolte (membre dirigeant de la section allemande de l’Internationale à New-York), la position du C.G. à l’égard du Conseil fédéral de New-York et ses propres rapports avec ses correspondants américains. Il y expose sa conception de l’organisation réelle de la classe ouvrière qu’il oppose aux divers mouvements sectaires et déclare que cc l’Internationale a été fondée pour mettre à la place des sectes socialistes ou semi-socialistes l’organisation réelle de la classe ouvrière. » Les sectes se justifient aussi longtemps que la classe ouvrière n’est pas mûre pour un mouvement autonome, mais elles deviennent réactionnaires lorsque le prolétariat a atteint ce degré de maturité. Le C.G. a dû mener une lutte constante contre le sectarisme dans ses variantes proudhonienne, lassallienne, bakouninienne. Quant à lui, Marx, que ces sectaires accusent de « pangermanisme » ou de « bismarckisme », i[ reconnaît qu’il exerce « effectivement une influence intellectuelle décisive sur le C.G. », mais les éléments français et anglais, numériquement plus forts que l’élément allemand « trouvent cette domination, c’est-à-dire la science allemande, très utile et même indispensable ». M. définit ensuite le mouvement politique de la classe ouvrière, à la différence des mouvements économiques isolés, par un double objectif : conquête des lois juridiques (par exemple loi des huit heures i et conquête finale du pouvoir politique. (23 nov.)

M. à De Paepe : « (...) Je vous ai dit à Londres que je me posais souvent la question si le temps n’était pas arrivé de me retirer du C.G. Plus la société se développe, plus mon temps se perd et, après tout, il faut en finir avec le Capital. Encore ma démission sauverait l’Internationale du " pangermanisme " dont je la menace d’après les dires de Rouillier, Malon, Bakounine, Robin et Co ». M. formule ensuite des critiques à l’égard du Conseil fédéral belge qui compte plusieurs adeptes de Bakounine. S’il y avait scission au sein de l’A.I.T., elle « ne serait pas trop dangereuse en elle-même », elle « serait très inopportune dans un moment où nous devons marcher en rangs serrés contre l’ennemi commun. » (24 nov.)

M. envoie à Paul et Laura Lafargue (en Espagne) un récit détaillé des démêlés du C.G. avec certains communards proudhoniens et des adeptes de Bakounine, réfugiés à Londres. Il évoque son conflit avec Paul Robin, la fondation de la « Section française de 1871 » et la critique qu’il avait faite de ses statuts, le rapprochement entre cette section (non admise dans l’A.I.T.) et le groupe des opposants en Suisse, le conflit avec le journal Qui Vive et Eugène Vermersch, les agissements des « Alliancistes » à Genève, le Congrès des jurassiens à Sonviliers, l’attitude « suspecte » du Conseil fédéral de Madrid, des attaques de la Révolution Sociale (Genève) contre le C.G., etc. Dans un post-scriptum, E. exhorte P.L. à agir en Espagne pour former de nouvelles sections. « Les Bakouninistes veulent absolument transformer l’Internationale en une Société abstentionniste, mais ils n’y réussiront pas. » (24 nov. )

M. informe le C.G. de la condamnation des membres du Comité exécutif du Parti social-démocrate allemand. Il parle, en outre, des rapports tendus entre le Conseil fédéral anglais et le C.G. (28 nov.)

M. écrit à Sorge au sujet des fonds destinés aux réfugiés français et au sujet des accusations lancées par des révolutionnaires irlandais contre MacDonnell, secrétaire pour l’Irlande. c C’est un prolétaire par les conditions de sa vie et par ses idées... Les membres irlandais du Comité de New-York n’oublient pas que, pour leur être utiles, nous avons besoin de toute notre influence sur les Irlandais d’Angleterre et qu’il n’existe pas pour elle (...) de meilleur homme que MacDonnel. » (29 nov. )

Décembre

Maltmann Barry, délégué du Conseil fédéral anglais au C.G., informe M. et E. des efforts faits par Hales pour élargir les pouvoirs du Conseil fédéral au détriment du C.G. (2 déc.)

S. Borlcheim envoie à M., à la demande de celui-ci, des documents sur l’activité de Bakounine au Congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté de 1868. (3 déc.)

Le C.G. discute des rapports entre le Conseil fédéral anglais et le C.G. Le C.G. adopte la proposition de Barry, secondé par M., selon laquelle Hales, secrétaire du C.G., est invité à se démettre de son poste de secrétaire du Conseil fédéral. (5 déc. )

Dans une lettre ouverte à La Roma del Popolo, E. défend l’A.I.T. contre les attaques de Mazzini dans le même journal. (5 déc. ; paru le 21 déc. )

E. informe Paul Lafargue (Saint-Sébastien) des affaires d’Espagne et d’Italie. Il se montre optimiste sur les perspectives de l’A.I.T. dans ces pays où l’influenc3 de Bakounine et de Mazzini semble perdre du terrain. (9 déc.)

M. discute les problèmes des secours avec une délégation du comité des réfugiés (8 déc.). Une collecte est organisée dans un meeting ouvrier, pendant lequel Ch. Bradlaugh attaque la Commune. (11 déc.) E. prend la défense de M. à qui Liebknecht reproche d’avoir empêché, par sa « manie du mystère », que l’Allemagne fût représentée à la Conférence de Londres. (E. à L., 15 déc.) Au C.G., M. flétrit la campagne de calomnies lancée dans la presse par Bradlaugh. Dans la même séance, M. parle des intentions du gouvernement anglais d’expulser les communards réfugiés, de la politique réactionnaire de Bismarck, des intrigues de la section n° 12 de New-York et des vaines tentatives des Jurassiens pour dénigrer la Conférence de Londres. (19 déc.) Dans une lettre ouverte à L’Eastern Post, il répond aux calomnies de Bradlaugh (20 déc. ; paru le 23 déc. )

Dans une lettre à Kugelmann, Jenny (fille de M.) parle de la misère des communards français réfugiés à Londres et des difficultés que rencontre son action pour leur trouver du travail et de l’argent. Des amis ont, rompu toute relation avec Jenny, « parce qu’ils ont fait la terrible découverte que j’étais la fille du chef-pétroleur, qui a défendu l’infâme mouvement de la Commune.

Vous ne pouvez pas vous imaginer (...)
combien toutes ces difficultés et ces soucis tourmentent le pauvre Maure. Il doit non seulement combattre tous les gouvernements des classes dominantes, il doit en outre se bagarrer avec des propriétaires-femmes (... ) qui s’en prennent à lui, parce que certains communards ne paient pas leur loyer. » Jenny fait le récit des luttes intestines dans l’Internationale, particulièrement à Londres et en Suisse.

Giuseppe Luciani, journaliste garibaldien, répond à une lettre de M. Comme celui-ci, il pense qu’en Italie « la puissance des faits est plus décisive, quelle que soit leur issue, que l’élaboration lente des idées. » (21 déc.)

E. envoie à Paul I,afargue (Madrid) des documents relatifs à la scission intervenue dans la fédération romande. A propos de la circulaire des Jurassiens : « (...) maintenant on attaque les résolutions de Bâle qui ont force de loi pour l’Association et auxquelles le C.G. doit obéir. o Parlant de la question de l’« autorité » Toutes les grandes phrases ultra-radicales et révolutionnaires ne font que cacher la misère des idées la plus complète et la plus complète ignorance des conditions dans lesquelles se produit la vie journalière de la Société. Abolissez donc " toute autorité, même consentie " par les matelots sur un navire ! » (30 déc. )