Paul Mattick
Le marxisme de Karl Korsch
Publié dans Survey No. 53, Octobre 1964

Le texte qui suit a été trouvé en anglais sur internet. Il a été traduit par un membre du SIA de Caen (Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste, BP 257 14013 Caen cedex).
Ce texte, écrit par Paul Mattick, un communiste de conseils connu, retrace le parcours d’un théoricien marxiste hétérodoxe, Karl Korsch.
Korsch, lui aussi communiste de conseil, anti-léniniste et anti-étatiste, s’est intéressé à l’anarchisme vers la fin de sa vie.

L’intérêt nouveau pour le marxisme, reflété dans de nombreuses publications, semble donner corps à la remarque de George Lichtheim selon laquelle une nouvelle doctrine devient académiquement respectable seulement après qu’elle ait été pétrifiée. [1] De ce point de vue l’intérêt renouvelé pour Marx ressemble à une veillée mortuaire intellectuelle auprès du cadavre du marxisme et à un partage de ses quelques biens encore utilisables entre les héritiers. Si rien de bon ne peut être dit sur la pratique marxienne passée, les aspects de la théorie marxienne, au moins, peuvent être et ont été assimilées au sein des sciences sociales actuelles. Marx lui même, il est dit, est honoré de cette façon : « le plus haut triomphe qu’un grand érudit peut atteindre, c’est lorsque ses théories perdent leur caractère spécial et deviennent partie intégrante de la vie scientifique de la société ». [2]

La critique de plus en plus tolérante de Marx est le reflet, d’une part, des transformations du capitalisme lui même, et d’autre part, du besoin de fortifier l’idéologie bourgeoise en l’adaptant à des conditions sociales changeantes. Mais pendant que la bourgeoisie, au moins en partie, apparaît prête à incorporer un marxisme émasculé dans sa propre idéologie, le mouvement ouvrier officiel essaye de se libérer lui même des derniers restes de son héritage marxien. Il fait cela, toutefois, non comme un mouvement ouvrier indépendant en quête d’une théorie et d’une pratique nouvelles et plus efficaces pour atteindre sa propre émancipation, mais comme une institution sociale accréditée au sein de l’actuelle société. Il est ainsi clair que l’actuelle renaissance du marxisme dans les étalages des bouquinistes et dans les universités ne signifie pas le retour d’une conscience révolutionnaire, annonçant de nouvelles luttes sociales pour la libération de la classe ouvrière, mais plutôt son inefficacité présente comme instrument de changement social.

Ce serait, bien sûr, un miracle si les théories élaborées par Marx il y a plus de 100 ans collaient encore à la situation présente. Marx ne croyait pas aux miracles mais au changement social. Il basait ses théories sur les expériences du passé et sur une analyse des conditions existantes afin de découvrir les sources du développement social en général et du capitalisme en particulier. Ses théories provenaient de la reconnaissance d’un mouvement social actuellement existant opposé aux conditions dominantes, et elles cherchaient à aider ce mouvement à réaliser ses propres potentialités. Ces théories, et la pratique sociale à leurs bases, étaient elles mêmes sujettes au changement ; le marxisme aussi car il était un phénomène historique. Ses attentes ne se sont pas réalisées. La doctrine marxienne surnage comme un ensemble d’idées déconnectées de la pratique sociale réelle, ou comme la « fausse conscience » d’idéologies d’Etat soutenant une pratique non-marxienne.

C’est avec ces préalables en tête que l’œuvre de Karl Korsch peut être le mieux approchée. Korsch se définissait lui même comme un marxiste au long de sa vie adulte mais il adhérait à un marxisme sans dogmes. Son œuvre fait preuve d’une attitude critique envers Marx et les marxistes, même lorsqu’il tentait de renforcer, et non pas d’affaiblir, le mouvement marxiste. Il comprenait ce mouvement strictement comme la lutte de la classe prolétarienne pour l’abolition de la société capitaliste ; et la théorie marxienne n’avait de sens pour lui que comme une partie essentielle et indivisible de cette transformation sociale.

Comme Marx, Korsch vint au mouvement socialiste par la voie de la philosophie et à travers un fort sens de la justice sociale qui se rebellait contre les conditions de la population laborieuse. Né en 1886 dans une famille de classe moyenne, il eut une jeunesse protégée et commença à étudier la philosophie, le droit, l’économie et la sociologie à Iéna, Munich, Berlin et Genève ; en 1911 il devint docteur en jurisprudence à l’université de Iéna. La même université lui donna un poste de professeur en 1919. Comme étudiant, Korsch fut associé au « Mouvement des Etudiants Libres », qui s’opposait aux Fraternités traditionnelles généralement réactionnaires et essayait, quoique d’une manière vague, d’établir des liens entre les professions universitaires et le mouvement socialiste. Entre les années 1911 et 1914, Korsch vécut en Angleterre, étudiant et pratiquant le droit anglais et international ; pendant qu’il était là-bas il rejoignit la Société Fabienne.

Comme philosophe, Korsch fut d’abord influencé par Kant ; plus tard principalement par Hegel, Feuerbach et Marx. Bien qu’il ait commencé par des études de droit, il déplaça son attention, par le biais des études philosophiques, des aspects techniques de la loi vers leurs fondements matériels, l’économie et de la politique. La plupart de ses premiers écrits, qu’il fit en Angleterre, montrent l’influence du fabianisme, des tendances syndicalistes et des associations socialistes à l’intérieur du mouvement ouvrier. Son attention, même alors, se portait sur les activités pratiques du mouvement plus que sur ses théories. Ce dernier, d’après Korsch, se concentrait sur la destruction du capitalisme et montrait peu d’intérêt dans la construction de la nouvelle société. Satisfait ni par le réformisme politico-administratif de la Société Fabienne ni par les propositions purement économiques du syndicalisme, Korsch préférait une mise en application directe et continue de la théorie socialiste par des activités pratiques qui pouvaient véritablement changer le processus de développement social.

L’année 1914 ramena Korsch en Allemagne et dans l’armée où il resta tout au long de la guerre. Il accueillit avec enthousiasme le mouvement anti-guerre, qui trouva sa voie à Zimmerwald en 1915 et une année plus tard à Kienthal. Après sa démobilisation en 1919, il rejoignit l’USPD - le Parti Socialiste Indépendant d’Allemagne. De retour à l’université de Iéna, il devint assistant en droit civil et en procédures, spécialement en droit du Travail et négociations collectives, ainsi qu’en sciences sociales, histoire contemporaine et philosophie. Ses publications à partir de 1919 montrent désormais une préoccupation pour les questions pratiques du socialisme et pour son caractère d’effort prolétarien. « Toute nationalisation », écrivait-il en 1919, « qui prétend représenter les intérêts de la population laborieuse doit, avant toute chose, rendre réelle la participation des travailleurs à l’organisation, l’administration et la détermination de la production et au processus de production sociale. » [3] Korsch parlait encore en termes de participation, pas de contrôle, car il ne pensait pas que la classe ouvrière était prête, ni la situation mûre, pour la réalisation du socialisme dans son sens pleinement marxien d’association de producteurs libres et égaux. Il suggérait une combinaison d’autonomie ouvrière dans l’industrie avec une planification centralisée via des institutions politiques, une combinaison, en bref, d’idées syndicalistes et socialistes. C’était par un système de conseils ouvriers, agissant au niveau de l’usine et dans la vie politique, que l’auto-détermination et la régulation sociale pouvait être toutes deux réalisées. [4]

L’aile radicale du mouvement socialiste allemand dans la révolution de 1918 et ses suites demandait une reconstruction totale de la société sur la base d’un système des conseils ouvriers (sur le modèle des soviets russes), destiné à apporter tout le pouvoir économique et politique dans les mains de la classe ouvrière. Ce groupe radical se composait principalement de l’aile gauche de l’USPD, du Spartakusbund, qui à la fin de 1918 devint le Parti Communiste d’Allemagne. A cette époque toutefois, et sans égards pour leurs différences, toutes les organisations socialistes défendaient les nationalisations. Les différences entre les socialistes modérés et les radicaux semblaient être simplement des questions de procédures ; atteignait-on le socialisme par les méthodes de la politique démocratique ou par la voie de la dictature du prolétariat.

Le slogan « Tout le pouvoir aux conseils ouvriers » impliquait que sa réalisation laisserait d’autres secteurs de la population sans représentation politique. Mais leur donner une représentation dans une Assemblée Nationale impliquait la restauration du pouvoir qu’ils avaient temporairement perdu et la fin du programme de nationalisation. Le choix fut évité en se décidant à la fois pour les conseils ouvriers et pour l’Assemblée Nationale - les conseils sous une forme émasculée comme partie de la constitution de Weimar.

Sans perspectives proches de la nationalisation, Korsch s’engagea dans une investigation sur les raisons de l’échec socialiste. Evidemment, la classe ouvrière n’était pas prête à utiliser ses opportunités, malgré la longue période d’endoctrinement marxiste ; leur marxisme, d’après Korsch, avait dégénéré en un simple système de connaissance et n’était plus la conscience d’une pratique révolutionnaire capable de réaliser son but révolutionnaire. Il était alors nécessaire de reconstruire l’aspect révolutionnaire, actif du marxisme, incarné dans la révolution bolchevique. C’est dans cet esprit que Korsch s’engagea dans une réinterprétation de la théorie marxienne en opposition à la fois aux ailes « orthodoxe » et « révisionniste » du marxisme de la seconde Internationale. [5] C’est dans cet esprit également qu’il entra au Parti Communiste avec la majorité des Socialistes Indépendants, même s’il n’était pas satisfait des conditions d’admission posées par l’Internationale Communiste, qui subordonnait la politique des partis communistes nationaux au programme et aux tactiques du centre moscovite, contrôlé par le Parti Communiste Russe. Korsch partageait la croyance des bolcheviques dans le fait que les travailleurs socialistes allaient venir graviter autour de l’Internationale de Moscou. Sa maîtrise de la théorie marxienne aboutit à son ascension rapide à la direction intellectuelle du Parti. Il devint représentant communiste à la Diète de Thuringe et, en 1924, membre du Reichstag allemand. Il devint également l’éditeur, et un collaborateur fréquent, de l’organe théorique du Parti, Die Internationale. Les évènements de 1923, « année de crise » − l’occupation française de la Ruhr, l’inflation monétaire galopante, les séries de grèves à grandes échelles, le fiasco de l’éphémère tentative communiste d’insurrection à Hambourg et l’émergence du mouvement nazi - événements au cours desquels à la fois le Comintern et le KPD se montrèrent indécis et manquant de jugement, amenèrent Korsch à entrer en opposition avec la ligne officielle, quoique changeante, du Parti. Il devint le porte-parole de son aile gauche radicale, Entschiedene Link, et l’éditeur de son organe oppositionnel, Kommunistische Politik. Bien qu’exclu du KPD en 1926, Korsch resta membre du Reichstag jusqu’en 1928. Depuis lors, il continua son activité politique en dehors de tout encadrement organisationnel défini.

Parmi les premiers écrits de Korsch, Marxisme et philosophie est peut-être le plus important et ce malgré sa nature apparemment strictement théorique. Il fut complété par de nombreux autres essais sur la conception matérialiste de l’Histoire et sur la dialectique marxienne.[6] Ces ouvrages n’étaient pas tant des enquêtes sur les relations entre marxisme et philosophie que des réponses à ce que le marxisme lui même représentait. De cette manière, l’intérêt théorique devint immédiatement pratique.

D’après Hegel, une philosophie ne peut être rien d’autre que « son époque exprimée en idées ». Korsch concevait à la fois la philosophie bourgeoise et le marxisme comme des expressions d’un seul et même développement historique, qui créait dans le prolétariat la nécessaire contrepartie à la bourgeoisie. La relation idéelle entre la philosophie bourgeoise et le marxisme était un aspect des différences contradictoires et réelles entre le Travail et le capital. Le marxisme était conditionné à l’existence du capitalisme et était indépendant seulement comme point de vue de la classe prolétarienne dans sa lutte contre la société bourgeoise. Celle-ci pouvait survenir seulement en conjonction avec un mouvement social concret transcendant les limitations historiques du capitalisme. La science et la philosophie bourgeoises ne pouvaient pas se développer au delà les conditions matérielles de leur propre existence. Là où le mode de production capitaliste entravait un plus ample développement social, il entravait également le développement de la science et de la philosophie. C’était la classe ouvrière qui briserait l’impasse sociale générale à travers sa propre émancipation, supprimant les limitations de classe du développement social, scientifique et philosophique. Cela ne signifiait pas que le marxisme, en tant que théorie et pratique de la classe prolétarienne, développait sa propre science et philosophie, cela signifiait que l’abolition concrète du mode de production capitaliste mettrait également fin à la science et à la philosophie qui lui était propre.

Korsch était conscient, bien sûr, que le marxisme se définissait lui-même comme un socialisme scientifique et non comme une philosophie, et qu’à la fois Marx et Engels assimilaient la philosophie bourgeoise à la philosophie en tant que telle. Exactement comme Marx ne dénonçait pas seulement une forme historique particulière de l’Etat - mais l’Etat en tant que tel, il combattait non seulement des systèmes philosophiques particuliers mais bien pour l’élimination de la philosophie. Comment cela devait-il être accompli ? Evidemment pas par un simple acte mental. Exactement comme l’abolition de l’Etat requérait un processus historique complet, la défaite de la philosophie demanderait une lutte idéologique prolongée. La question de la relation entre le marxisme et la philosophie persisterait aussi longtemps que domineraient les conditions qui avaient donné source à la philosophie bourgeoise et à sa contrepartie marxienne, le socialisme scientifique.[7]

L’intérêt de Korsch pour la relation entre le marxisme et la philosophie n’impliquait pas de sa propre part un intérêt particulier pour la philosophie, ni une tentative de ranimer la critique de la philosophie qui avait été le point de départ du jeune Marx dans sa critique du capitalisme ; il dérivait de son désir de restaurer le contenu révolutionnaire du marxisme. Le caractère révolutionnaire du marxisme avait été perdu et pouvait seulement être regagné à travers la reprise d’une lutte concrète contre la société capitaliste. Cette lutte semblait à portée de main dans les évènements libérés par la première Guerre mondiale. Dans ces bouleversements le marxisme de la seconde Internationale entra en conflit avec celui de la troisième Internationale. Comment et pourquoi cela se produisit-il ? En quoi ces deux mouvements différaient-ils ? La question devait être résolue en appliquant la conception matérialiste de l’histoire à l’histoire du mouvement ouvrier marxiste lui même.

Ce faisant, Korsch divisait l’histoire marxienne en trois périodes distinctes. La première commence avec le communisme philosophique de Marx et prend fin avec le Manifeste Communiste. Elle est encore largement dominée par la philosophie comme critique compréhensive des conditions existantes qui inclut, mais sans séparer ni isoler, les éléments économiques, politiques et idéologiques constituant la totalité de la vie et du développement social. Cette période prend fin avec la défaite des mouvements révolutionnaires. Après cela, une longue période non-révolutionnaire s’ensuivit qui altéra le caractère du marxisme. Et il ne pouvait en être autrement, puisque le marxisme lui même insiste sur l’interdépendance entre théorie et pratique. Les nouveaux bouleversements révolutionnaires initiés par la révolution russe promettaient au marxisme une troisième période, révolutionnaire.

Durant la longue période d’inaction, argumentait Korsch, Marx et Engels développèrent leurs théories en leur donnant un contenu de plus en plus scientifique. Ceci, cependant, ne dissolvait pas leur système dans un nombre de sciences sociales spéciales et généralement applicables, il conservait son identité comme théorie critique globale de l’ensemble de la théorie et de la pratique capitaliste, qui également pouvait être vaincu seulement dans son entièreté, à travers le renversement des relations sociales sur lesquelles il était basé. Pendant que la philosophie était ainsi remplacée par la science, la science ne devenait pas la clé du processus de transformation sociale. Le marxisme était encore conçu comme la conscience d’un processus révolutionnaire concrètement en cours terminant par l’abolition du capitalisme. Pendant que cette conscience révolutionnaire avait évolué hors de la philosophie, elle augmentait son efficacité par la science ; mais ce n’était ni la science ni la philosophie au sens restreint de ces termes.

Le retour des conditions révolutionnaires, dans la vision de Korsch, marquerait également le retour à une conscience sociale révolutionnaire. Le processus révolutionnaire était immédiatement idéel et concret. Mais comme l’histoire doit être faite par les hommes, cela impliquait que la conscience révolutionnaire devait être entretenue tout autant que la transformation concrète de sa base socio-économique. Il n’était pas possible de négliger l’une en faveur de l’autre sans compromettre les deux. En attaquant une nouvelle fois sur tous les fronts de la conscience sociale et de la pratique sociale, serait alors restaurée l’activité radicale du passé révolutionnaire du marxisme qui avait été perdu durant sa période évolutionnaire - une perte qui se manifesta dans le caractère réactionnaire du marxisme de la seconde Internationale.

Marxisme et philosophie de Korsch, incarnant ces idées, parut en 1923 en Allemagne et un an plus tard en Russie. Bien qu’écrit pour les communistes et contre la théorie et la pratique social-démocrate, les deux le rejetèrent comme une déviation du véritable marxisme. Pour Kautsky il était aussi faux que l’ensemble du communisme. Pour les bolcheviques, c’était une révision idéaliste du marxisme léniniste. Son rejet par les deux principales tendances du marxisme montra leur attachement commun au marxisme de la seconde Internationale, malgré leurs pratiques politiques par ailleurs divergentes. Korsch répondit à leur critique dans la seconde édition (1930), mais à cette époque il avait surmonté toutes ses illusions quant aux potentialités révolutionnaires de la troisième Internationale.

Korsch reconnaissait maintenant une affinité bien déterminée entre la version léniniste du marxisme et le marxisme de la seconde Internationale. Bien que ce dernier ait été divisé en lignes théoriques entre une soi-disant aile « révisionniste » et une aile « orthodoxe », cela n’affectait pas leurs politiques concrètes, les deux ailes étaient révisionnistes. Leur marxisme était simple idéologie, c’est à dire la « fausse conscience » d’une pratique réformiste. Ceci, concédait Korsch, pouvait avoir été inévitable, mais il n’y avait pas besoin de prétendre, comme à la fois Kautsky et Lénine le faisaient, que la classe ouvrière n’était pas capable de développer par elle même une conscience socialiste, celle-ci devant lui être amenée de l’extérieur, par la bourgeoisie éduquée, d’orientation socialiste. La conscience socialiste, dans ces conditions, n’était pas l’activité révolutionnaire de la classe ouvrière, mais le résultat de la perspicacité scientifique de l’intelligentsia vis à vis des mécanismes sociaux et de leurs lois de développement.

Avec cela, la conscience socialiste cessait d’être ce qu’elle avait été pour Marx, à savoir, l’expression théorique de la lutte de classe prolétarienne. Si « l’orthodoxie » de Kautsky représentait la « fausse conscience » d’une pratique révisionniste, le marxisme révolutionnaire de Lénine n’était pas meilleur, existant seulement sous forme idéologique comme fausse conscience d’une activité non-socialiste. Il n’exprimait pas les nécessités pratiques d’une lutte de classe moderne, internationale, anti-capitaliste mais était déterminé par les conditions spécifiques russes qui requérait non pas tant l’émancipation que la création d’un prolétariat industriel.

Cette situation pouvait être altérée uniquement par l’action révolutionnaire de la classe ouvrière à une échelle internationale - partout où il y avait une possibilité objective de changer la société capitaliste en une société socialiste. Sans de telles actions, les bolcheviques étaient condamnés à devenir une nouvelle forme sociale d’oppression, qui était forcée, pour sa propre auto-défense, de subordonner les aspirations révolutionnaires de la classe ouvrière internationale à ses propres fins étroites. Aussi longtemps qu’il y avait une possibilité que la révolution russe soit étendue vers l’Ouest, la tentative léniniste de la conduire au delà de ses propres limitations obéissait aux exigences d’une révolution prolétarienne occidentale. Avec l’échec à l’Ouest, ce n’était plus vrai. Korsch argumentait par conséquent qu’il était nécessaire de dissocier le communisme prolétarien du bolchevisme et de la troisième Internationale comme, auparavant, il avait été nécessaire de rompre avec le réformisme de la seconde Internationale. Les deux mouvements devaient être combattus, également avec le capitalisme dans toutes ses manifestations ; le mouvement ouvrier radical international ne devait pas être exploité pour les objectifs du régime bolchevique et pour les intérêts nationaux de la Russie.

Korsch se sépara de l’Internationale Communiste moins parce qu’il avait, depuis 1923, trouvé sa théorie insuffisante et une simple répétition de « l’orthodoxie » de Kautsky que parce que le mouvement communiste était devenu une force contre-révolutionnaire objective. Ce n’était pas tant que ces politiques aient été le résultat de fausses théories mais le fait qu’elles aient été déterminées par les besoins concrets de l’Etat russe, et par les intérêts spéciaux de sa nouvelle élite dirigeante et de son escorte bureaucratique. En essayant d’utiliser le communisme international pour les besoin nationaux de la Russie, les bolcheviques répétaient la misérable performance de la seconde Internationale qui, en 1914, sacrifia également l’internationalisme au nationalisme.[8] Le nouveau rôle contre-révolutionnaire du bolchevisme était apparent non seulement dans les politiques intérieures et étrangères de la Russie mais également dans les politiques quotidiennes de tous les partis communistes nationaux.

D’abord dans son propre journal, Kommunistische Politik, plus tard dans Aktion le journal anti-bolchevique et anti-social-démocrate de Franz Pfempfert, dans Der Gegner de Frantz Jung, dans diverses publications libérales et journaux universitaires, Korsch continua sa critique du mouvement ouvrier, qu’il soit ouvertement réformiste ou d’apparence radicale, combinant toujours sa critique avec une élucidation et une interprétation critique de la doctrine marxienne. Les thèmes de ses articles s’étendaient depuis des questions comme la dialectique de Hegel, en passant par divers aspects de la théorie marxienne, jusqu’à des problèmes politiques et économiques contemporains, et ils établirent sa réputation de polémiste marxiste, même s’il trouva un cercle diminuant de lecteurs élogieux et un nombre croissant d’ennemis politiques.

Particulièrement exceptionnelle fut sa polémique [9] contre l’opus majeur de Kautsky, La conception matérialiste de l’histoire, qui parut en 1927. Kautsky lui même y répudiait son « orthodoxie » passée dans l’intérêt du progrès scientifique. Dans la tentative de développer le matérialisme historique de Marx à travers son extension par la voie des sciences naturelles, Kautsky prit comme point de départ non la dialectique de la société comme elle dérivait d’Hegel mais les théories biologiques évolutionnistes de Darwin. L’ouvrage de Kautsky confirma la critique antérieure de Korsch du « socialisme scientifique » de la seconde Internationale ainsi que son assertion que son orthodoxie cachait simplement ses propres aspirations révisionnistes qui étaient maintenant, enfin, proclamées comme une avance sur Marx.

En 1932, Korsch préparait une nouvelle édition du premier volume du Capital de Marx,[10] exposant une nouvelle fois dans sa préface et ses commentaires que, contrairement aux suppositions de nombreux marxistes, Marx lui même ne différenciait pas le contenu spécifiquement historique et le contenu strictement théorique-économique de son œuvre. Dans la vision généralement acceptée de Rudolf Hilferding, par exemple, le marxisme était un système scientifique des lois générales de la production sociale et la théorie économique marxienne une application de la loi générale à la société productrice de marchandises. La théorie ouvrière de la valeur de Marx et la conception matérialiste de l’histoire étaient vues comme identiques alors que pour Marx la première se référait uniquement au capitalisme et que la deuxième n’était pas une loi économique générale mais élucidait le développement historique comme un tout. En étant une critique efficace de l’économie politique bourgeoise, le Capital de Marx était aussi, bien sûr, comme Korsch le fit remarquer, une contribution à la science économique. Mais l’économie politique n’était pas seulement pour Marx un système théorique de propositions, qu’elles soient vraies ou fausses, mais un morceau de la réalité historique, i.e., de la totalité et de l’histoire de la société bourgeoise, et en tant que telle elle constituait le sujet-matière du Capital.

Quand Hitler arriva au pouvoir en 1933, Korsch quitta l’Allemagne pour l’Angleterre, de là alla au Danemark et en 1936 immigra aux Etats-Unis. Durant son séjour au Danemark il passa beaucoup de temps avec Bertold Brecht,[11] qui avait auparavant suivi ses cours à Berlin, et commença à travailler sur son livre Karl Marx pour les séries d’études sociologiques du professeur Morris Ginsberg.[12]

Le Karl Marx de Korsch est peut-être la plus riche et en même temps la plus concentrée des interprétations du marxisme. Elle est immédiatement historique, sociologique et économique. Malgré les auspices sous lesquels il a été publié, il dénie toute connexion entre le marxisme et ce qui est généralement pensé comme de la sociologie. Son souci concerne les idées originelles de Marx plus que leur développement ultérieur, et ces idées sont vues à la lumière d’évènements historiques récents.

L’exposition de Korsch est organisée autour de trois principes : spécification historique, changement et critique. Marx fut strictement soucieux, écrivait-il, de la société capitaliste et de ses catégories économiques fétichistes, son unique intérêt fut de changer la société, les particularités de ce changement furent laissées au futur. Cela n’exclut pas la généralisation historique ; mais en analysant la forme historique spécifique de la société bourgeoise Marx parvenait à une connaissance générale du développement social qui transcendait de loin cette forme particulière, et en pénétrant les catégories fétichistes de l’économie politique, sa critique devint la théorie d’une révolution prochaine. La théorie de la lutte des classes de Marx était elle même lutte des classes et ne prétendait ni ne désirait être autre chose.

Le marxisme, dans la vision de Korsch, était la théorie transitoire de la société capitaliste comme phase transitoire du développement historique. Il traita « avec toutes les idées comme étant reliées avec une époque historique définie et avec la forme spécifique de société appartenant à cette époque et se reconnut lui même comme étant tout autant un produit historique comme n’importe quelle autre théorie appartenant à un stade défini de développement social et à une classe sociale définie » (p. 84). Le caractère historique du marxisme excluait toute forme de dogmatisme et Korsch consacra une grande part de son travail ultérieur à libérer le marxisme de tels fardeaux.

Le livre de Korsch trouva seulement une réponse limitée, et ses idées politiques encore moins, dans un climat social façonné par les préparatifs de la guerre et la défaite, qu’elle soit concrète ou par défaut, de toutes les aspirations de la classe ouvrière. La guerre civile espagnole et sa transformation partielle en lutte impérialiste trouva Korsch aux côtés des anarcho-syndicalistes et de leurs tentatives éphémères de collectiviser la production et la distribution sociale. Toute manifestation de l’indépendance prolétarienne à travers l’action directe pour les objectifs de la classe ouvrière était maintenant perçue par Korsch comme des signes nombreux montrant la persistance de la conscience de la classe prolétarienne à l’intérieur de l’aire en expansion du contrôle autoritaire sur des sphères toujours plus grandes de la vie sociale. La clé d’une possible renaissance du mouvement prolétarien résidait dans l’action de la classe ouvrière en son propre nom et non pas dans l’adhésion idéologique à la doctrine marxiste.

Se tenant en dehors du mouvement ouvrier officiel, et très indigne pour le monde universitaire de plus en plus conformiste, la vie de Korsch fut d’une grande solitude, qui devint encore plus prononcée durant la guerre et ses suites. La plupart du temps il n’avait pas d’autre exutoire que les publications des « communistes de conseils »,[13] eux-mêmes un petit groupe isolé avec un point de vue marxiste radical conséquent, dont Korsch partageait maintenant les vues anti-parlementaires et anti-syndicalistes. Ses contributions traitaient de la transformation monopolistique du capitalisme, avec les faux et réels problèmes de la seconde Guerre Mondiale et de l’attitude des travailleurs envers la guerre ; dans la vision de Korsch la guerre ne pouvait servir leur intérêts réels quelqu’en soient ses résultats. « Les travailleurs », écrivait-il, « ont déjà depuis trop longtemps donné pour les objectifs d’autres gens, qui leur étaient imposés aux noms grandiloquents de l’humanité, du progrès humain, de la justice et de la liberté... La seule tâche pour les travailleurs, comme pour chaque autre classe, c’est de faire attention à eux-mêmes. »[14]

En 1950 Korsch visita l’Europe et donna une série de cours en Allemagne et en Suisse, dans lesquels il exposa ses Dix thèses sur l’état du marxisme.[15] A première vue, elles semblaient indiquer la rupture totale de Korsch avec le marxisme. Cela n’avait plus de sens, déclarait-il, de soulever même la question de savoir si les enseignements de Marx et Engels avaient encore une validité théorique et une efficacité pratique. La théorie de Marx dans sa fonction originelle, en tant que la théorie de la révolution socialiste des ouvriers, ne pouvait être restaurée et toutes les tentatives pour le faire étaient des utopies réactionnaires. Pour faire un premier pas dans la reconstruction de la théorie et de la pratique révolutionnaire, il était nécessaire de nier au marxisme la prétention monopolistique sur le mouvement révolutionnaire et de considérer Marx simplement comme l’un des nombreux fondateurs et promoteur du socialisme, aux côtés des soi-disant socialistes utopiques et des grands rivaux de Marx, Blanqui, Proudhon et Bakounine. D’importantes parties de la théorie de Marx restaient valides mais leurs fonctions avaient changé avec l’évolution des conditions. Particulièrement critique pour le marxisme était sa dépendance vis à vis des circonstances économiques et politiques sous lesquelles il surgissait, et en conséquence sa connexion avec les formes politiques de la révolution bourgeoise. Egalement critique était sa croyance que l’Angleterre constituait le modèle de tout développement capitaliste ultérieur et que c’était ce type particulier de développement qui produisait la nécessaire présupposition pour le socialisme. Ces conditions et hypothèses donnèrent l’essor à la surestimation marxiste de l’Etat comme instrument décisif de la révolution socialiste, tout comme à l’identification mythique du développement capitaliste avec la révolution socialiste.

A cause de ces caractéristiques, il fut possible pour Lénine d’adapter et de transférer le marxisme, dans une nouvelle forme, en Russie et en Asie, et de changer le socialisme marxien, théorie révolutionnaire, en une simple idéologie, qui pouvait être utilisée pour un grand nombre d’objectifs différents, et qui fut employée ainsi dans la révolution russe et dans le reste du monde. Mais la simple transformation du capitalisme privé compétitif en un monopole sur les moyens de production et le contrôle social ne conduisit pas à l’auto-détermination des travailleurs, et il n’était plus dès lors, quoi qu’il ait pu être d’autre, un objectif révolutionnaire.

Ce qu’il y avait de nouveau dans ces thèses, c’était leur ton. A part cela elles étaient simplement un résumé de la préoccupation critique que Korsch tout au long de sa vie eut pour le marxisme et sa relation avec la révolution ouvrière, et une conséquence de sa conviction que le marxisme lui même ne devait pas être compris comme plus qu’un stade particulier du développement historique. Comme il avait tracé sa voie des théories de Marx jusqu’à la révolution russe, maintenant il traçait son chemin de retour, revenant du léninisme vers le marxisme, et il trouva le premier déjà contenu dans le dernier. Cette découverte, toutefois, requérait l’application intermédiaire concrète du marxisme à la réalité sociale. La dégénération bourgeoise du marxisme en Russie, comme Korsch l’avait souligné en 1938, « n’était pas essentiellement différente de l’aboutissement de la série de transformations idéologiques... qui advinrent aux nombreux courants du soi-disant marxisme occidental. Moins que jamais auparavant le marxisme aujourd’hui ne servait comme arme théorique dans une lutte indépendante du prolétariat, par le prolétariat, pour le prolétariat ».[16] Mais maintenant il trouvait les graines de toutes ces transformations déjà encastrées dans le marxisme, conditionné par son temps, de Marx lui même.

Ce qui dans la théorie et la pratique marxienne apparaissait comme anti-bourgeois à un stade du développement capitaliste devenait assimilable au mode de production capitaliste à un autre stade. Ce qui semblait être la route du socialisme menait à un nouveau type de capitalisme. Ainsi la critique de l’orthodoxie marxienne par Korsch, particulièrement de sa version léniniste, devint en fin de compte une critique du marxisme lui-même et donc aussi, bien sûr, auto-critique. Cependant, elle n’était pas, disait-il, « dirigée contre ce qui peut être appelé dans un sens très détaillé le marxisme, qui est le mouvement révolutionnaire indépendant de la classe ouvrière internationale ». Elle était dirigée contre l’insuffisance du marxisme, dans tous ses divers stades, à servir ce mouvement d’une manière dénuée d’ambiguïtés.

Un grand nombre d’ébauches fragmentaires pour des articles, aussi bien que des esquisses pour des livres envisagés, attestent du désir continu de Korsch d’avancer de la critique du marxisme à une compréhension des exigences théoriques et pratiques du socialisme, sous les conditions actuelles et leurs tendances discernables. Car il était encore convaincu que, comme le capitalisme d’autrefois, le capitalisme dans sa forme moderne monopolistique avait également ses limitations historiques. Si cela n’était désormais plus possible dans le vieux système de références marxiste, la nouvelle théorie et pratique serait néanmoins une sorte de marxisme du vingtième siècle, bien qu’il ne puisse être appelé par ce nom. Pour servir cette fin, Korsch n’essaya pas seulement de regarder vers l’avant, mais il ré-examina aussi ces théories et mouvements du passé qui s’étaient opposés au marxisme non pas parce qu’il était socialiste mais parce qu’il n’apparaissait pas assez socialiste, en incorporant en lui même des aspects d’une nature capitaliste et des aspects d’un développement capitaliste - comme la centralisation gouvernementale de la prise de décision - qui gênerait l’auto-détermination de la classe ouvrière.

Korsch réalisa aussi que les soi-disant pays sous-développés employaient, sous une forme ou une autre, l’idéologie marxienne pour des fins immédiates qui ne correspondaient pas avec le concept de socialisme comme émancipation du prolétariat industriel et abolition des relations sociales de classes. Mais ces transformations étaient réelles et devaient être reliées au processus général de changement social maintenant en route à une échelle mondiale. Décrire ce processus en termes marxiens c’était mal le comprendre, d’ailleurs il n’était pas non plus possible d’ignorer ce processus de transformation concrète en adhérant à un marxisme qui ne s’ajustait pas à la situation réelle.

Il est difficile de savoir si l’état fragmentaire des nombreuses tentatives de Korsch pour traiter avec le monde présent et ses potentialités révolutionnaires, ou contre-révolutionnaires, était dû aux difficultés inhérentes à la matière du sujet lui-même ou s’il était lié à la perte progressive de ses propres capacités - le résultat d’une maladie qui le détruisait lentement. Sa dernière tentative cohérente de formuler ses nouvelles idées porte un titre significatif, Le temps des abolitions. Elle enquête sur les possibilités et les exigences de l’abolition escomptée du mode de production capitaliste, du capital, du travail lui même et de l’Etat. Elle essaie de séparer les éléments réalistes de ceux qui sont utopiques dans la pensée de Marx sur ces questions, et d’aller un pas plus loin que Marx dans la considération d’un futur socialiste.

Korsch mourut à Cambridge, dans le Massachusetts, en 1961.

NOTES

[1] G. Lichtheim, Marxism : An Historical and Critical Study (Londres, 1961), p. 394.
[2] L. Kolakowsld. Der Mensch ohne Alternative (Munïch, 1961) p. 23.
[3] K. Korsch, ’Sozialisierung und Arbeiterbewegung’, in Freies Deutschland, Hanovre, 1919.
[4] K. Korsch, Was ist Sozialisierung ? Sorialistische Schriftenreeihe, Heft 1, Hanovre, 1919.
[5] K. Korsch, Quintessence des Marxismus (Berlin-Leipzig, 1922) ; Kernpunkte der Materialistischen Geschichtsauffassung (Berlin, 1922) ; Marxismus und Philosophie, Archiv fur die Geschichte des Sozialismus und der Arbeiterbewegung (Leipzig, 1923), etc.
[6] Collectés dans la seconde édition élargie de Marxismus und Philosophie (Leipzig, 1930).
[7] Ibid. p. 89.
[8] K. Korsch, Der Weg der Komintem (Berlin, 1926).
[9] K. Korsch, Die Materialistische Geschichtsauffassung : Eine Auseinandersetsuns mil Karl Kautsky (Leipzig, 1929).
[10] Das Kapital. Mit Vorrede und Anmerkungen von Karl Korsch (Berlin, 1932).
[11] Brecht se réferait à Korsch et à Fritz Stemberg comme ses professeurs marxistes. Mais leur enseignement était évidemment perdus par l’élève qui demeura un stalinien avec des inclinaisons bourgeoises jusqu’à sa mort. Toutefois, il y eut quelques résultats de la « collaboration » Korsch-Brecht, par exemple, la tentative de Brecht (dans un goût plutôt discutable) de moderniser et ré-écrire Le manifeste communiste sous une forme hexamétrique, voir : W. Rash, « Bertold Brecht’s Marxistischer Lehrer », Merkur, Octobre 1963 ; Sinn und Form, No. 2/3, 1963.
[12] Publié à Londres en 1938 et ré-édité à New York, 1963. Une version allemande est à paraître prochainement sous les hospices de l’Institut pour l’Histoire Sociale, Amsterdam.
[13] Living Marxism et, plus tard, New Essays, tout deux publiés à Chicago de 1934 à 1943. Une sélection des articles de Korsch tirés de ces périodiques sera publiée par l’Institut pour l’Histoire Sociale d’Amsterdam et une autre selection par Feltrinelli, Milan. Voir aussi K. Korsch, “The New Program of the American Workers Party", Council Correspondence (Chicago), Janvier 1935.
[14] Living Marxism, Vol. V, No. 3, p. 47.
[15] Publié en 1959 dans Arguments (Paris), No. 16.
[16] K. Korsch. "The Marxist Ideology in Russia", Living Marxism, Vol IV, No. 2, p. 50 ; "Marx’s Stellung in der Europaeischen Revolution von 1848", Die Schule, No. 5, 1948.
[17] K. Korsch, "Marxism and the Present Task of the Proletarian Class Struggle", Living Marxism, Vol. IV, No. 4, p. ll9.