2, Lettres de Maxime

Parmi les lettres de Maxime reçues au sanatorium, en 1957, je retrouve ceci :

Le 26. 6 57

Mon cher Van, Je n’ai pu mettre la main sur les documents demandés par toi, ma collection des Problèmes du Communisme n’étant pas complète. Mais je vais essayer de les trouver ailleurs et de te les remettre personnellement quand nous nous rencontrerons. J’espère que tu pourras passer un dimanche avec nous, toi et ton fils. Nous aurons ainsi l’occasion de causer. Ta position est aussi la mienne, mais la question est de savoir si nos postulats en principe pourront jamais être ceux du « prolétariat » des pays arriérés, alors que, comme nous voyons, même les ouvriers d’Occident ont des attitudes « bourgeoises ». Cousin [Serge Bricianer) ne dit pas, il me semble, que la « nécessité » du capitalisme est un « devoir » (moral), mais un fait historique, et les faits semblent lui donner raison. Ce ne sont pas seulement les Mao, Kroutchev, etc. qui se conduisent comme les maîtres du Capital, ce sont aussi les travailleurs qui acceptent de se livrer au Capital d’État et de « construire » le « socialisme » ou du moins les « bases » de celui-ci...

Et en automne, à la veille de ma sortie du sanatorium, ce mot :

Mon cher Van, es-tu encore à Cambo ? J’ai passé quelques semaines au bord du lac Léman en compagnie de Mania et de ma fille. Jean [Malaquais) était notre voisin. J’ai eu le loisir de faire un peu de lecture (Feuerbach, Kierkegaard, etc.). Aujourd’hui, la veille de notre retour, la presse annonce la belle réussite de la science… « socialiste », la fusée intercontinentale I La révolution est morte... c’est-à-dire la fin de l’histoire ?...

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De retour à Paris, un matin une image de la Madona col Figlio de Bernardino Luini (1490-1532), m’apporta le message :

Milan 24.1.58
Bonjour mon cher Van, je t’envoie mon bon souvenir d’Italie. J’espère que tu te portes bien. Nous nous verrons, je pense, la semaine prochaine. Je rentre demain à Paris. Bonjour à Da [fils de Van].
Ton Maxime