Un volume réédité dernièrement à Barcelone1 réunit vingt-neuf articles de
journaux et trois articles d’encyclopédie écrits par Marx et Engels entre 1854 et .1856,
en 1858, 18611 et 1873. Manuel Sacristân a lui-même traduit, annoté et présenté le
tout avec simplicité, mais aussi avec précision et scrupule.
Sauf erreur, seuls quelques éléments de cet ensemble avaient déjà été
groupés en espagnol, dans les années 1920, par le socialiste Andrés Nin 22 ; la totalité
avait paru un peu plus tard dans une autre traduction à la faveur d’une édition
communiste de La Havane, contemporaine du milieu de la deuxième guerre mondiale
et par suite très peu diffusée en Europe. La version publiée — sans date -à Moscou : si
elle a pénétré en Espagne après la deuxième guerre mondiale, n’y a jamais été
répandue. Elle est d’ailleurs desservie, par la lourdeur et par une gaucherie qui va
jusqu’à l’incorrection, sans parler de certaines inexactitudes3’.
Sans doute serait-il
intéressant pour l’histoire de la pensée hispanique de comparer de plus près ces trois
éditions successives et le texte anglais ou allemand original. Il serait important aussi,
croyons-nous, de savoir par qui et comment les milieux < socialisants » d’Espagne, au
XIX° siècle, ont pu être touchés par certaines des idées que Marx développe dans ses
articles, en référence précise et contemporaine à des événements ou à des faits
sociaux espagnols. Car ces textes, dont la plupart sont bien antérieurs à la scission de
1872 et à l’antagonisme Marx et Engels - Bakounine qui l’a précédée, ont pu être
connus au moins de quelques Espagnols vers cette époque ; les idées qu’ils renferment
concernant leur pays et son histoire, des Rois Catholiques au milieu du XIX° siècle, ont
pu dès lors aussi se répandre, grâce à eux, sous une forme ou sous une autre.
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