Chronologie de ma Premère Internationale
1865

Janvier

M. présente au C.C. une traduction allemande de l’Adresse inaugurale et des Statuts de l’ A.1.T, et affirme que 50 000 exemplaires en ont été diffusés cri Allemagne. Il reprend ensuite la discussion sur l’Adresse de Fox et démontre < dans un aperçu historique fort pertinent que la politique étrangère traditionnelle de la .France n’a pas été favorable à la restauration et à l’indépendance de la Pologne. Le Dr. Marx illustre son exposé par d’importants faits historiques qu’il serait très utile de rendre publics >. Il est. décidé de modifier l’Adresse " afin qu’elle concorde avec la vérité historique " . (Procès verbaux, 31 janv.)

M. écrit à J.B. von Schweitzer, fondateur du Social Demokrat, organe de l’A.D.A.V., pour protester contre la publication d’une correspondance parisienne (13 janv.), dans laquelle l’auteur, Moses Hess, reproche au C.C. ses liaisons avec Tolain, qui a des fréquentations avec le prince Napoléon. Dans sa réponse, Schweitzer explique qu’il n’y avait trouvé rien de blessant pour M. et qu’il avait demandé l’avis de Liebknecht avant d’insérer l’article de Hess (18 janv.). Fâché contre Liebknecht, mais non contre Schweitzer, M, envoie à ce dernier un article nécrologique sur Proudhon. L’article paraîtra dans le Social Demokrat des 1°`, 3 et 5 févr. (M.à E ;, 24 janv.)

Sur la proposition de M., le C.C. décide de retenir les 500 cartes de membre destinées à la section parisienne, jusqu’à plus ample information. Il déclare que, pour des raisons de légalité formelle, l’A.D.A.V. ne peut s’affilier à l’A.I.T. et que celle ci peut disposer des colonnes du Social Demokrat. (Procès verbaux du C.C.24 janv.)

Lecture, au C.C. (3l janv.), de la réponse, transmise par l’ambassadeur américain Ch. F. Mains, à l’Adresse du C.C. à Abraham Lincoln. II y est dit que " les États Luis considèrent leur cause, dans l’actuel conflit contre les esclavagistes insurgés, comme la cause de l’humanité et que le témoignage des travailleurs d’Europe constitue pour les États Uni., un nouvel encouragement à persévérer dans cette lutte. " C’est jusqu’ici la seule réponse du vieil homme qui soit plus que purement formelle ". Sur la présence au C.C. du 31 janv. d’un délégué d’une société littéraire d’aristocrates polonais : " Ils proclament solennellement qu’ils sont démocrates et puisque l’aristocratie a beaucoup diminué en nombre, elle serait folle de ne pas comprendre qu’une restauration de la Pologne sans un soulèvement des paysans est impossible. Qu’ils pensent ou non ce qu’ils disent, ces gens n’ont pas oublié tout à fait la leçon de ces derniers temps > . Sur une invitation adressée au C.C. de participer à un meeting organisé par un comité, sous la présidence de Richard Cobden, en faveur du suffrage universel : " Devons nous leur accorder notre appui ? Pour eux, il est décisif, et ils en ont besoin tout autant que dans l’affaire américaine [allusion aux manifestations d’ouvriers anglais contre la menace d’une guerre anglo américaine en 1862, M.R.). Sans les trade unions, il n’est pas possible d’organiser un meeting de masse, et sans nous les trade unions ne marcheront pas. C’est pourquoi ces messieurs font appel à nous [ ...] Sur ma proposition, il a été décidé 1° d’envoyer une délégation simplement a en observation " ; 2° de participer à leur action à condition que premièrement leur programme proclame directement et publiquement le suffrage universel ; deuxièmement, que des hommes choisis par nous fassent partie du comité définitif pour pouvoir observer ces gens et être en mesure de les compromettre, au cas où ils trahiraient, comme c’est leur intention, quoi qu’il arrive ". (M. à E., 1° févr.)

Février

M, participe aux préparatifs d’un meeting organisé en commun par des réfugiés polonais et l’A.I.T". pour commémorer le soulèvement polonais de 1863.
M. adresse un sévère avertissement à Liebknecht et menace de rompre avec le Social Demokrat qui vient de, publier un nouvel article du " plonploniste " Hess accusant le C.C. de plonplonisme ; ". M. propose à E., de publier une déclaration commune pour mettre au pilori à la fois " Bonaparte Plonplon et Bismarck, ennemis de la classe ouvrière. (M. à E., 3 fevr) Quelques jours plus tard, il. envoie à E. le brouillon d’une déclaration dans laquelle on lit : Le prolétariat parisien s’oppose résolument, avant comme après, au bonapartisme dans ses deux formes, celle des Tuileries( Napoléon III) et celle. du Palais Royal (Plonplon), et il n’a pas songé un instant à vendre, pour un plat de lentilles, le droit d’aînesse qu’il tient de l’histoire en tant que pionnier de la révolution. C’est là un exemple que nous recommandons aux ouvriers allemands. " (6 févr.)

Schily informe M, que Tolain, tout en rejetant l’accusation de plonplonisme, serait disposé à se retirer. Au C.C., M. propose Lefort comme correspondant attitré de l’A.I.T. auprès de la presse française. (Procès ventaux, (C.C., 7 févr.) .

Tout en s’excusant de son long silence, Bakounine informe M. des difficultés que son action pour l’A.I.T. rencontre en Italie.

Hess s’étant déclaré prêt à retirer ses accusations, la déclaration de M. ne sera pas publiée. Schweitzer informe M. de cette décision et annonce son intention de ne plus militer pour l’adhésion de l’ A.D.A.V. à l’A.I.T.

Liebknecht étant seul responsable des informations publiées dans le Social Demokrat sur 1"Internationale M. répond à Schweitzer que lui et E., ne sauraient approuver la politique, du journal favorable à Bismarck ni le culte qu’il porte à Lassalle. Il expose à Schweitzer ses vues sur le droit de coalition et les trade unions comme "moyens d’organiser la classe ouvrière dans sa lutte contre la bourgeoisie" il rappelle les illusions que Lassalle se faisait sur les mesures " socialistes >, réalisées par le gouvernement prussien : " La classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est rien > . (M. à E. 13 et 18 fév.) " Aussi longtemps que la calamité lassallienne aura le dessus en Allemagne, l’ Association Internationale ne pourra y prendre pied. " (13 févr.)

Devant le C.C., M. parle du mouvement pour la réforme électorale, signale la création d’une section de l’A.I.T. à Manchester et fait état des débuts de l’Internationale en Suisse. (C.C., 14 févr.)

M. s’oppose à la nomination d’Edm. Beales, président de la Reform League, comme membre du C.C. Sur sa proposition, Schily est invité à collaborer avec Le Lubez. envoyé à Paris pour arbitrer le différend qui oppose Lefort à Tolain et Fribourg (C.C.,21 févr.). II. envoie des instructions privées à Schily pour régler ce différend : r< Nous aurions pu vendre 20 000 cartes à Paris, mais comme une partie accusait l’autre de tramer avec Plonplon, il fallait d’abord suspendre la distribution des caries. Sous ce despotisme militaire, il règne naturellement la plus grande suspicion mutuelle (...) M. quoi s’ajoute que les ouvriers s’acharnent apparemment à exclure tous les intellectuels, ce qui est absurde, car ils en ont besoin dans la presse ; mais cela se comprend, vu la trahison permanente des intellectuels (...) Ainsi, il y a à Paris d’un côté Lefort (intellectuel et, qui plus est, fortuné, donc un bourgeois , mais dont la réputation est immaculée, et, pour ce qui est de la belle France, le fondateur véritable de notre société et de I’autre côte. Tolain, Fribourg, Limousin,etc. qui sont des ouvriers. " (M. à E. 25 févr.). A propos d’un autre meeting .en !’honneur de la Pologne, jugé inopportun par certains parlementaires anglais : " Je leur ai répondu par l’intermédiaire du C.C. que la classe ouvrière ; avait sa propre politique étrangère, qui se soucie fort peu de ce que la bourgeoisie juge opportun. ( ...) en fait, le principal but du meeting est de procurer des secours d’argent. Tant il est il que les pauvres émigrés ( cette fois, il s’agit surtout d"ouvriers et de paysans, nullement protégés du prince Zamoyski et Cie) meurent de faim, parce qu’en ce moment les bourgeois anglais jugent inopportun de mentionner jusqu’au nom de la Pologne (Ibid.).

M. fournit à Kugelmann des explications détaillées sur ses rapports avec Lassalle et avec Schweitzer et sur les raisons qui l’empêchent d’intervenir en Prusse : " Je préfère cent fois mon action ici par le canal de l’Internationale. L’influence sur le prolétariat anglais est directe et de suprême importance. (...) dans l’ensemble, les progrès de cette Association dépassent toutes nos attentes ici, à Paris, en Belgique, en Suisse et en Italie. En Allemagne toutefois nous nous heurtons, naturellement aux successeurs de Lassalle qui (...) connaissent mon opposition à ce que les Allemands appellent " politique réaliste ". (C’est cette sorte de "réalité" qui place l’Allemagne si loin derrière touts les pays civilisés) " . Marx instruit Kugelman sur les possibilités de recruter en Allemagne des adhérents pour l’A.I.T. el lui demande d’adhérer lui-même. (M. à K., 23 fevr.) M. est informé par Schily de l’opposition que Lefort rencontre dans les sections parisiennes et même chez Le Lubez. En présence de Fribourg, et de Tolain, venus de Paris, le C.C. engage, avec la participation de M., une discussion sur cette question qui est transmise au sous comité, M.. annonce sa rupture avec le Social Demokrat. (C.C., 28 févr.)

Mars

M. participe très activement à la constitution de la nouvelle, Reform League dont le comité directeur se compose en majorité de membres du C.C. A cet effet, il est en contact fréquent avec le leader chartiste Ernest Jones (CHR P. 241)

M. assiste au meeting commémoratif du soulèvement polonais (1° mars). Le, meeting adopte une résolution de l’A.I.T. (manifestement inspirée par M.) proclamant qu’une Pologne intégrale et indépendante est la condition indispensable d’une Europe démocratique et aussi longtemps que cette condition restera lettre morte, tous les triomphes révolutionnaires sur ce continent ne seront que des préludes éphémère, à de longues périodes de domination de la contre révolution ".

Sur le conflit parisien : " Les affaires françaises sont très embrouillées. [...] II y a rivalité entre nos agents ouvriers de la première heure et ces Messieurs sociaux et politiques, (...) pour savoir qui aura des rapports avec nous.. Les ouvriers français, surtout ceux de Paris (...) considèrent pratiquement le Conseil de Londres comme un gouvernement "extérieur" des ouvriers. " (M. à E. 4 mars.)

M. participe aux discussions du sous comité et du C.C. sur la situation dans les sections parisiennes. Le C.C. adopte plusieurs résolutions : 1° Tolain est libre de maintenir sa démission et le bureau parisien jugera de l’opportunité de cette démission ; 2° La nomination de Lefort est annulée, mais le C.C. "exprime au citoyen Lefort sa haute estime, particulièrement comme un des initiateurs de l’A.I.T. " ; il proteste en outre contre le principe que seuls les ouvriers peuvent. exercer des fonctions dans l’Association : 3° Les deux parties sont exhortées à s’entendre ; 4° Le C.C. décide de coopter Pierre Vinçard ; 5° Schily est nommé délégué du C.C. auprès dit bureau parisien. Cette séance du 7 mars, où Le Lubez fut complètement blackboulé, a été très pénible et orageuse ; elle a donné l’impression, particulièrement en Angleterre. que les Français ont vraiment besoin d’un Bonaparte ! " (M. à E.. 13 mars.)

Plusieurs membres français du C.C. protestent contre l’annulation de la nomination de Lefort. M. appuie la proposition tendant à exhorter Lefort à revenir sur sa décision de quitter l’A.I.T. et à militer pour la formation de nouvelles sections en France. (C.C. 1,1 mars.)
Liebknecht à Engels : " Si Marx pouvait venir ne serait ce que quelques jours il Bertin, ou s’il voulait écrire une courte brochure populaire sur la position de notre parti, nous serions les maîtres absolus du mouvement. " (29 mars.)

M. se rend chez ses cousins en Hollande (19 mars 9 avril).John Weston propose. en son absence, que le C.C. discute deux thèses sur les syndicats : 1° des salaires meilleurs ne peuvent améliorer le sort des ouvriers ; 2° les trade unions ont généralement une influence néfaste sur l’économie. (4 avr.) Pendant l’absence de M., l’éditeur Meissner lui envoie un contrat d’auteur par lequel M. s’engage à livrer son Economie (deux volumes d’env. 800 pages) à la fin de mai, dernier délai (!).

M. est nommé secrétaire provisoire pour la Belgique. II propose Dupont comme secrétaire pour la France. (C.C., 11 avril). " Le Lubez et Denoual ont démissionné. (...) Par suite des intrigues de Le Lubez et surtout du major Wolff, instrument de Mazzini, les délégués Lama et Fontana ont quitté le C.C. Prétexte : II faut que Lefort [...] garde son poste de mandataire près la presse parisienne. Le club des ouvriers italiens n’a pas quitté la société, mais il n’a plus de représentant au C.C. En attendant, je tenterai une riposte contre Mazzini par l’intermédiaire de Bakounine, qui est à Florence. L’Union des cordonniers anglais 5 000 membres a adhéré à notre société. > M. à E. 11 avr.)

M. réclame à Fontaine (Bruxelles) un rapport sur la situation de l’A.I.T., en Belgique. 0,11 il ’F., 15 avr.)

A la demande de Liebknecht et de l’Union des imprimeurs de Berlin, M. entreprend une action pour venir en aide aux typos en grève à Leipzig. Le C.C. le délègue, avec Fox et Grenier, pour intervenir auprès du syndicat londonien des typos. M. envoie à Liebknecht 30 thalers. (15 avr. 1" mai, CHR., p. 243.)

Sur la proposition de M., Karl Schapper, ancien membre de la Ligue des Communistes, est coopté par le C.C. (25 avril et 2 mai). M. appuie la nomination, proposée par H. Jung de F. Dupleix, Falconnet et J. Ph. Becker comme membres correspondants de l’A.I.T. eu Suisse.

M. demande à Liebknecht d’obtenir des adhésions individuelles à l’ A.I.T. (Env. 26 avr., CHR., p. 24.3.)

M. à .E. : " Tu me pardonneras de t’écrire seulement aujourd’hui. [...) Je suis vraiment surchargé de besogne, l’achèvement de mon livre d’une part, l’A.I.T. d’autre part, me prennent presque tout mon temps. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la petite Jenny, et ce soir je recevrai chez moi Ernest Jones en compagnie d’Odger, Lessner, Fox et Jung, de sorte que l’anniversaire sera fêté publiquement (...) Le grand succès de l’A.I.T., le voici : La Reform League est notre oeuvre. Tous les ouvriers dans le comité restreint des 12 (6 bourgeois et 6 ouvriers) sont des membres de notre Conseil (parmi eux Eccarius). Nous avons déjoué toutes les tentatives des bourgeois pour tromper la classe ouvrière. Le mouvement dans les provinces dépend cette fois entièrement de l’initiative de Londres [...] Si nous réussissons cette opération de résurrection du mouvement politique de la classe ouvrière anglaise, notre Association, sans avoir fait beaucoup de bruit, aura plus fait pour la classe ouvrière européenne qu’il n"eût été possible de le faire par d’autres moyens. Tu sais que ce n’est pas la section italienne, mais ses délégués qui ont quitté le C.C. A leur place, nous y avons des Espagnols. Une nation latine en remplace une autre. Si ces gens ne désignent pas bientôt de nouveaux délégués, ainsi que nous le leur avons demandé, Bakounine devra nous procurer quelques Italiens à vie. " (1°` mai.)

Au C.C.. Weston fait un exposé sur la question des salaires et des grèves, M. un rapport sur la situation à Paris, Cremer sur l’assassinat de Lincoln. (2 mai.)

M. demande à E. de participer à l’achat des actions du Beehive, organe des trade unions : " Si nous sommes assez forts [ ...] pour choisir les directeurs, ce gredin de Potter (il n’est que manager) sera dans nos mains. L’affaire est très importante pour tout le mouvement. " II prie E. de former à Manchester une section de l’A.1.T. et de s’en faire élire comme correspondant pour Londres. Les correspondants sont en effet automatiquement. membres du C.C., et ils y siègent et votent, quand ils sont à Londres. " (9 Mai.)

M. donne lecture de l’Adresse qu’il a été chargé de rédiger pour flétrir I’assassinat de Lincoln. " Après une guerre terrible (...). votre tâche est d’extirper par la loi ce que l’épée a abattu, de veiller à l’oeuvre ardue de la reconstruction politique et de la régénération sociale. Le sentiment profond de votre grande mission vous préservera de toute compromission face à vos lourds devoirs. Vous n’oublierez jamais que, pour ouvrir la nouvelle ère de l’émancipation du travail, le peuple américain a confié les responsabilités du gouvernement à deux hommes appartenant à la classe ouvrière, Abraham Lincoln et Andrew Johnson. " (9 Mai.)

Aux réunions du sous comité et du C.C., M, prend part à la discussion sur la réadmission de Le Lubez au (C.C. (6 9 mai.)

E. informe M. qu’il lui sera impossible de réunir à Manchester le nombre (6) d’individus nécessaire pour former une section de l’A.I.T. En outre, le rôle de correspondant lui imposerait des charges qu’il ne pourrait remplir. " Et à quoi bon ? De toute façon, je ne pourrais pas te soulager. " Il envoie à M. 5 £ pour 20 actions du Beehive. (13 mai.)

M. informe le C.C. qu’il a envoyé à la New York Tribune un exemplaire de l’Adresse à Johnson. (C.C., 16 mai.)
Au C.C., M. polémique contre les thèses anti syndicalistes de Weston (20 et 27 mai). " Il n’est pas facile d’analyser devant des ignorants tous les problèmes économiques qui surgissent à ce propos. On ne peut pas comprimer dans une heure un cours d’économie politique, mais je ferai de mon mieux. > (M. à E., 20 mai.)

M. demande au C.C. de tendre ses efforts pour faire du Congrès de l’A.I.T. à Bruxelles une réussite. (C.C., 30 mai.)

Juin

M. annonce au C.C. son intention de faire un exposé sur thèses soutenues par Weston relatives aux grèves et aux salaires. (6 juin.)

M. donne lecture de son travail sur le thème " Salaire, .prix et plus value " (C.C., 20 et 27 juin). Sur sa proposition, quatre Français (Talbot, de Caen ; F. Duhamel, de Lisieux Ferrat, de Pantin ; Bose, de St. Denis) sont nommés secrétaires correspondants du C.C. (20 juin.)

Malgré la résistance de Schily, de J. Ph. Becker et du comité parisien, M. obtient l’accord du C.C. pour ajourner le Congrès de l’A.I.T. prévu pour 1865 : " J’ai pourtant réussi et c’est décisif, à gagner le Conseil d’ici pour que cette année, vu la campagne électorale, une conférence (privée) provisoire se tienne a Londres ; les conseils centraux de l’étranger pourront y envoyer un délégué par pays [...) Je suis certain que le Congrès de Bruxelles eût été un fiasco. " (M. à E., 24 juin.)

" L’A.I.T. progresse très bien, malgré l’" énorme (!) concours" qu’elle reçoit de l’Allemagne. i(M. à Liebknecht,24 juin.)

Juillet

M. informe les sections belges de la convocation de Ia Conférence de l’A.I.T. à Londres. (M. à Fontaine, 25 juillet)

Malade, sans ressources et accablé .de dettes, M. décide de s’absenter, sous prétexte d’un voyage, pendant quelque des réunions du C.C., " afin d’avoir au moins une fois quinze jours jours de liberté et de tranquillité pour faire avancer le travail ", dont il lui reste encore trois chapitres à écrire ""pour en finir avec la partie théorique (les trois premiers livres)". (M. à E., 31 juil.).

Il informe E. des difficultés rencontrées dans l’achat actions du Beehive, des contacts pris avec le journal Miner and Workman’s Advocate et des raisons données officielle par le C.C. à l’ajournement du Congrès de l’A.I.T. nécessité d’une entente préalable entre les comités. exécutifs ; obstacles rencontrés dans la propagande à la suite des grèves en France ; du mouvement pour la réforme électorale ; des expositions industrielles en Angleterre ; promulgation en Belgique d’une loi des étrangers qui empêche la tenue à Bruxelles d’un Congrès de l’A.I.T. (Ibid.).

Août

M. fait part à E. de ses griefs contre Liebknecht qui, entre autres, " n’a pas réussi à former en Allemagne ne fût ce qu’une seule branche de six hommes pour l’A.I.T. " (M. à E., 5 août.)

M. réapparaît aux réunions du sous comité et du C.C. (22 et 28 août). " Les gaillards de l’Internationale ont fini par découvrir que je n’étais pas parti. ]’ai donc été sommé d’assister aujourd’hui à une réunion du sous comité. " (M. à E., 22 août.)

Septembre

M. demande à Liebknecht de participer (en qualité des délégué pour l’Allemagne) à la prochaine conférence londonienne de l’A.I.T. (M. à L., 11 sept.)
Au C.C., M. intervient dans la discussion sur la future Conférence de l’A.I.T. (C.C., 12 sept.)
Publication d’un " Appel du C.C. aux sociétés ouvrières y exhortant les trade unions, les sociétés de secours mutuel et autres sociétés ouvrières " à adhérer collectivement à l’A.I.T. Un seule condition : les membres doivent reconnaître les principes de l’Association et payer la somme de 5 sh. Au moment de l’adhésion ". L’appel est co signé par M., " secrétaire correspondant pour l’Allemagne".

Sur la proposition de M., le C.C. coopte l’émigré polonais K. Bobczynski, combattant de l’insurrection de 1863. M. annonce qu’il n’y aura pas de délégué d’Allemagne. à la Conférence de Londres, mais qu’un rapport lui parviendra de ce pays ; qu’il a invité Ernest Jones à prendre .la .parole Iors de la commémoration du 28 septembre. A l’occasion de la réorganisation du Comité permanent, M. en est élu membre. aux côtés de Odger, Eccarius, Dupont, Jung, Dell, Howell, Fox, Weston et Bobczynski. (C.C., 19 sept.)
M. presse Liebknecht de lui envoyer un rapport sur l’Allemagne, destiné à la Conférence du 25 septembre. (20 sept.)

M. participe aux quatre réunions du comité permanent et aux trois séances de la première Conférence de l’A.I.T. à Londres. Il intervient dans les débats sur la question des cotisations et des moyens, pour l’A.I.T.., de se procurer des ressources ; sur la question de l’organe de l’A.I.T. (Workman’s Advocate.) ; sur le prochain Congrès, qui aura lieu à Genève, en 1866. Il donne lecture du rapport du Comité permanent. Lors de la discussion du programme du futur Congrès, M. et Fribourg proposent que soient ajoutées à l’ordre du jour les questions suivantes : le travail coopératif, la réduction des heures de travail, le travail des femmes et des enfants les impôts directs et indirects. Quant aux questions de l’influence des idées religieuses et l’organisation des secours mutuels, elles sont inscrites au programme du Congrès sur la proposition des délégués parisiens. (25 29 sept.)

Octobre

M, est chargé de rédiger le rapport sur la Conférence de Londres. (C.C., 3 oct.)
Sur la proposition de Bobczynski et de M., l’ex colonel polonais Louis Oborski, combattant de l’insurrection de 1830-31, est élu membre du C.C. (C.C., 3 et 10 oct.)
M. approuve le projet d’une commémoration, organisée conjointement par le C.C. et l’émigration polonaise de Londres, de la Révolution de 1830.

Novembre

Séjour de M. à Manchester, chez E. Pendant son absence, le C.C. discute la question de la célébration de l’insurrection polonaise ; d’un article, hostile à l’A.I.T., paru dans l’International Courier (branche française) ; de l’adhésion donnée à l’A.I.T. par l’historien Henri Martin. (14 nov.)

M. rend visite à Jung, malade, et discute avec lui des affaires de l’A.I.T. (19 nov.). Il lui communique le programme du futur Congrès, établi par la Conférence de Londres. (20 nov.)

Par suite de la publication, par les délégués français, d’un rapport sur la Conférence de Londres, M. est, à sa demande, déchargé par le C.C. de cette tâche (Cf. FIL, I, pp. 16 24). Il informe le C.C. des progrès de l’A.1.T. en Allemagne, où des sections sont sur le point d’être créées à Berlin, Mayence et Leipzig. Il propose que le Dr. P. Coullery de La Chaux de Fonds (canton de Neuchâtel), soit nommé correspondant de l’Association. (21 nov.)

M. à E. : " Les Parisiens ont publié un rapport sur la Conférence (de Londres) et en même temps le programme que nous avons établi pour le prochain Congrès. Ce programme a paru dans tous les journaux libéraux, quasi libéraux et républicains de Paris [...] Nos Parisiens sont un peu décontenancés du fait que c’est justement le paragraphe sur la Russie et la Pologne, auquel ils s’opposaient, qui fait surtout sensation [...]. La publication parisienne m’épargne la peine d’écrire un rapport français ". (20 nov.)

M. à Liebknecht : " Pour ce qui est de ton rapport, je ne pouvais pas le soumettre à la Conférence : tu m’y mets trop en vedette. [...] Je t’enverrai ces jours ci quelques numéros du Workman’s Advocate. Tu pourrais y écrire sur n’importe quel sujet, social ou politique. Jusqu’à présent, le journal est de bonne volonté, mais encore très médiocre. Naturellement, je n’avais pas et je n’ai pas encore le temps d’y collaborer, bien que j’en sois un des directeurs. A cause de mes affreuses rechutes continuelles, j’étais forcé d’interrompre le travail pour mon livre que je suis en train de terminer ; je dois maintenant lui consacrer tout mon temps, dont une partie est malgré tout absorbée par l’Internationale. (...) J’insiste très sérieusement pour que tu adhères à l’Association avec quelques hommes, peu en importe le nombre (je ferai la même chose à Mayence, par Stumpf, et j’écrirai aux Berlinois à ce sujet). Je t’enverrai les cartes que j’ai déjà payées, si bien que tu peux les offrir gratuitement. Mais maintenant au travail ! [...] Je t’enverrai le programme (des questions à débattre par le Congrès) dans une prochaine lettre. Tous les journaux libéraux et républicains de Paris ont fait grand tapage autour de notre Association. Henri Martin, l’historien bien connu, lui a consacré un éditorial extrêmement enthousiaste ". (21 nov.)

En l’absence de Jung, correspondant pour la Suisse, M. rapporte que J. Ph. Becker a lancé un appel aux Allemands de Suisse pour se joindre à l’A.I.T. Un journal, rédigé en allemand et en français, sera probablement publié comme organe de l’Internationale. (C.C., 28 nov.)

Décembre

M. participe à une assemblée des actionnaires du Miner and Workman’s Advocate dont il est un des directeurs. (5 déc.) J. Ph. Becker invite M. à collaborer au Vorbote, dont la parution est prévue pour janvier 1866. (18 déc.) M. informe le C.C. de la fondation de sections à Bâle et à Zurich. Le poste de secrétaire général de l’A.I.T.. étant vacant, M. propose que les secrétaires continentaux soient habilités à imprimer leurs propres cartes d’adhérents, qui ne seraient pas numérotées. (C.C., 19 déc.)

Le Lubez ayant soumis au C.C. les premiers d’une série d’articles parus dans l’Echo de Verviers et dirigés contre la politique du C.C., M. prend la défense de ce dernier. (C.C., 26 déc.)

M. à E. : " Pour ce qui est de l’A.I.T. et tout ce qui s’y rattache, elle pèse sur moi comme un cauchemar, et je serais heureux si je pouvais m’en débarrasser. Mais ce n’est pas le moment. " Co directeur du Workman’s Advocate, il doit veiller à ce que ce journal ait une base solide ; en outre la Reform League vient de remporter un énorme succès au meeting ouvrier. " Si demain je me retirais, l’élément bourgeois qui nous regarde sans plaisir agir dans les coulisses [...] l’emporterait. ". Depuis le fiasco du mouvement ouvrier en Allemagne. les sections suisses de l’A.I.T. sont devenues un centre d’attraction pour les éléments ouvriers. En France, les progrès de l’Internationale sont sensibles. " Dans ces circonstances, si je démissionnais, je ferais le plus grand tort à la cause ; et pourtant, vu le peu de temps dont je dispose, ce n’est pas facile pour moi : près de trois meetings par semaine dans le Westend ou la City, tantôt réunion du Conseil international, tantôt celle du Comité permanent, puis celle des directeurs ou actionnaires du Workman’s Advocate ! En outre, il faut gribouiller sans cesse ! " (M. à E., 26 déc.)